/

Les mesures de lutte contre la pauvreté

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 24 (2017-2018) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 31/10/2017
    • de COURARD Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    En 2017, 15 % de la population belge vit sous le seuil de la pauvreté. C’est une réalité en augmentation constante. Je reprends les chiffres que Monsieur le Ministre-Président met en exergue dans sa récente note d’orientation : 8,1 % de la population wallonne vit dans la précarité matérielle sévère et un habitant sur 4 est en situation de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale.

    Dans le même temps, force est de constater que, premièrement, les plus fortunés sont de plus en plus riches et de plus en plus nombreux, deuxièmement, les mesures prises pour lutter contre la fraude fiscale des plus grosses fortunes sont piètres, voire inexistantes. Quel constat désarmant et amer! Pourtant, cette dualisation ne fait que se creuser.

    La pauvreté n’est pas que financière, elle revêt différentes dimensions : elle peut être liée au logement, à l’accès à l’emploi, à l’accès aux soins de santé, à la déprivation matérielle, à l’alimentation, aux loisirs, etc. Souvent, ces dimensions s’imbriquent, sont en relation d’étroite interdépendance.

    La Déclaration de politique régionale prévoit toute une série de mesures, mais qui semblent de prime abord relativement abstraites. Je voudrais par conséquent en savoir davantage.

    Le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté va-t-il continuer à poursuivre ses objectifs ? Quel est le financement prévu pour y parvenir ? Sera-t-il inclus dans la réflexion sur les mesures qui vont être prises pour lutter contre la pauvreté ?

    La DPR et la note d’orientation susmentionnée évoquent, en priorité, la volonté de développer l’emploi et la formation pour les plus précarisés. Sans doute que l’emploi aide à se sortir de la pauvreté, du moins partiellement, mais pour quel salaire ? Un salaire décent ? Ou un salaire qui oblige à faire le choix entre payer son loyer ou se nourrir ? Monsieur le Ministre prévoit-il un plafond minimal pour outrepasser le seuil de la pauvreté (1.115 euros pour une personne isolée) et motiver les citoyens à trouver un espoir et de la dignité en travaillant et en les maintenant au travail sur le long terme ?

    À titre d’exemple, dans une série d’emplois, les personnes travaillent tout en demeurant sous le seuil de la pauvreté. Je pense aux accueillantes d’enfants, aux aides-ménagères… Quelles mesures le Gouvernement va-t-il mettre en place pour revaloriser ces métiers ?

    En matière de métiers en pénurie et de formation, Monsieur le Ministre-Président va-t-il forcer les citoyens à opter pour tel métier ou telle formation, avec des sanctions à la clé s’il y a refus d’adhérer au projet imposé ?

    Et pour les personnes qui sont dans l’incapacité de travailler ? Les personnes difficiles à réinsérer ? Les personnes analphabètes, ou encore âgées, mais non pensionnées qui ont du mal à trouver un emploi? Les familles monoparentales ou la maman ou le papa doivent s’occuper seuls des enfants ?

    Que fait-on pour les enfants, particulièrement touchés par la pauvreté ?

    La DPR prévoit également un projet de mise en place de facilitateurs en matière d’inégalités sociales. Monsieur le Ministre-Président pourrait-il m’en dire davantage et les budgets y alloués ?

    Où en est-on dans le nouveau Plan de prévention et de promotion de la santé annoncé ?

    Monsieur le Ministre-Président peut-il me donner des chiffres sur le nombre de projets de Housing First, de places d’accueil et d’abris de nuits qui vont être créés ?

    L’implémentation de Housing First en Wallonie va-t-elle se faire en complémentarité avec ce qui se fait et ce qui est prévu par le Plan fédéral de lutte contre la pauvreté en la matière ? Pareillement en ce qui concerne les épiceries sociales et les restaurants sociaux ? Je souhaiterais également connaître les détails budgétaires prévus et les échéances.

    Comment le Gouvernement va-t-il lutter contre le surendettement ?

