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La restauration des cours d'eau

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 11 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 25/09/2017
    • de DAELE Matthieu
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    Je découvre que les services de la DGO3 ont confié à un bureau externe l’étude d’un projet de restauration de cours d’eau à Waremme, également appelé reméandration, car les projets consistent souvent à rendre leurs lits d’origine aux cours d’eau déviés par l’homme pour diverses raisons.
    Restaurer un cours d’eau semble être un bon moyen d’améliorer la biodiversité et la qualité de l’eau, mais également d’éviter des problèmes d’inondation, car c’est bien connu : même si on l’en dévie, un cours d’eau retrouve toujours son lit ! La reméandration du Geer à Waremme (village de Grand-Axhe) est un exemple d’opération réalisée en ce sens. 
     
    Si l’initiative peut être saluée, elle soulève également diverses questions.

    1° Selon certaines recherches en la matière, l’opportunité écologique d’une opération de restauration est proportionnelle à l’écart entre le lit actuel du cours d’eau, et son lit d’origine. Ne faudrait-il pas identifier et évaluer au niveau wallon les sites qui recèlent les meilleures opportunités de restauration, avant de commander les études d’analyse et de mise en œuvre ? Il me semble qu’une cohérence devrait être apportée en la matière.

    2° Selon les mêmes recherches, des objectifs écologiques devraient être établis préalablement à l’analyse de faisabilité. En effet, en fonction des situations, on peut rencontrer des objectifs ambitieux avec des aménagements limités. Déployer plus de moyens pour atteindre une qualité voulue peut donc se révéler inutile. Ne pensez-vous pas, avant de réaliser des analyses de faisabilité ponctuelles, qu’il serait utile d’édicter des objectifs spécifiques aux différents contrats de rivière et de répartir les moyens régionaux selon ceux-ci ?

    Je suis également surpris du développement d’un projet de ce type sur un terrain privé : ce type de projet constitue-t-il une raison d’utilité publique suffisante permettant l’expropriation des riverains ?

    Dans la même optique d’adopter une approche globale et cohérente, ne conviendrait-il pas de réaliser un inventaire des sites disponibles pour envisager la restauration de cours d’eau et de privilégier les projets de restauration de cours d’eau jouxtant des terrains publics, ce qui diminuerait automatiquement le coût global de l’opération et permettrait d’en réaliser davantage ?
     
  • Réponse du 17/10/2017
    • de COLLIN René

    Dans le cadre de la mise en œuvre de la Directive-cadre sur l’Eau, l’évaluation de la qualité écologique des masses d’eau de surface est étudiée sur l’ensemble du territoire wallon. Les Plans de Gestion des Districts hydrographiques (PGDH) reprennent ces analyses et détaillent les priorités de gestion pour tous les cours d’eau wallons, en fonction de l’importance des pressions anthropiques que ceux-ci subissent. Précisément, la masse d’eau du Geer concernée à Waremme est en mauvais état écologique ; cette situation est due notamment à une qualité biologique mauvaise (qualifiée de médiocre) et de la qualité hydromorphologique (qualifiée de moyenne). L’atteinte du bon état écologique requis par la Commission européenne nécessitera d’améliorer les qualités physico-chimiques et hydromorphologiques de la masse d’eau, soutien de la qualité biologique.

    Les PGDH détaillent la liste des masses d’eau à restaurer de manière prioritaire en Wallonie et le type d’actions à réaliser pour y parvenir, dont les mesures de restauration hydromorphologique. Dans le cas particulier des reméandrations, la longueur minimale des tronçons à restaurer est également détaillée. Les contrats de rivière, comme tout citoyen, ont eu l’occasion de formuler des remarques sur ces mesures lors des enquêtes publiques auxquelles ont été soumis les PGDH 1 & 2.

    Quoique le Geer ne figure pas parmi la liste des masses d’eau prioritaires à restaurer du point de vue hydromorphologique pour 2021, les travaux de reméandration envisagés dans la traversée de Waremme s’avèrent pertinents. La restauration telle que projetée devrait apporter une amélioration significative de la biodiversité, localement mais aussi en amont et en aval du secteur concerné, la traversée urbaine se présentant notamment comme un frein à la propagation des espèces animales et végétales. La future atteinte du bon état écologique nécessite des interventions dans un délai rapide car la recolonisation des sites par la faune et la flore requiert un délai minimum de 6 ans.

    La délimitation précise des sites à restaurer au sein d’une masse d’eau prioritaire fait l’objet d’une analyse par le gestionnaire. Ces restaurations sont décidées en fonction des impératifs européens et des opportunités qui se présentent. Tel est bien le cas du Geer à Waremme, où l’objectif de restauration s’inscrit dans le cadre du projet de revitalisation urbaine du quartier du Rêwe, privilégiant notamment l’aménagement d’un espace vert public et d’un cheminement lent le long du Geer. Dans ce contexte, d’éventuelles acquisitions de terrains privés relèvent de la volonté de la Ville de Waremme et les coûts associés émargeront aux budgets propres au chantier de revitalisation urbaine et ne grèveront nullement celui d’une restauration hydromorphologique, au détriment d’autres objectifs similaires gérés par la Direction des Cours d’Eau non Navigables.

    A ce titre enfin, l’option retenue repose sur un scenario intermédiaire caractérisé par un méandre modéré, synonyme d’un rapport coût-efficacité optimisé.