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La prévention de la myopie en Wallonie

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 91 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 17/11/2017
    • de ONKELINX Alain
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative

    En mai dernier, j'interrogeais le prédécesseur de Madame la Ministre sur les résultats du dernier baromètre de la santé visuelle indiquant qu'en moyenne, un jeune sur quatre de 16 à 24 ans souffre de myopie.

    Plusieurs facteurs sont en cause, tels que l’utilisation des écrans, l’allongement des études ou encore le manque de lumière naturelle. L’évolution de notre mode de vie, où la vision de près est sans cesse sollicitée, n’y est pas pour rien.

    Concernant cette augmentation des cas de myopie et les différents facteurs en cause, M. Prévot indiquait en mars 2016 avoir l’intention de, je cite : « interroger le Conseil supérieur de la santé pour savoir si la promotion de la santé devrait mener, avec l’aide de spécialistes – des ophtalmologues – une réflexion de communication sur le sujet ».

    Cette réflexion n'ayant pas eu lieu, il m'indiquait en avril dernier qu'il se chargeait d'interpeller à nouveau l'avis du CSS. Qu'en est-il aujourd'hui ? Cette réflexion a-t-elle eu lieu ?
  • Réponse du 07/12/2017
    • de GREOLI Alda

    L’augmentation de la myopie dans le monde est un problème de santé publique principalement dans les pays industrialisés. Une étude du KCE s’est penchée sur les déficiences visuelles en 2012. La première constatation est que les troubles de la réfraction sont fréquents en Belgique : 7 répondants sur 10 rapportent au moins un trouble de réfraction : la myopie est le plus fréquemment citée (38.4 %), suivie de près par la presbytie (35.7 %). Astigmatisme (10.8 %) et hypermétropie (8.9 %) sont moins fréquemment mentionnés. Il est intéressant de noter que les personnes interrogées ont souvent une connaissance limitée de leur trouble oculaire, en particulier en ce qui concerne les dioptries.
    À notre connaissance, nous ne disposons pas de statistiques actualisées sur le nombre de personnes touchées par la myopie en Wallonie. Il semblerait que la prévalence (1) s’élève comme ailleurs en Europe (2) à environ 30 %.

    Une politique de prévention doit s’attaquer aux risques de myopie. Le déterminisme de la myopie est multifactoriel (hérédité et environnement). Un mécanisme mixte semble actuellement le plus probable même si les facteurs héréditaires ont un rôle incontestable. Le défaut d’activités extérieures en tant que facteur de risque soulevé pour la myopie pourrait provenir d’une diminution de l’exposition à la lumière naturelle. Cependant, les mécanismes qui pourraient expliquer cela sont encore mal compris.

    Une récente étude menée en Chine dans 12 écoles sur un effectif de 1 903 enfants âgés d’environs ; 7 ans sur une durée de 3 ans, a montré qu’une activité extérieure journalière de 40 minutes environ pourrait diminuer la prévalence de la myopie de 23 % par rapport à un groupe témoin. D’autres études, par exemple une méta-analyse menée sur 145 études (3), montre que la prévalence de myopie augmente en Europe de l’ouest et pourrait atteindre 56 % des personnes dans 35 ans en 2050. Différents facteurs sont mis en avant comme l’exposition à la lumière extérieure qui serait protectrice ou l’augmentation d’activités et de travaux sollicitant une vision de « près » (papiers/écrans) qui serait un facteur aggravant.

    Par ailleurs, la promotion de l’activité physique, notamment par des activités à l’extérieur, est profitable à la santé de toute la population pour ses effets sur les maladies cardiovasculaires, sur le cancer, sur l’obésité et autres problèmes de santé.

    Avant d’avoir l’avis du conseil supérieur de la santé, on peut donc déjà s’atteler à la promotion de l’activité physique et des activités extérieures. En faisant la promotion de l’activité physique extérieure, on agit donc sur plusieurs facteurs de risque pour la santé. Nous en tiendrons compte dans la planification de la promotion de la santé en Wallonie.








    (1) En épidémiologie, la prévalence est une mesure de l'état de santé d'une population à un instant donné. Pour une affection donnée, elle est calculée en rapportant à la population totale le nombre de cas de maladies présents à un moment donné dans une population (que le diagnostic ait été porté anciennement ou récemment). La prévalence est une proportion qui s'exprime généralement en pourcentage.

    (2) Prévalence standardisée pour l’âge utilisant la population standard européenne 2010 pour la tranche d’âge des 25 à 90 ans : 30.6 % de myopie et 2.7 % de myopie forte, disponible sur http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25784363

    (3) Global Prevalence of Myopia and High Myopia and Temporal Trends from 2000
    through 2050, Brien A. Holden, PhD, DSc,1,2 Timothy R. Fricke, MSc,1 David A. Wilson, PhD,1,2,3 Monica Jong, PhD,1 , Kovin S. Naidoo, PhD,1,2,3 Padmaja Sankaridurg, PhD,1,2 Tien Y. Wong, MD,4 Thomas J. Naduvilath, PhD,1,Serge Resnikoff, MD1,2, American academy of ophtalmology journal, January 2016