    Enfin, à terme, quelles sont les prévisions annoncées en matière de diminution de la pauvreté ? Quel objectif chiffré est poursuivi par le Gouvernement et sur base de quels indicateurs ?
  • Réponse du 21/11/2017
    • de BORSUS Willy

    La lutte contre la pauvreté fait partie intégrante des compétences transversales qui sont les miennes. Le premier plan wallon de lutte contre la pauvreté (PLCP), adopté en 2015, est un bel exemple de cette transversalité au sein du Gouvernement wallon et je compte bien poursuivre sa mise en œuvre et le suivi de son état d’avancement. La collaboration avec le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté (RWLP) dans le cadre de ce Plan se poursuit également. Le RWLP remplit bien entendu d’autres missions que celles liées au Plan, missions plus larges de lutte contre la pauvreté. En termes de financement, le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté a été reconnu en tant que réseau de lutte contre la pauvreté en Wallonie par l’arrêté du Gouvernement wallon du 8 mai 2014. Le Gouvernement wallon octroie dès lors une subvention au Réseau pour mener à bien ses missions.

    En ce qui concerne l’état d’avancement des mesures inscrites dans le PLCP, j'informe que le prochain rapport semestriel du Plan sera très prochainement présenté au Gouvernement wallon. Je me permets donc de renvoyer l'honorable membre à la lecture dudit rapport, dès que celui-ci aura été adopté, pour avoir une vue plus claire sur l’évolution du Plan. Sur base des informations en ma possession dans le cadre du suivi du Plan, quelques éléments de réponses pourront déjà l'éclairer.

    En ce qui concerne le Housing First, actuellement, 3 projets sont subventionnés, ceux des Relais sociaux de Namur, Liège et Charleroi. Trois autres (La Louvière, Tournai et Mons) relèvent actuellement de la compétence de la Ministre de l’Action sociale. La convention pour le Housing First de Mons débutera à partir de 2018.

    En matière d’aide alimentaire, le Gouvernement wallon a adopté définitivement le projet d’arrêté insérant des dispositions relatives à l’aide alimentaire dans le Code réglementaire wallon de l’action sociale et de la santé ce 14 septembre 2017. Ce projet de décret intègre la création de restaurants sociaux et d’épiceries sociales ainsi que la coordination de l’aide alimentaire.

    L'honorable membre évoque également la pauvreté infantile, dans le cadre du projet de décret allocations familiales, le nouveau modèle prévoit des suppléments attribués en fonction des revenus.

    En ce qui concerne les indicateurs de pauvreté, un tableau de bord d’indicateurs-phares portant sur les inégalités sociales et la pauvreté en Wallonie a été réalisé par l’Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) en janvier 2017. Les indicateurs de contexte comportent des indicateurs de pauvreté monétaire, des indicateurs de déprivation matérielle et des indicateurs de « coût » du logement. La mise à jour de ce tableau de bord est prévue en décembre 2017.

    En outre, la philosophie de départ de ce Plan a toujours été d’être un Plan ouvert à de nouvelles mesures permettant de renforcer la lutte contre la pauvreté. Dès lors, au regard des recommandations de ce rapport de suivi et des priorités que le Gouvernement wallon s’est fixées dans la Déclaration de politique régionale, mon cabinet examine en ce moment les possibilités de réorienter certains axes du Plan ou encore d’ajouter de nouvelles mesures. Parmi les pistes de réflexion se trouvent bien entendu l’emploi et la formation. Comme il le sait, le Gouvernement wallon est fort sensible à la question de l’emploi et de la formation et ceux-ci sont effectivement des facteurs importants pour éviter de tomber dans la précarité.

    Une nouvelle version du texte du PLCP sera présentée au Gouvernement courant 2018 avec un recentrage sur certaines priorités pour davantage de retombées en faveur des publics fragilisés.

    Cette question écrite pose un certain nombre de questions sur des compétences bien spécifiques et qui ne sont pas de mon ressort. Je me permets dès lors d’orienter les questions qui concernent les abris de nuit et les places d’accueil, l’aide alimentaire, la pauvreté des familles monoparentales, le surendettement ou encore le Plan de prévention et de promotion de la santé vers Madame la Ministre de l’Action sociale et de la Santé.

    Quant aux questions relevant de l’emploi et de la formation et, plus spécifiquement, les métiers en pénurie, je renvoie l'honorable membre vers le Ministre de l’Emploi et de la Formation.