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L'accès des personnes souffrant d'une déficience auditive aux lieux où sont posés des actes médicaux

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 42 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 23/10/2017
    • de ONKELINX Alain
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative

    Afin de garantir un accès aux soins de santé aux personnes souffrant d'une déficience auditive, les lieux où sont posés les actes médicaux doivent tout mettre en œuvre pour permettre la communication avec la population sourde ou malentendante. Aujourd'hui, force est de constater que la situation doit encore être fortement améliorée.

    En juin 2016, le prédécesseur de Madame la Ministre mettait deux pistes en avant.

    La première concernait le développement des technologies de l'information et de la communication.

    Dans ce contexte, il a cité le système d’interprétation mis à disposition depuis 2013 par le SPF Santé publique et accessible dans certains hôpitaux et maisons médicales.

    À ce jour, combien d’institutions proposent ce service en Wallonie ?

    En 2013, deux interprètes prenaient part au projet (un francophone depuis le CHU de Charleroi et un néerlandophone basé à UZ Gent), qu'en est-il aujourd'hui ?

    Le nombre d’interprètes est-il suffisant pour satisfaire les demandes en Région wallonne ?

    Qu'en est-il des personnes germanophones domiciliées en Wallonie ?

    La deuxième piste mettait en avant la nécessité d'encourager l'apprentissage de la langue des signes par une partie du personnel soignant.

    C'est un aspect particulièrement important, car il permet de conserver un contact humain, dont l'importance peut être considérable quand il est question de santé. Malgré ses nombreux avantages, la visio-communication n'est pas la panacée, ce système a ses limites que seule l'interprétation simultanée peut combler.

    Avons-nous une idée de la proportion du personnel soignant qui est formé à la langue des signes dans les hôpitaux et les maisons médicales en Région wallonne ?

    Comment encourager ces formations ?

    Des aides existent-elles pour les institutions qui souhaitent former une partie de son personnel ?
  • Réponse du 13/11/2017
    • de GREOLI Alda

    La question porte tout d’abord sur le système d’interprétation mis à disposition depuis 2013 par le SPF Santé publique et accessible dans certains hôpitaux et maisons médicales. En effet, depuis le 3 septembre 2013, un nouveau service d’interprétation en langue des signes, via vidéoconférence dans certains hôpitaux bruxellois et wallons ainsi que dans certaines maisons médicales, est mis en place pour les personnes sourdes et malentendantes. Ce service est entièrement gratuit pour les bénéficiaires et est financé par le SPF Santé Publique.

    L’interprète qui intervient dans ce projet a suivi les cours de langue des signes de Belgique francophone, a réussi l’épreuve intégrée et dispose d’un certificat d’aptitude pédagogique en langue des signes. Elle a suivi une formation au SPF Santé Publique en interprétariat de liaison, ainsi qu’un coaching spécifique pour la terminologie médicale. Elle ne signe toutefois pas en langue des signes allemande. Actuellement basée au CHU de Charleroi, mais desservant un ensemble d’hôpitaux et de maisons médicales, la médiatrice à distance n’est pas présente physiquement au rendez-vous. Mais elle s’assure que le patient puisse suivre la consultation avec son médecin ou soignant dans sa propre langue via vidéoconférence. La connexion pour cette vidéoconférence est entièrement sécurisée.

    Les personnes sourdes peuvent via le site suivant : www.lsfbvideo-sante.be prendre rendez-vous chez un médecin de leur choix dans un hôpital ou une maison médicale participant au projet et réserver un interprète en langue des signes francophone (LSFB) pour ce rendez-vous. Elles peuvent également demander un interprète pour un rendez-vous déjà programmé. Les hôpitaux et maisons médicales travaillant avec un médiateur à distance en Wallonie sont les suivants :
    * Hôpitaux :
    Grand Hôpital de Charleroi
    CHU de Charleroi
    CHU de Tivoli à La Louvière
    CHR et MSP « Les Marronniers »
    CHR La Citadelle
    ISOSL secteur santé mentale
    ISOSL Valdor Peri
    CHU de Liège
    CHC de Liège
    CHR de Namur
    CHU Mont-Godinne

    * Maisons médicales :
    Centre Diapason à Charleroi
    Médecine pour le Peuple à Charleroi
    Maison médicale de Dampremy
    Relais Santé à Liège

    Cette liste est actualisée régulièrement, de nouveaux hôpitaux pouvant décider d’offrir ce service.

    Le SPF Santé publique n’ayant pas publié d’évaluation de ce dispositif, je ne peux répondre à la question de savoir si le nombre d’interprètes employés dans ce cadre est suffisant. Toutefois, s’il s’avérait que l’interprète n’est pas disponible lors de l’un ou l’autre rendez-vous, les personnes souffrant d’une déficience auditive disposent d’autres ressources en matière d’interprétation : ainsi, le service « Relais Signes » peut également assurer à distance la communication entre une personne sourde et une personne entendante par l’interprétation entre le français et la LSFB. Ce service est complémentaire à l’offre de service des services d’interprétation et est assuré grâce à une collaboration entre le Service d’Interprétation des Sourds de Bruxelles (SISB) et le Service d’Interprétation des Sourds de Wallonie (SISW). Le centre-relais offre une permanence de 19h/semaine d’interprétation à distance. Le SISW, subventionné par l’AViQ, offre également des prestations d’interprétation en langue des signes moyennant le paiement d’une cotisation annuelle. La cotisation individuelle s’élève à 40 euros équivalant à 40h d’interprétation. La cotisation couple et familles s’élève à 60 euros équivalant à 80h d’interprétation.

    Concernant le manque d’interprètes en langue des signes sur le territoire de langue française, il existe depuis quelques années un master en interprétation en langue des signes qui se déroule à Saint-Louis pour les trois années de baccalauréat et à l’UCL (Louvain-La-Neuve) pour les deux années de master. La première promotion d’étudiants inscrits dans ce master entame, lors de cette année académique 2017-2018 la première année de master. Cette promotion sera donc diplômée en 2019.

    Aussi, j'informe l'honorable membre que la compétence pour les personnes sourdes ou malentendantes germanophones qui ont besoin d’un interprète en langue des signes maîtrisant la langue allemande et la langue des signes allemande relève de la Dienststelle für Selbstbestimmtes Leben der Deutschsprachigen Gemeinschaft Belgiens.

    Enfin, la question porte également sur le pourcentage de personnel soignant formé à la langue des signes de Belgique francophone et aux possibilités d’encourager cette formation.

    Je ne dispose pas d’informations quant au nombre de membres du personnel soignant formés à la langue des signes au sein des hôpitaux wallons. Une sensibilisation des hôpitaux au suivi de cette formation spécifique par les membres du personnel soignant, dans le cadre de leur formation permanente, pourrait certes être organisée en collaboration avec les Fédérations hospitalières, mais il me semblerait également pertinent que chaque hôpital puisse tirer parti de ses ressources internes avant d’envisager une formation s’ajoutant aux nombreuses formations que doit déjà suivre son personnel. J’entends par là qu’il devrait être possible pour les hôpitaux d’établir une liste des membres de leur personnel parlant une seconde langue, y compris la langue des signes, et d’utiliser dès lors les compétences propres de leur personnel pour faciliter la communication avec les patients concernés.