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La surmortalité des abeilles.

  • Session : 2005-2006
  • Année : 2005
  • N° : 16 (2005-2006) 1

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  • Question écrite du 12/10/2005
    • de BORSUS Willy
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Les Facultés agronomiques de Gembloux viennent de divulguer les premiers résultats de leurs recherches relatives à la surmortalité des abeilles.

    Depuis quelques années en effet, les apiculteurs constatent un taux de mortalité supérieur à la moyenne. Au lieu du seuil de 10% considéré comme « normal », la Faculté a relevé des pourcentages de perte par rucher allant parfois jusqu'à 50%, ce qui amène la moyenne à 17%.

    Cette surmortalité serait à attribuer, en partie, aux pesticides, mais aussi, semble t-il, à un acarien, le varoas. Celui-ci transmettrait une maladie, la varoase, et serait devenu résistant aux produits utilisés pour le détruire.

    Toujours selon les chercheurs, de nouvelles molécules permettant de lutter contre la varoase n'ont pas été agréées par les pouvoirs publics ce qui amène certains apiculteurs à acheter à l'étranger des produits non autorisés. Certaines de ces substances ont été retrouvées en quantité importantes dans des ruchers particulièrement décimés.

    Monsieur le Ministre peut-il dès lors nous faire part de son analyse quant aux conclusions de cette étude et des mesures qu'il compte prendre pour enrayer ce phénomène.
  • Réponse du 19/10/2005
    • de LUTGEN Benoît

    A la suite d'un débat au Parlement wallon en mai 2004, la Région wallonne a chargé la Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux et l'Université de Liège de réaliser une recherche « multifactorielle » de la mortalité anormale des abeilles constatée dans certains ruchers.

    Le professeur Haubruge a présenté les premiers résultats significatifs de cette recherche.

    Plus de 1.275 ruches ont été suivies dans 84 ruchers répartis sur toute la Wallonie. Je ne reviendrai pas sur la méthodologie que j'ai déjà présentée à plusieurs reprises.

    Comme je l'ai déjà dit lors de débats précédents au Parlement, il ressort des premiers résultats de

    cette recherche que beaucoup de ruches connaissent des problèmes importants de santé des abeilles dus à la présence fréquente de deux ennemis :

    - le « varroa destructor », un acarien vecteur de virus ;
    - une bactérie vectrice de la loque américaine.

    Ces parasites sont devenus de plus en plus résistants et les moyens de lutte actuellement autorisés se révèlent de plus en plus inefficaces.

    De plus, suite à la régionalisation de l'agriculture et depuis que cette compétence a été reprise par la Santé publique, les apiculteurs sont laissés à eux-mêmes et ne bénéficient plus de l'encadrement des correspondants apicoles.

    Désespérés, bon nombre d'apiculteurs sont tentés par l'usage de produits qui ne sont pas autorisés. Les analyses effectuées à ce jour mettent en évidence ces problèmes.

    Il importe que la santé des consommateurs ne soit pas mise en danger par des pratiques apicoles inadéquates et aussi que les apiculteurs puissent lutter efficacement contre les ravageurs des ruchers.

    C'est pourquoi, j'ai écrit à mon collègue fédéral de la Santé publique, Rudy Demotte, qui est le Ministre compétent en matière d'agréation des produits de lutte et aussi de la prévention en matière de santé animale, pour qu'une recherche sérieuse de nouveaux moyens de lutte soit menée en vue de leur agréation et qu'un encadrement préventif soit restauré.

    A ma demande, mon représentant au Comité consultatif de l'AFSCA a demandé aux responsables de cette agence de déployer rapidement un plan de prophylaxie de manière à prévenir les accidents sanitaires, causes de nombreuses surmortalités.

    D'autre part, j'ai demandé à l'administration de mettre en place un programme de soutien de l'association professionnelle des apiculteurs, le CARI à Louvain La Neuve, en vue de mettre en place une meilleure information et formation des apiculteurs pour les aider à restaurer et à maintenir le bon état sanitaire de leurs ruches.

    Enfin, dans l'état d'avancement actuel des analyses réalisées pour la recherche de molécules toxiques, j'estime qu'il est prématuré d'incriminer, ou de mettre hors de cause, certains produits phytosanitaires agricoles.

    Si des produits s'avéraient responsables de la surmortalité des abeilles, j'alerterais immédiatement mon collègue fédéral de la Santé publique pour qu'il prenne en urgence les mesures adéquates.

    Dans l'attente de résultats complets et validés, je reste attentif au jour le jour à cet aspect de la recherche.