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L'abandon du projet de centrale biomasse

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 54 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 24/10/2017
    • de HENRY Philippe
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports

    Le Gouvernement a récemment annoncé sa décision d'abandonner le projet de centrale biomasse qui était à l'étude depuis plusieurs mois.

    Lors de la communication de l'abandon de la décision, Monsieur le Ministre a déclaré qu'il privilégierait la création de structures biomasses plus petites, mais qu'il se pencherait également sur le développement des alternatives que sont l'éolien, le photovoltaïque et le réseau de chaleur.

    J'aurais donc souhaité l'entendre un peu plus précisément sur ce sujet.

    Monsieur le Ministre peut-il revenir sur les raisons qui ont mené à l'abandon du projet ?

    Le Ministre Furlan tablait, avec ce projet, sur un apport de 200 mégawatts. Quelles seront les mesures prises à court terme pour compenser cet objectif qui, on le sait maintenant, ne sera pas atteint ?

    Plus globalement, quelle est la vision de Monsieur le Ministre de l'utilisation de la biomasse en Wallonie ?

    Par ailleurs, envisage-t-il de nouvelles mesures pour soutenir la création de plus petites structures de biomasse ? Le cas échéant, quels sont ses objectifs et son calendrier ?

  • Réponse du 06/11/2017
    • de CRUCKE Jean-Luc

    Ce dossier a soulevé une série de sérieuses interrogations.

    La première est l’incertitude de la création même du projet suite à la modification de la directive européenne 2009/28/CE. La seconde concerne l'approvisionnement en biomasse sur le long terme. Fondamentalement, il est problématique que les contrats d’approvisionnement n’atteignent pas une durée de 20 ans. Cela est d’autant plus vrai dans un contexte où le marché mondial de la biomasse pourrait connaître une explosion risquant de faire augmenter le prix de la matière première.

    La troisième est l’absence de cogénération du projet. Celle-ci permet une utilisation optimale de la ressource et un meilleur rendement énergétique.

    De plus, des questions environnementales se posent. Il subsiste un doute raisonnable concernant la capacité des fournisseurs à respecter dans le long terme les labels de certification prévus. Pour ces projets de grande puissance, la neutralité carbone de la biomasse est surtout théorique : le gisement croit ailleurs qu’en Wallonie tandis que les conséquences de sa combustion se concentrent sur notre territoire. Les retombées long terme sont peu connues et la compensation en temps réel n’est pas assurée dans ce cas-ci.

    Enfin, dans un contexte budgétaire tendu, il est difficilement acceptable d’engager le Gouvernement sur un soutien pouvant aller jusqu’à 1,3 milliard d’euros pour une durée de 20 ans afin de financer une technologie qui demande des subventions permanentes pour fonctionner.

    Nous sommes en train de nous pencher sur le développement des alternatives à cette centrale que sont l’éolien, le photovoltaïque, la biomasse de petite ampleur et le réseau de chaleur. Il convient également de garder à l’esprit que le développement de certaines filières, le PV et la biomasse en particulier, est tel qu’une révision des objectifs à 2020 et 2030 fixés par l’étude Cap Gemini est indispensable. Le Gouvernement devrait s’accorder sur ceux-ci dans le courant de l’année 2018.

    Enfin, et comme précisé dans la DPR de juillet 2017, la filière biomasse sera soutenue de manière à assurer la maîtrise du coût et de l’impact sur l’emploi, de la performance environnementale et de l'efficience du soutien. À l’heure actuelle, je n’ai pas encore d’agenda précis à fournir, mais je peux déjà informer qu’il semble plus raisonnable de favoriser les projets de biomasse de plus petite taille, incluant un volet « cogénération », avec un approvisionnement local et la création d’emplois locaux.