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Le patriotisme économique

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 32 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 22/11/2017
    • de STOMMEN Isabelle
    • à BORSUS Willy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    Une multitude d’actions ont été entreprises en vue de favoriser ce que l’on pourrait appeler le « patriotisme économique ». Les compétences de la Région en matière d’Économie, d’Agriculture, de Tourisme, de Pouvoirs locaux ou encore de Fonction publique sont toutes concernées par l’importance de « l’achat wallon ». Nous pouvons d’ailleurs nous réjouir du relatif consensus autour des diverses mesures déjà en place. Car le soutien de la production wallonne est crucial si nous voulons augmenter notre demande interne.

    La Déclaration de politique régionale du 25 juillet dernier insiste sur certains pans d’actions prioritaires.

    Au vu du poids et du rôle des pouvoirs publics, la dynamisation de l’économie sera soutenue à travers l’exemplarité de l’État notamment dans la politique des marchés publics. L’État au sens large du terme reste en effet un consommateur de taille. Il achète des biens et des services à travers tout le territoire. Rien que pour les pouvoirs locaux (communes, CPAS, provinces, zones de secours et de police), ce poids économique représente presque 40 milliards d’euros de budget global (exploitation et investissements) en 2016. En Wallonie, cela représente 11,4 milliards de budgets agréés.

    D’un autre côté, le soutien aux artisans wallons est également un excellent moyen de stimuler la créativité et le besoin d’entreprendre des jeunes. Les mesures de formation et de promotion des nouvelles technologies pouvant impacter ces acteurs vont ainsi dans le même sens. De plus, le soutien de certaines filières comme le bois ou encore la pierre wallonne sera également poursuivi.

    Le tourisme, qui représente plus de 5 % du PIB wallon, s’est orienté en véritable vitrine du savoir-faire wallon. Les initiatives sont payantes et renforcent ainsi la démarche « marketing » autour des richesses de notre territoire.

    Enfin, en matière d’agriculture, la poursuite de la valorisation des produits locaux et le renforcement de la qualité de notre production sont aujourd’hui des actions incontournables. Le Gouvernement a d’ailleurs affiché sa volonté de soutenir les circuits courts, les filières biologiques ou encore la labellisation de certains produits.

    Quel accent Monsieur le Ministre-Président donnera-t-il au patriotisme économique ?

    Vu les nombreux champs d’action de la thématique, poursuivra-t-il un pilotage transversal des mesures de soutien au « Made In » wallon ?
  • Réponse du 12/12/2017
    • de BORSUS Willy

    Je tiens à assurer que l’action du Gouvernement est pleinement concernée par les enjeux socio-économiques de notre Région. À mon sens, une politique économique vigoureuse, adaptée et qui se traduit par des résultats sur le terrain permettra d’influencer durablement le regard que pose le citoyen wallon sur sa Région.

    En tant que Ministre-Président, je souhaite changer le regard des investisseurs étrangers sur la Wallonie, mais aussi le regard des Wallons sur leur propre région. Ma mission est de mettre en valeur toutes ces initiatives positives créatrices de richesses à la fois économiques et sociales. Nos talents ont besoin de reconnaissance et d’être davantage connus au-delà de nos frontières et auprès de nos concitoyens et enfin auprès des acteurs publics comme privés.

    Concernant l’agriculture, il est selon moi indispensable de ne pas opposer circuits courts, locaux, bio et productions à plus grande échelle. En effet, nous devons soutenir et favoriser la consommation locale tout en nous positionnant stratégiquement sur les marchés étrangers. Toutes les actions positives doivent être soutenues et valorisées.

    C’est dans cette perspective que, quotidiennement, je rencontre ceux qui font vivre notre région, des petits artisans jusqu’à nos plus importants fleurons industriels.

