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L'impact sur les centre-villes des plateformes de réservation de type "Airbnb"

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 90 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 30/10/2017
    • de EVRARD Yves
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    Devant la désertification des centres-ville par ses habitants et la main-mise des plateformes collaboratives sur l’immobilier, la ville de Barcelone a décidé de réagir. En effet, si à l’origine cette forme d’économie collaborative devait apporter un complément de revenus pour les propriétaires, certaines dérives ont vu le jour puisque des fonds immobiliers s’emparent d’immeubles entiers pour les soumettre ensuite à la location via les plateformes collaboratives. Le système est rentable et génère des revenus économiques importants, mais dénature complètement, non seulement le paysage immobilier, mais aussi l’économie parallèle qui s’est créée autour de cette forme d’économie collaborative.

    La ville de Barcelone vient de trouver un accord avec la plateforme "Airbnb" qui s’engage à retirer de son offre tous les logements illégaux, soit des logements sans licence municipale. D’autres grandes villes ont déjà passé de tels accords afin de réglementer le secteur : c’est le cas de Paris, Berlin ou New York.

    C’est l’occasion de demander à Monsieur le Ministre de refaire le point pour ce qui concerne la Wallonie.

    Assiste-t-on au même type de dérive dans les villes wallonnes ?

    Depuis le 1er janvier existe l’obligation de déclaration d’exploitation dans les communes pour toutes les personnes qui proposent un logement à la location.

    Puisqu’une liste des hébergements mis en location devrait théoriquement être disponible dans chaque commune, existe-t-il un mécanisme du même type que celui conclu avec la ville de Barcelone, pour empêcher les dérives (spéculations immobilières) décrites ci-dessus ?
  • Réponse du 20/11/2017
    • de COLLIN René

    Il s’avère que, d’après un récent mémoire réalisé par une étudiante de l’Université de Namur sur l’impact économique d’Airbnb en Région wallonne, le chiffre d’affaires général (revenus des particuliers + revenus d’Airbnb) généré par Airbnb pour le 3e trimestre 2016 (sur base des taux d’occupation des hébergements du terroir) s’élève à quel que 3.061.000 euros. Si on compare ce résultat au chiffre d’affaires global annuel des hébergements wallons, cela voudrait dire que, sur 1 trimestre, Airbnb « représente » 3 % de ce chiffre d’affaires. La mesure reste donc raisonnable en Wallonie.

    Nous savons toutefois que, pour Liège et Namur (les 2 villes wallonnes les plus représentatives chez Airbnb), le nombre de logements pour cette plate-forme est passé pour Liège de 1.076 en octobre 2016 à 1.184 en juillet 2017 (+10 %) et pour Namur de 470 en octobre 2016 à 587 en juillet 2017 (+24,9 %).

    En ce qui concerne un éventuel parallèle avec Barcelone, il va de soi que la comparaison est difficile à envisager vu l’énorme écart entre la capacité d’hébergements touristiques de ces deux villes et celle de Barcelone. En outre, pour donner un ordre d’idée, pas moins de 8.000 appartements seraient considérés comme illégaux au regard de la mairie barcelonaise ; ce qui représente près de 8 fois la capacité totale en hébergements touristiques de la ville de Liège !

    Cela étant, et pour revenir à la situation wallonne, un courrier a été envoyé aux 252 administrations communales wallonnes demandant de relayer l’information quant à l’obligation des propriétaires d’hébergements touristiques situés sur leur territoire de se déclarer. De manière parallèle, j’ai demandé à mes services du Commissariat général au Tourisme (CGT) qu’une information soit donnée à chaque commune sur les déclarations d’exploitation introduites à ce jour sur leur territoire. Ceci, afin de permettre à chaque entité de disposer d’une pleine information quant au cadastre établi.

    Le processus prévu permet, je le rappelle, d’assurer une collaboration avec les gestionnaires de platesformes quand des soupçons de non-respect des conditions sont avérés ou encore en cas de plainte introduite auprès du CGT à l’encontre d’un exploitant d’hébergement touristique. La collaboration avec les communes, de par leur connaissance du terrain local, est donc importante quant au transfert de ces informations vers le CGT.
    À ce jour et depuis l’opérationnalisation de cette mesure en Wallonie, quelques 962 hébergements touristiques se sont déjà déclarés, dont 90 % n’étaient pas connus du CGT puisqu’ils n’avaient demandé à ce jour aucune autorisation d’utiliser une dénomination protégée. Toutefois, il n’existe aucun lien qui nous permette d’estimer dans quelle mesure ces hébergements se retrouvent sur la plateforme Airbnb.