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La situation paradoxale du secteur de la transformation des fruits

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 82 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 24/10/2017
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    Alors que depuis 2014 et l'annonce de l'embargo russe, les difficultés s'amoncèlent au-dessus du secteur de la production de fruits en Wallonie, on apprend aujourd'hui que certains producteurs de sirop d'Aubel sont à court de matière première. Cette annonce est pour le moins paradoxale, mais s'explique par les mauvaises récoltes de cette année.

    Le paradoxe vient du fait que depuis des années, on explique également les prix bas par une surproduction...

    Quel est l'état de santé actuel du secteur fruitier ?

    Le sirop d'Aubel bénéficie d'une appellation protégée ? Dans la négative, ne serait-il pas intéressant de s'y atteler afin d'organiser une filière propre de production permettant ainsi aux producteurs d'avoir un débouché ?
  • Réponse du 03/11/2017
    • de COLLIN René

    La gelée d’avril 2017 a en effet été catastrophique pour les arbres fruitiers. Les effets observés divergent selon l’espèce et la variété. En pommes, la Jonagold, qui constitue les deux tiers de la production wallonne, est très touchée. La récolte de cette année est estimée à seulement 25 % d’une récolte normale. Si le prix est actuellement plus élevé de 20 cents par kilo qu’à la même période en 2016, une proportion appréciable de la récolte est cependant constituée de pommes de second choix qui auront comme destination l’industrie avec un prix moindre.

    Pour les poires, la récolte correspond à environ 75 % d’une récolte normale avec des prix légèrement plus élevés. Cependant, aucune certitude n’existe concernant le maintien de cet avantage financier. Les poires de cette année sont en effet plus petites ; or le prix de la poire est fortement influencé par sa taille. Trois quarts des poires sont exportés, il faudra voir dans les prochains mois si le marché ne dévalorise pas trop ces poires.

    La situation pour les fruiticulteurs est donc particulièrement mauvaise cette année et incertaine.

    Concernant les sirops, deux dossiers de demande d’enregistrement sont en cours d’élaboration:
    - le premier pour la dénomination « Sirop ancien Système liégeois », en tant qu’appellation d’origine protégée (AOP),
    - le second, pour l’enregistrement du « Sirop de Liège » en tant qu’indication géographique protégée (IGP).

    Le projet d’AOP est porté par quatre artisans. L’approvisionnement en fruits devra s’effectuer exclusivement dans la zone délimitée par le Pays de Herve, la Hesbaye liégeoise et la Basse Meuse. De plus, les fruits, majoritairement des poires, devront être issus pour une grande partie de hautes tiges.

    L’IGP concerne, pour l’instant, essentiellement la siroperie MEURENS et les fruits seront issus de vergers basses-tiges, sans restriction d’origine géographique. Il en résulte que seuls les artisans, malgré le fait qu’ils s’approvisionnent auprès de fournisseurs réguliers, pourraient se retrouver un jour à court d’approvisionnement en raison d’aléas météorologiques. L’occurrence de ce danger est estimée à une année sur cinq et une dérogation est prévue dans le cahier des charges pour tenir compte de ce risque. Le Centre wallon de recherches agronomiques (CRA-W) est impliqué dans le montage du dossier AOP. Des actions de promotion et de replantation de vergers hautes tiges seront menées ou amplifiées, afin de maintenir à terme un potentiel de production suffisant.

    Pour cette année, il me revient que les artisans ne devraient pas rencontrer de problèmes d’approvisionnement pour la production de sirop.