/

La valorisation des alternatives aux néonicotinoïdes dans le secteur de la betterave

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 65 (2017-2018) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 19/10/2017
    • de MORREALE Christie
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    Comme nous le savons et comme nous avons souvent eu l’occasion d’en débattre, les néonicotinoïdes sont incriminés dans la mortalité des abeilles et des insectes pollinisateurs, via leurs multiples utilisations, notamment dans l’agriculture, l’horticulture ornementale, l’arboriculture, ou encore, la sylviculture. Ils sont également pointés du doigt pour leurs effets néfastes sur la santé humaine : en juin dernier, dans son avis, le Conseil Supérieur de la Santé affirmait que ces insecticides sont génotoxiques, cancérigènes et neurotoxiques notamment.

    À l’occasion de la proposition de résolution que je porte avec plusieurs collègues de mon groupe depuis juillet 2015 maintenant, nous avons eu l’occasion de recevoir des représentants de plusieurs secteurs pour qu’ils nous exposent la situation de chaque culture. Nous avons également rencontré des chercheurs. Au cours de ces discussions, j’avais eu l’occasion de rappeler notre position : interdiction des néonicotinoïdes, en s’inscrivant ainsi dans la même démarche qu’à Bruxelles, sauf dans les secteurs où les alternatives n’existent pas. Nous avons ainsi eu l’occasion, pour chaque secteur, de dresser un de tableau des alternatives. Les différents intervenants semblaient s’accorder sur ces possibilités d’alternatives.

    Pour le secteur de la betterave et de la chicorée, secteur qui utiliserait plus ou moins 7 % de la quantité totale de néonicotinoïdes utilisés en Belgique (PW CRAC n°96, jeudi 2 février 2017, p 6), le représentant de l’IRBAB avait eu l’occasion de rappeler combien les alternatives étaient inexistantes, voire plus nocives. Si la production de betterave bio existe en Autriche notamment, elle semble rare en Wallonie.

    Il apparaît donc essentiel de trouver des alternatives à l’utilisation des néonicotinoïdes dans la culture de la betterave et de la chicorée puisque, pour l’instant, celles-ci n’existent pas ou ne sont pas efficaces. Cette recherche d’alternatives est essentielle à mettre en place le plus rapidement possible afin d’apporter des réponses rapides à nos agriculteurs et pour soutenir ce secteur, économiquement très important pour notre région.

    Monsieur le Ministre peut-il me préciser les budgets actuellement consacrés par la Région wallonne à la recherche d’alternatives en culture de la betterave ?

    Par qui sont menées ces recherches ?

    Par des centres pilotes qui dépendent de l’IRBAB ?

    Des appels à projets en agronomie, spécifique à ce secteur, ont-ils été lancés ?

    En février 2017, lors des auditions, plusieurs chercheurs insistaient sur l’importance du financement de la recherche. En effet, je pense qu’il est nécessaire que la Région wallonne s’inscrive dans une démarche proactive de réduction d’utilisation des pesticides en agriculture notamment.

    Quelles sont les mesures prises pour permettre réellement cette réduction d’utilisation des pesticides dans le secteur betteravier ?
  • Réponse du 13/11/2017
    • de COLLIN René

    Je tiens tout d’abord à signaler qu’il n’y a aucun usage de néonicotinoïdes en sylviculture.

    En l’état actuel, une production de betteraves sans protection expose cette culture à de grands aléas sur les rendements et donc à des risques d’accident économiques hautement dommageables pour ce secteur. Par ailleurs, une production bio rentable est difficile à mettre en place, le faible développement de la culture betteravière bio au niveau européen en atteste.

    S’il faut aujourd’hui se passer des néonicotinoïdes, il faudra traiter les semences de betteraves à la téfluthrine, pour au moins assurer la levée sans destruction par les insectes du sol. Il faudra ensuite traiter plusieurs fois en pulvérisation aérienne pour maîtriser les ravageurs de début de culture (atomaire, altises, pégomyie, etc.) sans oublier la lutte contre les pucerons pour éviter les viroses, très dommageables en betteraves.

    Je ne suis pas en mesure de donner un chiffre précis concernant les montants spécifiquement dédiés à la recherche de produits alternatifs à l’usage des néonicotinoïdes. La solution ne consiste pas en un simple remplacement d’un produit par un autre. Il s’agit plutôt de rechercher des solutions par l’exploration approfondie à l’intérieur des itinéraires techniques de culture de pistes multiples telles que la sélection de variétés plus résistantes, l’usage d’autres techniques d’enrobage et de préparation des semences, des techniques culturales différentes, ainsi que de nouvelles méthodes d’avertissement précoce. C’est la combinaison de ces différentes améliorations et leur synergie qui permettront de dégager une ou des alternatives.

    Pour le surplus, je renvoie aux travaux de la Commission conjointe qui ont abouti le 25 octobre dernier à l’adoption unanime d’une résolution parlementaire.

    Le Centre wallon de recherches agronomiques (CRA-W) conduit actuellement 20 projets afin d’améliorer les interactions entre l’agriculture et l’environnement.

    La DGARNE a dénombré 54 recherches qui contribuent indirectement à réduire l’usage des néonicotinoïdes et autres produits phytopharmaceutiques.

    L’Institut royal belge pour l'amélioration de la betterave (IRBAB), reconnu comme centre pilote pour la betterave et la chicorée, est également fortement impliqué dans cette problématique qui la concerne directement.

    Dans le cadre de l’appel à projets de recherche récent, qui a été lancé afin de mettre en œuvre le Plan triennal de Recherche (PTR), j’ai voulu qu’une des thématiques soit centrée sur la réduction de la dépendance aux intrants de synthèse pour protéger l’environnement et la santé animale, via des alternatives autres que chimiques. Plusieurs projets seront lancés avant la fin de l’année sur cette thématique.