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La position wallonne concernant les biocarburants

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 213 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 19/12/2017
    • de DOCK Magali
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    Dans trois commissions au Parlement européen, celle de l’agriculture, de l’environnement et enfin de l’industrie et du transport, trois positions différentes se tiennent sur les biocarburants.

    Le projet de directive « RED II » vise à interdire la production de biocarburants en Europe, mais de nombreux amendements viennent de ces différentes commissions. La première suggère de favoriser la production de biocarburants en Europe, la seconde a l’intention de les interdire et la troisième doit se prononcer fin novembre.

    Quelle est la position de la Wallonie concernant les biocarburants ?

    Quelle est-elle concernant la production de biocarburants sur des sols destinés à l’alimentation ? Quelle est-elle concernant ceux produits à partir de déchets de l’industrie agroalimentaire ?
  • Réponse du 11/01/2018
    • de COLLIN René

    J'invite l'honorable membre à interroger mon collègue le Ministre wallon de l’Énergie qui précisera la stratégie wallonne globale.

    Je peux apporter quelques éléments de réflexion sur les points particuliers qu'évoque l'honorable membre.

    Lorsque l’on parle de biocarburants de première génération, on vise la production d’éthanol à partir de sources d’amidon comme les céréales et les betteraves ainsi que la production de biodiesel à partir de graines oléagineuses en vue d’alimenter des moteurs avant tout de véhicules routiers.

    Sur la question de la concurrence avec les sols destinés à la production de produits alimentaires, il faut rester prudent dans le débat. Par exemple, la production de bioéthanol européen à partir de céréales n’utilise que 2 % de la production totale. Entre 2013 et 2015, l’augmentation dans la production des céréales était deux fois plus importante que la quantité utilisée pour la production d’éthanol. Selon le Centre commun de recherche européen d’Ispra (JRC), en 2015, la production de bioéthanol en Europe a été réalisée à partir de produits et coproduits agricoles cultivés sur moins de 1 % des surfaces agricoles européennes. Par ailleurs, une partie de ces céréales n’est pas valorisable en alimentation humaine.

    La production de biocarburant décrite ci-dessus génère de nombreux coproduits comme le gluten utilisé pour l’alimentation humaine et animale, le son qui peut être valorisé pour la production d’énergie verte et l’alimentation animale, etc. Ainsi, la production d’éthanol génère en masse, une quantité de coproduits qui est presque équivalente à la masse d’éthanol produite. Pour un kilo d’éthanol produit on a pratiquement un kilo de coproduit dont des produits à très haute valeur alimentaire.

    J’ai chargé l’ASBL Valbiom, spécialisée dans la valorisation de la biomasse, d’étudier aussi les aspects de valorisation énergétique. Des recherches sont également en cours au Centre wallon de Recherches agronomiques afin de répondre à une série de questions sur les biocarburants de deuxième génération : la voie offerte par les biocarburants de deuxième génération est-elle la meilleure alternative dans l’état actuel des connaissances ? Quelles sont les autres options ? Quels seraient les impacts de son développement sur l’organisation des filières et des territoires ? Quelle est la voie de valorisation de cette biomasse qui doit être promue : la voie thermochimique (pyrolyse) ou biochimique (bioéthanol), et au départ de quelle matière première ?

    C’est en mobilisant les méthodes offertes par l’analyse prospective et l’analyse multicritères, d’une part, et en mettant en place des références en termes de phytotechnie et d’écobilan de plantes énergétiques émergeantes (miscanthus, panic érigé, maïs fibre, etc.), d’autre part, que les chercheurs trouveront une réponse à ces questions.