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Lutte contre le faible taux d'emploi des femmes en Région wallonne.

  • Session : 2005-2006
  • Année : 2005
  • N° : 3 (2005-2006) 1

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  • Question écrite du 03/10/2005
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi et du Commerce extérieur


    Régulièrement, l'Institut national de statistique publie des données intéressantes constituant une photographie de la population belge à un moment donné. Ainsi, en 2004, sur 10 millions d'habitants, la Belgique affichait 39,8 % d'actifs occupés. Ils étaient 46,3 % chez les hommes et 33,6 % chez les femmes. Le taux d'emploi des personnes de 15 à 64 ans est de 60,3 %, mais la différence entre les hommes (67,9 %) et les femmes (52,7 %) est particulièrement marquée, notamment en Wallonie. En effet, en Région wallonne, moins d'une femme sur deux appartenant à cette catégorie travaillait (46,9 %).

    L'INS nous apprend également qu'en ce qui concerne le travail à temps partiel, il est principalement féminin. 42,4 % des femmes qui travaillent optent pour cette possibilité contre 6,9 % des hommes.

    Le travail des femmes pose donc immanquablement problème en Région wallonne. Elles occupent des fonctions principalement précaires et peu qualifiées.

    Quelles sont les mesures qu'entend développer Monsieur le Ministre dans les prochains mois et les prochaines années afin de garantir que les femmes sur le marché de l'emploi seront véritablement à égalité avec les hommes ?

  • Réponse du 28/10/2005
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Tout d'abord, je tiens à remercier l'honorable Membre pour cette question qui rencontre tout à fait mes préoccupations, dans le cadre du redéploiement économique de la Wallonie et de la création d'emplois que celui-ci devrait générer, comme dans le cadre de la lutte contre la discrimination à l'embauche et la levée des obstacles à l'emploi des femmes.

    Si je ne puis que le rejoindre sur le point des taux d'emploi, tant pour la Belgique que pour la Wallonie, tels que définis dans l'enquête sur les forces de travail, réalisée par l'Institut national de statistiques, pour l'année 2004, je voudrais, par contre, attirer son attention sur le réel pourcentage d'actifs occupés en Belgique. Il est vrai que la Belgique compte 10.396.111

    habitants et que 4.139.173 d'entre eux ont un emploi. Le rapport entre ces deux facteurs est donc bien égal à 39,8 %, mais ne correspond pas au taux d'emploi. Celui-ci se calcule, en effet, sur la base du rapport entre le nombre de personnes actives occupées (soit la population âgée de 15 à 64 ans ayant un emploi) et les 6.818.657 personnes constituant la population en âge de travailler (soit la population âgée de 15 à 64 ans). Le taux d'emploi effectif s'élève donc bien, comme l'honorable Membre le mentionne, à 60,3 %.

    Avant d'expliquer les mesures déjjà prises et celles que je compte mettre en œuvre dans les mois à venir, je voudrais encore citer quelques chiffres qui montrent que, si le taux d'emploi des femmes est encore inférieur au taux d'emploi des hommes, il a néanmoins proportionnellement augmenté davantage, depuis 2000, que le taux d'emploi des hommes.

    En effet, en 2000, le taux d'emploi des hommes était de 65,5 %, celui des femmes de 46,4 %. En 2004, si le taux d'emploi des hommes avait légèrement diminué pour passer à 63,2 %, celui des femmes avait, quant à lui, augmenté pour atteindre 46,9 %, preuve s'il en est que les mesures positives prises pour favoriser l'accès des femmes à la formation et à l'emploi ont permis des avancées significatives, en termes d'insertion socioprofessionnelle, même s'il reste, je le concède, du chemin à parcourir pour atteindre une réelle égalité des genres en matière d'emploi.

    En ce qui concerne la problématique de l'emploi à temps partiel, même s'il s'agit bien là d'un aspect qui caractérise l'emploi féminin, je souhaiterais néanmoins nuancer les propos de l'honorable Membre. S'il est vrai que l'insuffisance du nombre de places d'accueil de l'enfant et l'insuffisance de l'offre de services aux personnes malades et dépendantes, incitent une partie des femmes actives à privilégier un contrat de travail à temps partiel plutôt qu'à temps plein, il n'en est pas moins vrai que beaucoup de femmes ne font pas le choix de cette formule de contrat de travail qui leur est imposée par la nature de la fonction exercée : vente, accueil extra-scolaire, nettoyage, aides aux personnes, …

    Un travail de sensibilisation reste donc essentiel pour promouvoir l'égalité des chances et des droits entre les hommes et les femmes dans l'accès à l'emploi et la promotion dans celui-ci et, notamment, un travail de sensibilisation auprès des entreprises, des partenaires sociaux, des citoyens, en ce compris les femmes elles-mêmes, sur la plus-value que ces dernières peuvent apporter quelle que soit la fonction exercée dans l'entreprise ou à la tête de celle-ci, ou encore dans des fonctions ou métiers traditionnellement réservés aux hommes. La campagne « femmes dans l'entreprise », menée dans le cadre de la Journée découverte des entreprises qui, cette année encore, à rassemblé près d'un million et demi de visiteurs dans 568 entreprises, est un bel exemple de ma volonté de promouvoir les femmes chefs d'entreprise, managers, cadres, ouvrières ou employées.

