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Le soutien au projet de coopérative de production sucrière

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 60 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 17/10/2017
    • de TROTTA Graziana
    • à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l'Economie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation

    Le 9 octobre dernier, j'ai interrogé le Ministre en charge de l'agriculture sur la situation du secteur sucrier wallon. Dans ce cadre, j'ai abordé plus spécifiquement un projet porté par l'Association des Betteraviers wallons (ABW), à savoir la constitution d'une coopérative de production sucrière, que l'ABW voudrait voir implanter si possible d'ici 2020 dans le zoning de Seneffe.

    Selon les concepteurs, cela permettrait de pérenniser l'activité compte tenu de l'incertitude qui plane sur la filière wallonne du sucre depuis la suppression du régime des quotas sucriers le 1er octobre dernier, situation qui expose la rémunération des planteurs aux fluctuations du marché mondial.

    Selon le modèle imaginé, cette nouvelle sucrerie qui pourrait traiter 14 000 tonnes de betteraves par jour, nécessiterait un investissement de quelques 300 millions d'euros.

    Le Ministre de l'Agriculture, qui a rencontré les promoteurs du projet, Président et Vice-Président de l'ABW, m'a indiqué que « devant un investissement d'une telle ampleur, la question du mode de financement du projet et de l'origine de celui-ci est posée », ajoutant que s'agissant d'une éventuelle intervention publique régionale « il est clair que spécialement le Ministre de l’Économie devra être concerné ».

    Par conséquent, Monsieur le Ministre peut-il me dire s'il souhaite et si il va soutenir ce projet et si oui, à quelle hauteur ? A-t-il également rencontré les porteurs du projet et, dans l'affirmative, que ressort-il de cette rencontre ? Dans la négative, va-t-il rencontrer proactivement l'ABW? Enfin, mène-t-il une concertation avec le Ministre en charge de l'agriculture eu égard à ce dossier important pour la filière ?
  • Réponse du 08/11/2017
    • de JEHOLET Pierre-Yves

    Je suis bien au courant de l’initiative des Betteraviers wallons, qui ont été reçus, accompagnés de leur conseiller stratégique, à mon cabinet début septembre, ainsi qu’au cabinet du Président du Gouvernement wallon.

    À cette occasion, ils ont pu faire part de leurs inquiétudes quant aux répercussions importantes que la fin des quotas sucriers entraînera sur leurs activités et leurs relations avec les industriels transformateurs en aval, mais aussi de leur ambitieux projet d’intégrer le monde industriel par la construction et l’exploitation d’une usine à la pointe technologique, leur assurant un prix de vente plus stable et plus intéressant pour leurs betteraves. Il faut en effet savoir que la très récente libéralisation du marché du sucre plonge le secteur dans une situation inédite, qui voit d’ores et déjà la production de sucre en Europe augmenter de 20 % et le prix du sucre devenir beaucoup plus volatil.

    Dans ce contexte, les sucriers s’apprêtent à se livrer une concurrence féroce et négocient de plus en plus durement les prix d’approvisionnement auprès des planteurs de betteraves. L’achat de betterave compte en effet pour environ 50 % du prix de revient d’une tonne de sucre, ce qui en fait un poste important d’économie.

    À l’issue de cette réunion, diverses pistes de soutien public ont été évoquées et examinées, pour couvrir le très important besoin de financement inhérent au projet.

    Ainsi, outre l’introduction d’un dossier de primes à l’investissement, j’ai demandé à la SRIW d’analyser les pistes d’investissement dans ce projet. Cette dernière a reçu les porteurs du projet le 17 octobre dernier. À l’issue de cette réunion, qui a mis en lumière le sérieux du dossier, elle nous confirmait en entamer l’analyse approfondie, en vue d’un éventuel financement.

    En parallèle, l’ABW (l’Association des betteraviers wallons) et leur conseiller entendent prendre contact avec la Banque européenne d’Investissement (BEI) pour déterminer si leur projet rentre bien dans l’une de leurs priorités d’intervention, et pourrait à ce titre y obtenir un financement. Il convient en effet de garder à l’esprit que l’essentiel du besoin de financement, assez conséquent, sera couvert par les banques ou un éventuel partenaire industriel privé, car dépassant les limites envisageables du soutien public.

    Ce projet dans son ensemble a du sens, et permettrait qui plus est de combler un vide laissé par la fermeture graduelle de nombreuses usines de sucre suite à l’instauration des quotas dans les années 60, vide qui soumet actuellement les betteraviers les plus éloignés à des coûts d’acheminement importants. Il doit toutefois être analysé à la lumière de son impact potentiel sur les autres acteurs du secteur, et de sa viabilité dans le cadre d’un marché du sucre totalement libéralisé.