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L'utilité des plantes dépolluantes en Wallonie

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 139 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 16/10/2017
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings

    La qualité de l’air est un élément important, et bon nombre des matériaux utilisés aujourd’hui dégagent de nombreux gaz qui à haute concentration peuvent s’avérer toxique. (Plus Magazine du 20.04.17, p.112).

    Dans le cadre de ses compétences, j’aimerais aborder avec Monsieur le Ministre la question des plantes dépolluantes .

    Que pense-t-il des plantes domestiques dépolluantes ?

    Estime-t-il leur impact sur l’environnement urbain suffisant pour entamer une campagne de sensibilisation ?

    Dans le cadre de l’aménagement du territoire, envisage-t-il d’intégrer cette méthode de dépollution ?

    Lors d’un reportage (Arte Futurmag), certains projets pilotes dépolluent des sols à l’aide de plantes (absorption du plomb notamment). Y a-t-il lieu d’envisager de tels projets en Wallonie ?
  • Réponse du 07/11/2017
    • de DI ANTONIO Carlo

    Les plantes domestiques dites dépolluantes suscitent un engouement particulier. En effet, les végétaux sont, dans une certaine mesure, capables de piéger les polluants gazeux au niveau de leurs systèmes foliaire (stomates et cuticule des feuilles) et racinaire.

    En France, aux termes du projet PHYTAIR qui a débuté en 2004, l’Agence française de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) a remis en septembre 2011 son avis sur le potentiel d’épuration de l’air intérieur par les plantes. Les vertus dépolluantes des végétaux ont été démontrées en laboratoire, c'est-à-dire, dans des enceintes où l’on contrôle et régule différentes variables environnementales (hygrométrie, température, luminosité, activité biologique du substrat…) ainsi que les concentrations en polluants. En revanche, les tests menés en conditions réelles avec des densités végétales raisonnables pour un milieu intérieur – dans des environnements présentant un volume d’air plus important que celui des enceintes expérimentales et probablement un temps de résidence moins long des polluants au voisinage des plantes – n’ont pas permis de « conclure quant à une potentielle efficacité des plantes sur l’élimination des polluants étudiés ». Ainsi d’après l’ADEME, l’argument « plantes dépolluantes » n’est pas validé scientifiquement au regard des niveaux de pollution généralement rencontrés dans les habitations. Pour réduire les concentrations en polluants dans l’air intérieur, l’aération et la ventilation et l’utilisation de produits non polluants et sains restent bien plus efficaces qu’une épuration par les plantes.

    En ce qui concerne l’amélioration de la qualité de l’air ambiant en milieu urbain, aucune évidence scientifique n’a été apportée sur l’efficacité d’épuration des peuplements végétaux. Il semble néanmoins que la végétation puisse jouer un rôle positif en filtrant une partie de la pollution à condition que les végétaux soient implantés sur de vastes superficies.

    Le Code du développement territorial (CoDT) ne traite pas explicitement des « plantes dépolluantes ». Ce Code a cependant intégré la nécessité de prévoir des espaces verts dans les futures zones d’enjeu communal et de tenir compte des liaisons écologiques dans le cadre de l’élaboration ou de la révision des schémas régionaux, pluricommunaux ou communaux.

    Par ailleurs, l’un des objectifs du référentiel « Quartiers nouveaux » est d’optimiser l’utilisation du territoire et d’intégrer la nature dans les aménagements proposés. Ce référentiel sert de référence à d’autres projets d’urbanisation. Cet objectif peut prendre la forme d’espaces verts, de liaisons écologiques ou d’un espace dédié à l’agriculture urbaine au sein des futurs quartiers.

    Pour ce qui concerne la gestion des pollutions des sols par les plantes, la démarche retient effectivement particulièrement mon attention. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Gouvernement vient récemment d’approuver, la signature d’une convention de collaboration entre l'Institut Scientifique de Service Public (ISSeP), l’ASBL Valbiom et SPAQuE pour un projet de phytomanagement. L’objectif de ce projet est d’étudier la faisabilité du développement de cette pratique dans le cadre de la réhabilitation de friches industrielles ou de décharges. Plus particulièrement, cette convention vise, sur base de cas concret, à améliorer les connaissances dans le phytomanagement pour élargir l’offre de modes de gestion et de valorisation des sites pollués. Elle vise en outre à appliquer la phytostabilisation sur des sites pollués en vue de stabiliser les polluants tout en gérant les risques pour la santé humaine, l’écosystème et les nappes phréatiques.

    Cette démarche contribue enfin à la stratégie de développement durable grâce à une réflexion sur l’utilisation de la biomasse produite dans une logique d’économie circulaire.