à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
Chaque année, quelques semaines avant l’ouverture de la saison de la chasse, les chasseurs procèdent à des lâchers de milliers de faisans et de perdrix, venus d’élevages français et hollandais, afin de compenser le déficit de ces oiseaux dans notre Région. En 2016, il s’agissait de 113.385 faisans et 61.000 perdrix.
Cette pratique très ancienne est contestée par des défenseurs des oiseaux qui déplorent que ces animaux provenant d’élevages et élevés en captivité ne sont pas adaptés à l’environnement. De plus, du fait de leur acclimatation à l’homme, ils constituent des proies faciles. Par ailleurs, ils considèrent que ces lâchers massifs perturbent la biodiversité.
Le monde de la chasse n’est pas fermé au dialogue, il indique que par ces lâchers, il tente de compenser la pénurie de petit gibier dans les plaines. Il rappelle que seule une partie du gibier relâché est chassée et que la population restante permet de réaliser un important travail de restauration des biotopes.
L’ensemble des acteurs prône un retour à un équilibre des populations sans devoir passer par des lâchers annuels. Des pistes sont-elles explorées afin de parvenir à cet objectif ?
Combien de faisans et de perdrix ont-ils été relâchés en 2017 ?
Monsieur le Ministre dispose-t-il de données sur le pourcentage de petit gibier qui demeure à la clôture de la période de la chasse ?
On le sait, le petit gibier participe à la préservation de la biodiversité en plaine. Quelles sont les mesures déjà existantes afin de permettre sa préservation ? De nouvelles mesures ne pourraient-elles être envisagées, je pense notamment à des actions en coopération avec nos agriculteurs qui pourraient bénéficier de mesures de type MAE adaptées à la préservation de ces animaux ?
Si les lâchers demeurent actuellement nécessaires, ne serait-il pas possible de développer des élevages dans notre Région afin de limiter les risques d’importation de maladies ?
Réponse du 29/09/2017
de COLLIN René
Le défi à relever aujourd'hui est de concilier agriculture rentable et faune sauvage, en impliquant, en partenariat, tous les acteurs dont particulièrement les agriculteurs. Le défi n'est donc pas seulement cynégétique, puisque toutes les actions doivent avoir aussi des effets bénéfiques sur la biodiversité, sur le paysage, sur le tourisme rural, en aidant aussi l'agriculture à respecter les directives européennes comme la directive-cadre Eau, la gestion durable de l'azote, la réduction des pesticides, les contraintes Natura 2000.
Je salue le travail des conseils cynégétiques et certaines associations qui s’emploient à défendre les intérêts de la petite faune de plaine et qui font des efforts importants pour sensibiliser leurs membres à ces enjeux.
J’ajoute que les chasseurs mènent aussi des démarches concrètes de restauration des biotopes.
1. Compte tenu que les lâchers de petit gibier et de gibier d’eau ne sont pas soumis à autorisation, mes services ne disposent pas de données concernant le nombre total de faisans et de perdrix lâchés en Wallonie. Les chiffres cités proviennent vraisemblablement de l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) et concernent l’importation de ces oiseaux ;
2. Le taux des oiseaux lâchés restant après la saison de chasse dépend de nombreux facteurs : techniques de lâcher et qualité des oiseaux lâchés, gestion des prédateurs, limitation ou interdiction de la chasse sur tout le territoire sur lequel les oiseaux se disperseront et, bien sûr, la qualité du biotope ;
3. Il existe déjà toute une série de mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) qui favorisent justement la biodiversité en plaine et, plus spécialement, le maintien de la petite faune de plaine. Je pense en particulier à la MAEC 8, encourageant l’aménagement de bande pour la faune et à la MAEC 7, encourageant l’aménagement de parcelles aménagées dans le même but. Les outils existent et les différents acteurs – agriculteurs et chasseurs - doivent coopérer pour les mettre en œuvre avec l’aide des conseillers de Natagriwal ;
4. Il existe des élevages en Wallonie, mais certainement pas en nombre. Ce type d’élevage n’étant pas soumis à autorisation, il n’est pas possible d’en connaitre le nombre exact.