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La densification du trafic routier

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 496 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 15/12/2017
    • de PUGET André-Pierre
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings

    Les chiffres du trafic journalier sur les autoroutes wallonnes en 2016 sont récemment parus.
    Il apparaît que le trafic sur certains tronçons se densifie encore d’année en année. Ainsi en va-t-il notamment sur l’E411 en direction de Bruxelles, sur l’E19 entre Mons et Bruxelles, sur l’E42 entre Liège et Namur ou encore sur l’E25 au sud de Liège.

    Je ne reviendrai pas sur les chiffres et le taux de fréquentation des axes routiers dont Monsieur le Ministre aura, très certainement, déjà pris connaissance.

    À ce phénomène de densification du trafic autoroutier, votre réponse ne semble guère aller dans le sens d’un élargissement des voiries.
    En effet, son porte-parole, dans les colonnes de SudPresse du 4 décembre, indiquait que ce type de travaux ne permettrait pas de résoudre les problèmes présents et privilégiait la piste du « changement de mentalité », l’objectif étant de promouvoir le covoiturage.
    Ce projet semble d’ailleurs vouloir être concrétisé sur l'E411 en y réservant une bande à cet effet.

    À l’inverse, Touring reconnaît qu’il y a toujours plus de véhicules sur nos axes routiers. Il pointe notamment du doigt les retraités, plus mobiles que par le passé, ainsi que les véhicules effectuant des livraisons à la suite du développement de l’e-commerce. Et Touring de regretter que la Wallonie n’investisse pas davantage dans la création de nouvelles routes ou de l’élargissement de celles déjà existantes.

    Sans vouloir remettre en question le principe même du covoiturage qui est porteur d’avantages indéniables en termes de mobilité et d’environnement, ne pense-t-il toutefois pas que ce principe ait ses limites et qu’il ne constitue pas un remède miracle aux embarras de circulation que la majorité des gens rencontrent quotidiennement ?

    Cette volonté affichée de vouloir changer les mentalités plutôt que d’entamer des chantiers nécessaires n’est-elle pas un moyen de transférer ses responsabilités sur les citoyens, en faisant reposer uniquement sur eux les causes et les conséquences de l’excès de trafic routier ?

    Est-ce une façon de répondre à un budget insuffisant ?

    Il me semble enfin entendre deux sons de cloche différents au sein de son ministère.

    Si, en l’espèce, son porte-parole affirme que des travaux ne sont pas la solution pour répondre au problème de la croissance du trafic sur certains axes et que ce qu’il faut, c’est changer les mentalités en promouvant le covoiturage, ma dernière question est la suivante : pourquoi, en ce qui concerne le projet de la nouvelle route Pairi-Daiza, il ne privilégiait pas le changement de mentalité et le covoiturage, plutôt que d’entamer des travaux estimés à plusieurs millions d’euros et qui rencontrent l’opposition de plusieurs comités de riverains ?

    Quels éléments justifient que dans un cas, ilprivilégiait le changement de mentalité, et dans l’autre, la création de nouvelles voiries ?
  • Réponse du 27/12/2017
    • de DI ANTONIO Carlo

    Hormis pour certains cas spécifiques tels que des finalisations de contournements, toutes les études convergent sur le fait qu’élargir indéfiniment les voiries contribue à accroître l’attrait de la voiture et ne présente que peu d’impact bénéfique, en termes économique, environnemental ou de réduction de la congestion.

    La Wallonie investit d'ailleurs dans le développement de son réseau routier et son adaptation, dans les cas où cela est pleinement justifié sur les plans socio-économique, environnemental et de mobilité.

    Quelques exemples :
    - l'autoroute Liège – Namur (A15-E42) est élargie à 3 bandes;
    - le contournement de Couvin est en construction. Une partie a été mise en service ce 17 octobre;
    - le contournement de Soignies a également été mis en service récemment.;
    - la route de la Laine à Mouscron se finalisera prochainement.

    Le plan Infrastructures 2016-2019 prévoit également la réalisation de routes de l'emploi c'est-à-dire une meilleure liaison au réseau de certains grands centres pourvoyeurs d'emplois.

