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Les problèmes d'assuétude liés au secteur du jeu

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 111 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 22/11/2017
    • de DUFRANE Anthony
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative

    Le nombre de licences de jeu augmente en Belgique. Selon les chiffres de 2016, la Commission des jeux compte 21219 licences tous domaines confondus. Il s’agit d’une augmentation de 3,5 %.

    À l’heure actuelle, la Belgique compte 176 salles de jeux, 9 casinos, 5 hippodromes et 1000 agences de paris. Le nombre de cafés titulaires de licence ne cesse d’augmenter. Ce secteur est donc en pleine expansion.

    L’objectif de la Commission des jeux est de contenir ce nombre de licences, voire de le diminuer dans certains cas. En effet, un des objectifs de la Commission est de réduire à 600 (au lieu de 1000), le nombre d’agences de paris. Le but selon la commission est d’éviter d’avoir trop de concurrence dans ce milieu et de diminuer le nombre de personnes ayant une addiction pour les jeux, une assuétude.

    Quel est l'avis de Madame la Ministre sur le sujet ? Aurait-elle des chiffres à nous fournir concernant le taux d’assuétude aux jeux de hasard en Wallonie ?
  • Réponse du 07/12/2017
    • de GREOLI Alda

    Pour être précise, je parlerai ici uniquement de jeux de hasard et d'argent, car c'est la combinaison du jeu, du hasard et de l'argent qui entraîne une véritable assuétude. Plus court est le temps d’attente entre la mise financière et le résultat du jeu, plus est grand le risque de développer une addiction.

    Cette assuétude peut avoir des conséquences dramatiques pour la personne elle-même, mais aussi pour son entourage, puisque la personne dépendante peut perdre ses biens, son emploi et s'engager dans des dettes qui vont avoir des répercussions très négatives sur sa famille. Cette assuétude aura donc des répercussions importantes sur la situation sociale et psychique des joueurs et de leurs proches.

    Il est difficile de quantifier le nombre de personnes dépendantes aux jeux de hasard et d'argent. Néanmoins, en 2016, le programme en ligne d'entraide de l’aide-aux-joueurs.be a enregistré 132 inscriptions sur son site. Parmi celles-ci, 49 % provenaient de la Wallonie. 68 % des personnes ont déclaré avoir des problèmes d’endettement et 78 % demandaient une aide pour la première fois. La moitié des personnes travaillent à temps plein et les deux tiers ont entre 18 et 44 ans. Les jeux les plus pratiqués par ces personnes sont le casino en ligne (49 %), les salles de jeux (36 %), les paris sportifs (35 %) et les billets de loterie (34 %).

    Une autre source est constituée par la liste noire des casinos et des salles de jeux. Cette liste, gérée par la Commission des jeux de hasard, reprend les personnes qui sont exclues des casinos et des salles de jeux en Belgique. Une personne peut se trouver sur la liste par décision volontaire, à la demande d’un tiers ou par décision judiciaire si le joueur est en règlement collectif de dettes. Le nombre total de ces personnes est à prendre avec des pincettes puisque certaines personnes se trouvent d'office sur la liste de par leur profession (magistrats, notaires, huissiers, policiers). En 2016, la liste comportait 328.822 personnes exclues, dont 8 %, suite à une demande volontaire.

    Une réduction du nombre d’agences de pari semble à priori propice à la limitation des possibilités d’addiction, par l'éloignement de la tentation et par la diminution des occasions de parier. Mais cette limitation pourrait augmenter le recours aux jeux en ligne qui sont plus difficiles à réglementer. Une restriction trop importante pourrait aussi avoir pour conséquence le retour des salles de jeux clandestines, c'est-à-dire de lieux non réglementés où le joueur est encore moins protégé de son addiction et de ses conséquences et où, en plus, il est confronté à un milieu délinquant. De mon point de vue de Ministre de la Santé et de l'action sociale, cela aggraverait les conséquences nocives des assuétudes existantes.

    Nous touchons ici à la tension entre deux nécessités qui se retrouvent toujours en matière de réglementation des objets menant à une assuétude : d'un côté, la nécessité de légiférer pour protéger les joueurs et leur famille et, d'un autre côté, la nécessité de ne pas trop interdire pour éviter la création d'un milieu délinquant. Une interdiction totale est donc nuisible pour les joueurs et leur prise en charge puisqu'elle n'empêche pas le phénomène, mais le renvoie dans l'illégalité.

    N'oublions pas qu'auparavant les jeux de hasard et d'argent étaient interdits, ce qui n'a jamais empêché les joueurs de perdre de l'argent dans des salles plus ou moins clandestines (et donc aux mains d'un circuit délinquant géré notamment par la mafia) ou tolérées comme les casinos. La loi actuelle plus pragmatique a heureusement clôturé cette situation bancale. Je ne peux pas répondre plus précisément à la question sur l'opportunité de diminuer le nombre d'agences de pari.

    Je profite de la question pour rappeler que la Wallonie possède des lieux spécifiques liés à cette problématique : l’hôpital Van Gogh, les groupes d'entraide de joueurs anonymes ainsi que les services subventionnés par la Région wallonne tels que le Centre Alfa, l’hôpital de jour La Clé à Liège et le projet Césame du centre de santé de Jolimont.