/

Le projet "Interreg V - aide aux aidants de personnes âgées en perte d'autonomie"

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 145 (2017-2018) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 11/12/2017
    • de DURENNE Véronique
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative

    En 2015, le Gouvernement wallon a validé le projet « Interreg V - aide aux aidants de personnes âgées en perte d’autonomie ».

    Madame la Ministre peut-elle me dire ce qu’il en est de ce projet ? A-t-il démontré une efficacité ? Combien de personnes mobilise-t-il ? Combien de personnes ont-elles déjà pu bénéficier de ce projet ?

    Quels sont les budgets déjà engagés ? Une évaluation intermédiaire a-t-elle déjà eu lieu ? Sinon, est-elle prévue ?
  • Réponse du 27/12/2017
    • de GREOLI Alda

    Le projet Aidants-Proches/Réseau service permet d’améliorer les connaissances mutuelles et de partager les outils et les solutions afin de mieux accompagner les aidants proches (membres de la famille, entourage, …) de personnes âgées en perte d’autonomie à domicile.

    Le projet a reçu l’aval des autorités de suivi du programme INTERREG V en date du 26 février 2016. Suite à cette décision, le projet d’expérimentation A-P/Réseau Service a officiellement débuté le 1er avril 2016 et se clôturera le 31 mars 2020.

    Comme l'honorable membre le sait, face au vieillissement de la population, cet accompagnement est devenu un enjeu de santé publique majeur pour les États européens. Parmi ces aidants, beaucoup sont surexposés à des facteurs de stress pouvant les conduire à un épuisement personnel. Ce constat est d’autant plus vrai pour les aidants de personnes âgées avec des troubles cognitifs majeurs comme la maladie d’Alzheimer.

    En effet, l’incompréhension de cette maladie et le sentiment d’impuissance de certains aidants face aux troubles cognitifs de leur proche sont autant d’éléments qui expliquent cet état de stress permanent pouvant les conduire à un épuisement physiologique, psychologique et à un repli social.

    C’est pourquoi, à partir des dispositifs médico-sociaux existants sur le territoire transfrontalier des Hauts de France et de la Wallonie, le projet « Aidants-Proches/ Réseau service » a pour ambition de développer les compétences psychosociales des professionnels du domicile et d’offrir des services d’accompagnement de qualité aux aidants proches de personnes atteintes de troubles cognitifs.

    Les partenaires de ce projet, des organisations du secteur public, se sont associés pour garantir la pérennité des actions.

    L’AViQ, responsable du projet, s’est entourée des partenaires organisateurs suivants : l’Agence régionale de la santé des Hauts de France, le Département du Nord, l’Université de Liège (le Département de Psychologie) et la CARSAT Nord Picardie. Tous les partenaires organisateurs du projet ont, en outre, décidé de s’appuyer sur des acteurs de terrain présents sur leur territoire et travaillant auprès des aidants. Il ne s’agit pas de créer de nouvelles structures, mais bel et bien d’intégrer ou de renforcer de nouveaux services au sein de ces structures. Ainsi, du côté des Hauts de France, l’ARS et le Département du Nord travaillent avec les Plateformes de Répit des aidants. En Wallonie, nous travaillons avec les Mutualités et les Fédérations des services d’aide et de soins à domicile.

    Je dois encore citer d’autres partenaires qui sont membres du comité scientifique ou du comité de pilotage et qui, à ce titre, apportent leur expertise au projet et facilitent le réseautage. Il s’agit de l’association Aidants Proches, de l’Université de Lille 3 et des associations telles qu’Alzheimer France ou Alzheimer Belgique.

    Le projet A-P Réseau Service invite les acteurs des deux pays à développer des pratiques professionnelles dans l’accompagnement des aidants proches, et ce autour de trois volets :

    - la formation des professionnels ;
    - l’accompagnement individualisé des aidants ;
    - la création d’un réseau professionnel franco-belge.

    Si l’année 2016 fut consacrée à la conceptualisation du projet et à la mise en place du comité de pilotage et du comité scientifique pour coordonner et gérer le projet, l’année 2017 est l’année de la réalisation des actions.

    Axe 1 : La formation des professionnels 

    Il s’agit de renforcer les compétences des professionnels du domicile dans l’accompagnement des aidants de personnes atteintes par une maladie de type Alzheimer. Cette formation de deux jours a débuté en février 2017. Elle a pour objectif de permettre, à plus de 50 coordinateurs pour la Belgique et à plus de 60 professionnels des Plateformes de Répit pour la France, de repérer les aidants en risque d’épuisement personnel et de les orienter vers un accompagnement individualisé. Il s’agit de détecter les aidants en crise ou en situation à risque pour une meilleure prise en charge.

    Aujourd’hui, cet objectif a déjà été atteint dans la mesure où 52 professionnels ont reçu une formation au « repérage de l'épuisement personnel des aidants». Ces professionnels se sont engagés à former à leur tour d’autres collègues, des aides familiales ou garde-malades qu’ils encadrent. D’autres séances sont programmées pour l’année 2018.

