à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
Durant la première moitié du 20e siècle, le chat forestier s’est fortement raréfié en Wallonie. Par la suite, des noyaux existants auraient permis une recolonisation via l’Eifel et les Hautes Fagnes. Les publications scientifiques des années septante, quatre-vingt et nonante attestent en effet de leur présence dans certaines régions de Wallonie. Leur répartition couvraient les Hautes Fagnes, le massif ardennais ou encore dans la Lorraine belge. Les individus se trouvent principalement dans des habitats faits de fourrés denses et des lieux couverts par une végétalisation abondante.
À l’époque déjà, une série de risques menaçant la survie de l’espèce ont été pointés du doigt tel que la chasse, l’augmentation du trafic routier, l’affaiblissement de leur habitat, ou encore le phénomène d’hybridation avec des espèces domestiques pour ne citer qu’eux.
Monsieur le Ministre dispose-t-il de statistiques concernant le niveau de population du chat forestier et sa répartition sur notre territoire ?
Existe-t-il des mesures particulières de protection de l’espèce ?
Dispose-t-il d’informations relatives au phénomène d’hybridation avec les chats domestiques ?
Réponse du 21/11/2017
de COLLIN René
Le chat forestier est une espèce strictement protégée en Wallonie, conformément à la loi sur la conservation de la nature qui intègre notamment les obligations de la Directive Habitat de l’Union européenne.
À ce titre, l’espèce fait l’objet d’un suivi et d’un rapport sur son état de conservation tous les 6 ans. Le rapport de 2013 mentionne une espèce en état « inadéquat » caractérisée par une recolonisation progressive de son aire de répartition historique, mais avec des risques accrus liés à la fragmentation de son habitat et aux risques d’hybridation avec le chat haret ou domestique.
Depuis 2013, le redéploiement de l’espèce se confirme en dehors de l’Ardenne, avec des observations validées dans le Condroz et en Thudinie. Mais le niveau de sa population est impossible à déterminer sans des suivis coûteux. Mon prédécesseur a cependant financé une étude relative au chat haret qui impliquait également une amélioration des connaissances sur le chat forestier. Cette étude, attribuée à l’Université de Liège, a notamment permis d’évaluer les superficies des domaines vitaux de plusieurs individus (suivi par radiopistage) et de se pencher sur les problèmes d’hybridation entre les deux sous-espèces.
Les mesures de protection mises en œuvre sont toutes celles appliquées indirectement aux espèces forestières via le maintien des habitats forestiers dans un bon état de conservation.
La fermeture de la chasse au chat haret en 2015 a réduit le risque d’erreur de tir de la part du chasseur, mais, en favorisant le chat haret, a probablement augmenté le risque d’hybridation.
Le radiopistage a aussi permis de montrer que, dans nos habitats fragmentés, en raison des grands domaines vitaux exploités par le chat sylvestre, il atteint aisément les lisières forestières et, par conséquent, les premières habitations et leurs animaux de compagnie. L’arrêté du Gouvernement wallon relatif à la stérilisation des chats domestiques du 15 décembre 2016 est une mesure qui devrait permettre dès lors, de limiter le risque d’hybridation avec le chat sylvestre.
Ce risque d’hybridation entre le chat sylvestre et le chat domestique a été étudié en 2011. Sur 73 chats « typés forestiers », 18 % présentaient une introgression de gènes de chat domestique et sur 79 chats « typés domestiques », 8 % présentaient une introgression de gènes de chat sylvestre. L’hybridation va donc plus régulièrement dans le sens d’une diminution de l’intégrité génétique du chat forestier que de celle du chat domestique. Ces valeurs sont comparables à celles rencontrées dans les pays voisins. Une nouvelle étude génétique est en cours à ce sujet.