    Le patriotisme économique wallon consiste d’abord à renforcer, mieux structurer le tissu économique wallon. Nous ne devons pas rester sur les acquis et espérer écouler nos produits par un plan marketing public ou privé. Nous devons produire de l’excellence et la valoriser. De cette manière, les produits régionaux seraient davantage consommés non seulement par les Wallons eux-mêmes, mais aussi par nos compatriotes et nos amis de l’Union européenne pour ne citer qu’eux.

    Dans cette optique, l’esprit d’entreprendre est un élément fondamental d’une redynamisation de nos productions. Pour ce faire, nous encourageons nos entrepreneurs à être créatifs en développant un environnement favorable et en facilitant l’éclosion d’idées nouvelles et la création d’entreprises. Nous pouvons parler d’innovation aussi dans des secteurs tels que l’artisanat, les métiers de bouche ou encore l’agriculture.

    Afin de soutenir nos exportations, l’accompagnement des entreprises à l’export fera l’objet d’une démarche entièrement intégrée avec l’ensemble des structures wallonnes. Cela implique évidemment celles qui sont en charge de l’exportation et de l’internationalisation, mais aussi les structures en charge de l’entreprenariat ou encore de la créativité. Nous devons soutenir ainsi l’entreprise dans chaque étape de son développement.

    Par ailleurs, ma préoccupation pour notre agriculture est plus que jamais présente. Pour répondre à la volonté de valoriser nos produits locaux et la qualité de ceux-ci, il est crucial de soutenir ou développer les filières de circuits courts, d’augmenter les débouchés auprès des collectivités et de faire connaître nos produits à nos plus jeunes consommateurs. Cela pourra conduire à une augmentation de la demande et renforcera par conséquent nos producteurs, y compris vis-à-vis des autres opérateurs économiques de la chaîne agroalimentaire.

    Dans le même temps, une collaboration entre l’AWEx et l’APAQW vise par exemple à faire connaitre nos produits au-delà de nos frontières. Je suis convaincu que la Wallonie est riche de produits wallons de qualité et diversifiés. Cependant, je suis aussi convaincu qu’ils peuvent être davantage reconnus à l’international.

    En outre, les pouvoirs publics wallons, et tout particulièrement les pouvoirs locaux, constituent bien entendu un des moteurs essentiels dans le développement économique de nos petites et moyennes entreprises. À cet effet, la loi du 17 juin 2016 relative aux marchés publics, qui transpose la directive européenne 2014/24/UE, facilite l’accès aux marchés publics pour nos PME et nos producteurs wallons.

    Je pense spécifiquement à la disposition qui relève le seuil permettant de conclure le marché par simple facture acceptée, de 8.500 euros à 30.000 euros. Tout en respectant bien entendu les règles de mise en concurrence, ce type de procédure, de par sa flexibilité, permet au pouvoir adjudicateur d’attribuer le marché à des commerçants et entreprises de proximité.

    Par ailleurs, la loi du 17 juin 2016 érige au rang des procédures standards la procédure négociée, alors qu’elle constituait jusque-là une procédure exceptionnelle. Le recours à ce type de procédure, caractérisée par sa souplesse, est élargi et facilite dès lors également l’accessibilité de nos PME aux marchés publics. L’allègement général de la charge administrative pour le soumissionnaire dans l’ensemble des procédures y contribue également positivement.

    Enfin, la disposition relative à l’obligation de scinder en lots les marchés supérieurs au seuil de 135.000 euros, contribue à élargir ainsi l’accès aux PME, qui n’ont pas toujours la capacité de soumissionner seules à de tels marchés publics.

    En conclusion, je souhaite que nous puissions nous interroger sur ce qui se fait en Wallonie avant de recourir à des produits provenant de l’étranger dans tous les cas où cela est possible. Néanmoins, cela ne doit pas être un dogme ou un facteur d’exclusion. Nos produits doivent être valorisés aussi parce qu’ils sont les meilleurs et non, uniquement, parce qu’ils sont wallons. Cela nécessite une remise en question permanente de nos savoirs et de nos savoir-faire à la recherche de cet objectif, qui est : « l’excellence ».