    Dans un second temps, et dans un souci de pérennité, le projet vise à favoriser l’e-learning des professionnels du domicile. Le Département de psychologie de l’ULg (unité de la Sénescence) a développé un matériel didactique, notamment au travers de capsules vidéo accompagnées d’outils d’animation, pour permettre aux institutions formées de sensibiliser d’autres professionnels de leur institution (Train the trainer). Dès janvier 2018, ces professionnels restitueront à leur tour cette formation auprès d’autres acteurs du domicile. Des outils d’e-learning ont été créés et mis à disposition des centres de coordination et mutualités partenaires du projet.

    Enfin, un programme de formation à l’accompagnement individualisé des aidants de personnes atteintes par la maladie de type Alzheimer a été mis en place. Il s’agit d’un programme novateur et adapté aux besoins des aidants à destination de neuropsychologues, via notamment la participation des cliniques de la mémoire et des centres de gériatrie pour la Belgique et les Plateformes de Répit pour la France. Cette formation au counseling des aidants dure 5 jours et les sessions ont débuté en avril 2017. Depuis, 31 psychologues ont déjà suivi la formation au «counseling des aidants». Les premiers accompagnements individualisés seront réalisés au cours du prochain semestre.

    Axe 2 : L’accompagnement des aidants.

    Dans le cadre de leurs missions de coordination, les professionnels sensibiliseront leurs collègues à repérer les aidants en risque d’épuisement personnel (voir le concept d’e-learning) et à orienter les personnes vers un accompagnement individualisé.

    Ces séances de counseling prennent en considération le parcours de vie du couple aidant/aidé : connaître et comprendre la maladie de son proche, réagir de manière efficace (re)connaître ses besoins, comprendre sa relation à l’autre, s’accorder des moments de répit, envisager l’entrée en MR(S), … .

    Axe 3 : La création d’un réseau de professionnels franco-belges.

    La création d’un réseau de professionnels franco-belges vise à permettre le partage et le développement d’approches communes dans l’accompagnement de l’aidant et à définir les prémices d’un cadre de formalisation des pratiques (acteurs, outils, temps).

    Concrètement, ce réseau se traduit par deux rencontres transfrontalières par an qui réunissent tous les partenaires associés au projet ainsi que les professionnels du secteur des deux Régions.

    La dernière en date, celle du 21 novembre 2017, a réuni 35 professionnels franco-belges. Lors de cette dernière journée, 3 thématiques de travail ont été éprouvées : l’accompagnement de l’aidant, la sensibilisation du grand public et la sensibilisation de l’aidant proche.

    Des outils de travail communs sont en cours de réalisation :

    - la roue des besoins de l’accompagnement : cet outil schématise les services et aides disponibles. Il est utilisé comme support lors des entretiens avec les aidants afin de présenter l’offre disponible, repérer et prioriser les besoins et « acter » les propositions faites et retenues avec l’aidant;
    - la « ligne temporelle » pour conseiller les aidants de personnes souffrant de maladies neurodégénératives et apparentées, sur le parcours type d’un aidant (les étapes, les manifestations et les acteurs ressources);
    - des petits clips vidéo ‘témoignages’ d’environ 1 minute pour sensibiliser la population à la thématique des aidants proches de personnes âgées.

    L'honorable membre me questionne également, et à juste titre, sur l’évaluation du projet. Sachant que les premières formations ont débuté en 2017, il est encore difficile d’en évaluer l’impact sur le terrain dans la mesure où les 1ers accompagnements individualisés ont débuté entre septembre et décembre 2017. L’efficacité de la formation n’a pas encore été mesurée, mais les premières évaluations a priori, avant la formation, ont bien été réalisées.

    Pour rappel, l’évaluation du projet repose sur 3 objectifs :

    1° l’analyse psychosociologique du profil des aidants : dégager les caractéristiques, tant situationnelles qu’individuelles, qui sont susceptibles d’augmenter la probabilité de demande et/ou d’acceptation d’aide. Plus précisément, nous souhaitons relever, sur le plan sociologique et psychologique, les facteurs qui déclenchent un besoin de soutien (ou non) chez l’aidant proche, ainsi que ceux qui favorisent, par exemple, la compliance aux séances de counseling;

    2° l’évaluation de l’efficacité de la formation des professionnels : déterminer les retombées des formations données par l’Université de Liège auprès des professionnels. Nous souhaitons donc évaluer les bénéfices liés aux formations, mais également prendre connaissance des ressentis des professionnels formés;

    3° l’évaluation de l’impact du counseling sur les aidants : appréhender les retombées du soutien individualisé (« counseling ») auprès des aidants proches.

    Enfin, notons que le projet, présenté à l’occasion de diverses conférences ou groupes de travail, rencontre l’intérêt des professionnels de terrain. La matinée d’informations organisée ce 14 décembre à l’AViQ a d’ailleurs été un vif succès. Elle a permis de faire connaître le projet et ses avancées tant à des organismes déjà impliqués qu’à de nouveaux venus.