    Par ailleurs, avec ma Collègue, Mme la Ministre Christiane Vienne, je cofinance le volet régional de la coordination provinciale « égalité des chances entre les hommes et les femmes » et, en ce qui me concerne, le volet socio-économique de cette coordination provinciale. Le rôle essentiel des coordinatrices et coordinateurs provinciaux est de sensibiliser les différents acteurs publics et privés à la dimension égalité des genres, de susciter des projets pilotes favorisant l'égalité des genres et d'en coordonner la mise en œuvre, si nécessaire. Ainsi, ont été développés des projets tels la mise sur pied d'un restaurant pédagogique, la proposition d'une offre de service « repassage », via les titres services, pour les agents provinciaux du Hainaut, ou encore l'organisation d' animations sensibilisant les jeunes et les demandeurs d'emploi à la déségrégation des métiers traditionnellement réservés aux hommes et, enfin, la mise en œuvre de projets visant à lever les obstacles à l'emploi et à la formation des femmes résultant de leurs problèmes de mobilité, au sens large du terme.

    En outre, les conventions sectorielles de formation et d'insertion socioprofessionnelle entre la Région wallonne, le Forem et huit secteurs professionnels (construction, industrie technologique, agro-alimentaire, CEFORA, EDUCAM, FORMELEC, secteurs verts, secteurs non-marchands public et privé) intègrent toutes un volet « égalité des chances » dans la formation et l'insertion socioprofessionnelle des publics à risques, tels que définis dans les différentes commissions

    paritaires. Parmi ces publics, les femmes sont effectivement chaque fois ciblées.

    En ce qui concerne plus spécifiquement le secteur de la construction, et dans le cadre du partenariat entre le Gouvernement wallon et la Confédération de la construction wallonne, je pilote, avec ma Collègue Mme la Ministre Marie Arena, un projet « diversité construction ». Compte tenu des pénuries de main d'œuvre objectivées par le secteur et en prévision des grands chantiers (logement, égouttage, réhabilitation de sites désaffectés, …) prévus pour les années à venir, j'ai en effet choisi de soutenir les actions de sensibilisation et d'information (desquelles participent notamment la table ronde organisée dans le cadre des salons Habitat Ciiney et Liège et les séances programmées dans les centres de compétences Construform de Charleroi et de Grâce-Hollogne, à l'attention des conseillers en orientation, en formation et en insertion ainsi que des formateurs eux-mêmes), les formations, intégrant un public de demandeuses d'emploi, qui seront organisées en 2006 sur Liège et Charleroi dans les métiers de peintres, carreleuses et mètreuses-deviseuses, et, enfin, l'accompagnement vers l'emploi systématisé des chercheuses d'emploi dans le secteur de la construction, via le financement d'un jobcoach engagé par le Fonds de formation du secteur de la construction.

    En tant que mesure prise pour favoriser l'insertion des femmes dans des emplois durables et de qualité, le dispositif « titres services » a permis de créer plus de 2.000 emplois ETP en Région wallonne, principalement pour un public féminin qui bénéficie, par ce biais, d'un contrat de travail avec les avantages salariaux et liés à la sécurité sociale du statut de travailleur salarié. Je compte encore promouvoir la mesure pour la développer en Région wallonne.

    Enfin, la politique que je mène en matière d'accueil de l'enfant ne peut que convaincre l'honorable Membre de la priorité que j'accorde à lever les obstacles à l'insertion professionnelle, le maintien dans l'emploi ou encore la promotion des jeunes mères de famille. Pour mémoire, ce sont 268 postes à temps plein de puéricultrices qui ont été débugétés dans le cadre des aides à la promotion de l'emploi en 2004 et 300 emplois APE supplémentaires le seront encore dans le cadre du Plan d'actions prioritaires pour l'avenir de la Wallonie. Par ailleurs, dans les prochains jours, je lancerai un nouveau projet « Baby Wall » avec ma Collègue Mme la Ministre C. Fonck, visant l'ouverture de plus de 500 nouvelles places d'accueil pour les 0-3 ans grâce au financement de 100 puéricultrices engagées dans le cadre du dispositif PTP. S'ajouteront à ces 100 puéricultrices PTP, 400 autres qui seront engagées durant les quatre prochaines années, toujours dans le cadre du Plan d'actions prioritaires pour l'avenir de la Wallonie.

    J'espère avoir ainsi répondu aux attentes de l'honorable Membre et l'assure de mon souci de garantir l'égalité des chances hommes/femmes dans l'accès à l'emploi et la promotion dans celui-ci, ainsi que de la place que je réserve aux femmes dans les mesures que je soutiens et continuerai de mettre en œuvre pour le redéploiement économique de la Wallonie.