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La pollution atmosphérique par le ruthénium 106

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 437 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 01/12/2017
    • de TROTTA Graziana
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings

    Il y a quelques semaines, des concentrations anormalement élevées de ruthénium 106 ont été enregistrées dans plus d'une dizaine de pays européens.

    Dès le 25 septembre dernier, l'Institut français de radioprotection et de sécurité nucléaire (IRSN) donnait l'alerte sur ces relevés anormaux.

    Cette pollution aurait traversé notre pays également, à l'instar de nombreux autres pays d'Europe de l'Ouest et d'Europe centrale. Rapidement, les soupçons se sont portés vers la Russie et son service fédéral de météorologie (Rosgidromet) a finalement reconnu que cette pollution radioactive avait pour origine son territoire.

    Le pic de pollution a été localisé à une trentaine de kilomètres du site de retraitement nucléaire Maïak, connu pour l'explosion en 1957 d'un entrepôt de plutonium militaire ayant entraîné 266 décès et l'évacuation de 10.000 personnes, ce qui est considéré comme le troisième accident le plus grave de l'histoire nucléaire après Tchernobyl et Fukushima.

    S'agissant de la pollution radioactive détectée en septembre, la Russie n'a toutefois pas fourni d'informations sur sa source et la raison précise de la fuite de ruthénium 106. Ce manque d'informations, ainsi que le fait que la Russie ait tardé à reconnaître que le problème venait bien de son territoire, amène légitimement à penser que la situation n'est pas sans gravité.

    Pour ce qui concerne la Belgique et singulièrement la Wallonie, Monsieur le Ministre peut-il me faire part de l'ensemble des données et informations dont il dispose relativement à cette pollution au ruthénium 106 ? Quelles sont les concentrations enregistrées depuis le 25 septembre dernier ? Quelles sont les conclusions des scientifiques sur l'impact de cette pollution pour la santé et pour l'environnement ? Y a-t-il unanimité au sein de la communauté scientifique sur cet impact ou pas ?

    Y a-t-il eu concertation sur ce dossier entre son département et le Fédéral et, si oui, quelles en sont les suites ?
  • Réponse du 19/12/2017
    • de DI ANTONIO Carlo

    Cet épisode de pollution au Ruthénium 106 est survenu entre le 27 septembre et le 13 octobre 2017. À cette période, les échantillons prélevés en trois stations du Sud de la France (Seyne-sur-Mer, Nice et Ajaccio) ont en effet révélé la présence de ruthénium 106 à l’état de traces. Les valeurs de ruthénium 106 obtenues pour le reste de la France, y compris dans les régions Nord, Nord-Est (Orsay, Villeneuve-d’Ascq, Charleville-Mézières, Nancy par exemple), se situaient sous le seuil de détection.

    En Belgique, la surveillance radiologique du territoire est assurée par l’Agence fédérale de Contrôle nucléaire (AFCN). Cette mission n’incombe donc pas à la Région wallonne. La surveillance opérée par l’AFCN a lieu à deux niveaux, à savoir via le réseau de mesure en continu du taux de radioactivité dans l’air (TELERAD), ainsi que via des campagnes périodiques de prélèvements d’échantillons sur le terrain. Le réseau TELERAD est un réseau d’alerte rapide visant la protection directe de la population. Étant donné que celui-ci n’a pas détecté d’augmentation du taux de ruthénium, cela signifie qu’il n’existe aucun risque pour la santé de la population, des travailleurs et pour l’environnement. Les mesures réalisées dans le nord de la France confirment en effet cette absence de risque.

    Contactée par les services wallons, l’AFCN nous a confirmé que le réseau TELERAD n’avait détecté aucune augmentation du taux de radioactivité. De plus, dès que l’AFCN a été informée que certains pays détectaient des traces de ruthénium 106 sur leur territoire, celle-ci a immédiatement fait analyser les échantillons de poussières atmosphériques qui sont collectés en routine, en complément du réseau TELERAD. Ces analyses complémentaires n’ont pas permis de détecter d’augmentation du taux de radioactivité, toutes les valeurs mesurées restant sous les niveaux de détection. Néanmoins, étant donné la génotoxicité avérée et sans seuil des radiations ionisantes, leurs effets cancérigènes et mutagènes (International Agency for Research on Cancer), il ne semble donc pas scientifiquement correct de parler d’absence totale de risques sanitaires lorsque les valeurs se situent en dessous des seuils de détection. Il conviendrait de parler alors de risques négligeables, mais difficilement évaluables en fonction des moyens dont nous disposons actuellement.

    Concernant la concertation entre les niveaux fédéral et régional, si l’AFCN est prévenu via son système de surveillance radiologique d’un incident, celle-ci prévient immédiatement le Centre de Crise fédéral, qui est chargé de coordonner la situation, et notamment d’informer les centres de crise régionaux.