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La vente en circuit court du bois de chauffage en Wallonie

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 161 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 29/11/2017
    • de MOUYARD Gilles
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    Le charme incomparable du bois attire de plus en plus de Wallons. Les vendeurs de bois de chauffage constatent en effet une hausse cet automne du nombre de nouveaux clients, qui passent leur première commande pour alimenter leur insert.

    En Wallonie on estime que le chauffage de bois est utilisé par 25 % des ménages. Mais attention, les stocks sont limités et les coupes réglementées par le Département de la Nature et des Forêts (DNF). Monsieur le Ministre indiquait d’ailleurs à ce sujet que les importations de bois de chauffage montraient une forte augmentation pour la Belgique et que sur les 150.000 tonnes de bois de chauffage importées en Belgique en 2016 venaient essentiellement des Pays-Bas (51 %) et de la France (13 %). La Wallonie prenant une part de l’ordre de 35 % de ces exportations, soit environ 52.500 tonnes.

    A de nombreuses reprises, Monsieur le Ministre a indiqué que nos forêts représentent un atout économique majeur pour la Wallonie. Et que, dans ce cadre, les défis à relever sont nombreux. Il pointait à ce sujet deux enjeux essentiels : l’équilibre entre résineux et feuillus et le développement de la vente en circuit court.

    Quelle est son analyse de la situation ? Pourrait-il faire le point de manière chiffrée sur les stocks de bois de chauffage en Wallonie ? Quelles sont les pistes actuellement à l’étude pour augmenter nos stocks de bois de chauffage ? Serait-il envisageable de diminuer l’importation de bois de chauffage en Wallonie ? Dans l’affirmative ou la négative, pourrait-il justifier sa réponse ? Qu’en est-il de l’enjeu du développement de la vente en circuit court du bois de chauffage en Wallonie ?
  • Réponse du 19/12/2017
    • de COLLIN René

    L’augmentation de la consommation de bois de chauffage fluctue avec les variations de température. Les petits consommateurs ne stockent pas de grandes quantités de bois chez eux et ils se réapprovisionnent en fonction de leurs besoins, généralement en automne, quand le temps se refroidit. Cependant, les récentes ventes d’automne font état d’un marché du bois de chauffage très déprimé. Bon nombre de lots de qualité chauffage sont restés sans offre ou retirés car estimés trop bon marché.

    L’Inventaire permanent donne un accroissement annuel moyen de 1.313.000 m³ pour les bois feuillus, source principale du bois bûche. C’est donc le potentiel maximum de bois de chauffage disponible en Wallonie, dans un esprit de gestion durable. La récolte moyenne de bois feuillus n’est cependant que de 870 000 m³ (plus proche de 700 000 m³ à l’heure actuelle). Si l’on considère qu’un tiers de ce bois est scié, un tiers utilisé en trituration et un tiers comme chauffage, nous avons un potentiel de 438.000 m³ de bois de chauffage dont 290.000 m³ sont exploités sous cette forme.

    Le « Bilan énergétique de la Wallonie 2014 », publié par l’ICEDD en 2016 estimait la consommation de bois bûche par les ménages wallons à 350.000 tonnes. La Wallonie dispose donc théoriquement du potentiel pour satisfaire cette demande. En parallèle, le même bilan énergétique enregistre une augmentation de la consommation de pellets, qui se fait, dans une certaine mesure, au détriment du bois bûche.

    Pour la Belgique, les statistiques d’importation de bois de chauffage au sens large du terme (Code SH 440110 – qui ne nuance pas les types de bois : bois B, bois bûche, plaquettes…) montrent une forte augmentation entre 2010 et 2012 suivi d’un fort recul depuis cette date. De 482.000 tonnes en 2012 (dont 345.000 tonnes de bois B en provenance du Royaume-Uni), nous sommes revenus à 150.000 tonnes en 2016. Ces 150.000 tonnes proviennent essentiellement des Pays-Bas (76.000 tonnes soit 50 %, très vraisemblablement du bois B pour le panneau, la cogénération ou le chauffage industriel) et dans une moindre mesure de France (13 %), du Luxembourg (11 %) et des Pays de l’Est (± 20 %).

    Proportionnellement à la répartition de la population, la part wallonne devrait être théoriquement de 52.500 tonnes dont une part nettement moindre de bois bûche. Sans pouvoir l’objectiver, cette répartition est certainement gonflée par rapport à la réalité de terrain.

    Actuellement, la part d’importation reste donc proportionnellement faible et pourrait être satisfaite par une augmentation des prélèvements feuillus. Le facteur contraignant reste néanmoins le prix de revient du bois bûche wallon par rapport à ses concurrents étrangers, essentiellement des Pays de l’Est. Ainsi il a été dit que des bois de chauffage roumains arrivaient sur notre marché à 35 euros le m³ apparent contre 60 euros environ chez nos producteurs qui ne peuvent s’aligner sur ce prix.

    Des actions de promotion peuvent néanmoins être entreprises pour essayer de défendre notre propre production. Ainsi, dans le cadre la marque « Bois Local, Notre Savoir-Faire », l’Office Economique wallon du Bois enregistre désormais un tiers de producteurs de bois de chauffage.