    Toutefois, il s'agit de justifier chaque investissement : mobilité, sécurité, aménagement du territoire, rentabilité économique.

    Sauf cas particuliers dûment justifiés comme ceux que je viens de citer, investir dans des bandes de circulation supplémentaires est contreproductif sur le moyen et long terme. Dès lors, je dirais que c’est précisément ce principe qui a ses limites et ne constitue pas un remède miracle.

    D’une manière générale, les mesures qui doivent être privilégiées aujourd’hui doivent viser en priorité à réduire le nombre de voitures et non à l’accroître.

    A l’inverse de ce que vous suggérez, la décision de ne pas investir dans de nouvelles infrastructures est une décision difficile. Il est en effet beaucoup plus difficile d’impacter les habitudes que de construire de nouvelles routes. Les mesures sont plus complexes et plus longues à mettre en place. Ce n’est pas non plus une question de budget puisque dans un premier temps, les mesures qui vont devoir être prises (investissement dans les transports publics efficaces, dans des infrastructures d’intermodalité, dans de nouvelles solutions de partage de voiture) ne seront pas moins coûteuses, mais, à terme, c’est toute la société qui sera structurellement impactée et bénéficiera d’une telle politique.

    Les mesures envisagées seront décrites et budgétées dans le Schéma régional de mobilité qui sera soumis au Gouvernement à l’été 2018, dans la prolongation de la note « FAST » de vison de la mobilité wallonne à l’horizon 2030 qui a été adoptée en octobre par le Gouvernement, sur ma proposition.

    Lorsque les navetteurs se plaignent d'être dans les embouteillages, je leur conseille en effet d'utiliser les transports en commun, le covoiturage et la pratique des modes doux (vélo et marche à pied). Le taux d'occupation des véhicules est le plus faible au moment des heures de pointe. La majorité des voitures aux heures de pointe n'ont qu'un passager, le conducteur. Covoiturer réduit le nombre de voitures et les embouteillages. Comme le dit mon collègue bruxellois : "S’il y a 10 % en moins de voitures, on a 40 % en moins d’embouteillages ; avec 20 % en moins de voitures, on a plus d’embouteillages".

    Il n’en reste pas moins que dans certains cas, il est nécessaire d’investir dans une nouvelle voirie qui intègre les modes de déplacement doux. Le choix de privilégier dans un cas, la construction de nouvelles voiries et dans un autre, des actions visant à réduire le nombre de voitures repose sur des analyses mettant en évidence les impacts en termes économiques, environnementaux et sociaux des mesures envisagées. Chaque décision est prise dans le but de rencontrer le meilleur équilibre possible entre ces dimensions.

    S'il y a l'infrastructure, il ne faut pas négliger les mesures d'exploitation de celle-ci. C'est la tâche du centre PEREX d'exploiter au mieux l'infrastructure notamment par la gestion des événements comme les chantiers, les accidents, les conditions météo, etc.

    Que l'honorable membre sache que le débit maximum de trafic d'une bande de circulation a augmenté significativement. Sur certaines sections autoroutières, on dépasse largement les 2000 unités véhicules particuliers par heure.

    L'honorable membre cible le cas précis de l'accessibilité au parc Pairi Daiza. Qu'il sache que le taux d'occupation des voitures des visiteurs y est élevé. En effet, les visiteurs y vont généralement en famille ou en groupe, soit plusieurs passagers par voiture. Par ailleurs, la localisation, la fonction de ce type de site touristique ainsi que l'origine des visiteurs font que l'offre de transport en commun ne couvre que partiellement les besoins d'accessibilité au site. Le projet de route d'accès nord-ouest au parc a pour objectif d'assurer un meilleur cadre de vie aux villages et hameaux traversés par les nombreux visiteurs venant au Parc par cet itinéraire.

    Pour conclure, je tiens à affirmer que la Wallonie investit fermement dans son infrastructure routière qui en a bien besoin.

    Par ailleurs, en tant que Ministre de la Mobilité, je m'efforce à offrir des alternatives à la voiture (transport en commun, covoiturage, modes doux) et à pousser les usagers à réfléchir sur leur mobilité et à changer les mentalités vu les défis qui se présentent dont le défi climatique et la transition écologique.