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L'arrivée du moustique tigre

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 96 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 30/10/2017
    • de LEGASSE Dimitri
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    J’ai pu lire dans la presse récente qu’il ne serait qu’une question de temps avant que le moustique tigre ne s’installe chez nous définitivement. On en trouverait déjà de temps en temps et sa présence permanente est avérée en Alsace.

    Le réchauffement climatique favorise la présence de cet intrus porteur potentiel de virus comme le Zika, la dengue ou le chikungunya.

    Je suis enchanté de voir qu’un dossier est porté par toutes les entités concernées d’une seule voix (Flandre, Bruxelles, Wallonie, État fédéral) et j’espère que cette collaboration portera ses fruits.

    Est-ce que l’implantation permanente du moustique tigre chez nous poserait un réel risque sanitaire ?

    Quand commence la surveillance des 23 points d’entrée ?

    Comment se passe concrètement la collaboration entre entités fédérées et fédéral à ce niveau ?

    Y a-t-il un plan de lutte contre ce moustique en cas d’installation plus importante ?
  • Réponse du 21/11/2017
    • de COLLIN René

    Le moustique-tigre (Aedes albopictus) est une espèce invasive originaire d’Asie du Sud-est. Elle est considérée comme agressive, car elle pique de jour, contrairement à nos moustiques autochtones caractérisés par des mœurs plutôt nocturnes. Aedes albopictus est un vecteur potentiel de maladies virales comme le chikungunya ou la dengue. On parle ici de maladie infectieuse due à un virus transmis par un arthropode. La « maladie » (virus) et le « vecteur » (moustiques) sont donc deux éléments distincts qui ne posent problème que quand on les additionne.

    Les moustiques sont généralement exportés hors de leurs territoires d’origine sous la forme d’œuf. Les larves puis les adultes qui naissent de ces œufs sont « sains ». Le vecteur peut ainsi être présent, mais pas nécessairement la maladie.

    La maladie est importée par un « voyageur virémique » (p.ex. un animal réservoir - il existe des réservoirs naturels pour certaine maladie virale : des rongeurs, des oiseaux, des chevaux, etc. - importé ou un voyageur humain de retour d’une zone où il a été contaminé). Le moustique sain se contamine en piquant ce voyageur virémique. Les virus de la dengue et du chikungunya sont ainsi transmis au moment de la piqûre via la salive des moustiques (lors de la piqûre, les moustiques injectent un peu de salive dans la plaie, car cette salive renferme un anticoagulant. Les plaquettes sanguines ne peuvent donc pas boucher la trompe de l’insecte, garantissant au moustique de finaliser son « repas de sang »). Il faut ensuite plusieurs jours dans des conditions de température suffisantes, pour que le moustique contaminé devienne lui-même contaminant. Il pourra alors transmettre la maladie à toute personne saine qu’il piquerait à nouveau.

    Le risque est donc de laisser dans un premier temps s’implanter une population de vecteurs potentiels puis, dans un second temps, d’assister à l’importation de maladies par des voyageurs virémiques. La population locale de vecteurs serait alors contaminée et le cycle peut s’enclencher.

    Le plan de surveillance mis en place en Belgique (projet MEMO), vise à détecter les nouvelles populations de « moustiques exotiques » (et pas seulement d’Aedes albopictus) et se concentre sur les types de points d’entrée les plus « sensibles » (dépôts de pneus, serres d’importation de bambou,…). La surveillance des 23 points d’entrées identifiés a débuté la seconde moitié du mois d’août 2017.

    Le projet MEMO est chapeauté par un comité de pilotage formé de représentants des administrations concernées du fédéral et des différentes entités fédérées. Le comité de pilotage doit s’assurer que le projet rencontre bien les objectifs spécifiés dans le cahier des charges initial. Les décisions sont toutes prises en commun.

    La mise en œuvre de ce plan de lutte est sous la responsabilité de l’ (des) autorité(s) régionale(s) concernée(s). La Wallonie bénéficie de l’expérience de la gestion de la population du moustique Aedes japonicus qui s’était implantée à Natoye. Le comité de pilotage du projet MEMO sert également de plate-forme d’échange d’information en ce qui concerne les actions de lutte, même si aucun projet d’action coordonné n’a encore été envisagé.