/

La densification du parc de logements en Wallonie

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 539 (2017-2018) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 22/12/2017
    • de STOFFELS Edmund
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings

    Si la tendance est à la baisse depuis une dizaine d’années, l’artificialisation du sol wallon continue, 10 à 12 km² par an soit 3 hectares par jour et principalement pour du logement.

    Réduire la consommation annuelle de terres non artificialisées, cette priorité est reprise dans le CoDT (entré en vigueur en juin dernier) et figurera aussi parmi les 20 objectifs du SDT (attendu début 2018).

    Il y a deux échéances principales :
    - maximum 6 km²/an d’ici 2025;
    - zéro km² à l’horizon 2050

    Un objectif identique au « stop au béton » annoncé pour 2040 par le Gouvernement flamand fait l’objet de beaucoup de critiques dans le nord du pays.

    Est-ce réaliste ?

    La Wallonie devrait accueillir 200.000 ménages supplémentaires en 2035 et 300.000 en 2050. Il y aura ± 4 millions d’habitants contre 3,6 millions actuellement.

    Trois indicateurs :
    - la taille moyenne des ménages en constante diminution;
    - la baisse du pouvoir d’achat de la population au regard de l’augmentation du prix des terrains, des maisons 4 façades et de leur coût énergétique;
    - l’évolution des aspirations (ne pas sous-estimer le changement de paradigme de la population plus jeune, à l’image de son rapport à la voiture).

    Cette évolution sociétale ne suffira pas à mettre fin à l’étalement des villes et des villages. « L’utilisation résidentielle d’espace en Wallonie montre une tendance continue au desserrement, à l’opposé d’une densification » souligne une étude actualisée en 2017 de l’Iweps.

    3 hectares par jour, c’est une moyenne. Qu'est-ce que cela donne par plan de secteur ? Quels sont les écarts statistiques entre les plans de secteur ?

    Stop au béton : est-ce une perspective politique à laquelle Monsieur le Ministre adhère ? Comment œuvrer pour éviter qu’à terme, les logements ne se transforment en « cage à lapins » ? Ceci est, certes, une exagération pour l’instant, mais l’est-elle toujours si on se projette 30 ans dans l’avenir ?

    Comment œuvrer pour loger tous ces gens qui vivront en plus en Wallonie ? Cela fait entre 110.000 (2030) à 200.000 (2050) logements en plus. Et, depuis des années, des habitudes contraires à la densification se sont installées. Comment changer ces habitudes ?

    Finalement, la lutte contre l’étalement passera-t-elle aussi par une révision du plan de secteur, par exemple en sortant des surfaces des zones urbanisables pour les transférer vers des zones non urbanisables ?
  • Réponse du 10/01/2018
    • de DI ANTONIO Carlo

    La lutte contre l’étalement urbain et l’artificialisation des terres sont des priorités que j’ai traduites à la fois dans le CoDT et dans le projet de SDT.

    Le SDT propose ainsi un certain nombre d’objectifs et de principes de mise en œuvre qui vont dans le sens d’une utilisation rationnelle et raisonnée du territoire wallon. Le principe qui vise à limiter l’artificialisation à 6 km² par an en 2025, soit la moitié de la superficie consommée actuellement, et 0 km² par an en 2050 est repris sous un objectif plus général qui vise à soutenir une urbanisation et des modes de production économes en ressources (Objectif PV. 3).

    Ces objectifs sont tout à fait réalistes au regard des constats établis dans l’analyse contextuelle qui a servi de base à l’avant-projet de SDT dont le Gouvernement a pris acte le 26 octobre 2017. J'invite l'honorable membre à consulter ces documents sur le site Internet de la DGO4.

    Afin d’anticiper les nouveaux besoins en logements et d’assurer le bien-être de leurs habitants, les typologies de logements devront tenir compte des tendances démographiques (accroissement attendu des personnes âgées et des personnes isolées, mais aussi des ménages à géométrie variable) et répondre aux défis énergétiques et climatiques.

    Cela se traduit notamment par la promotion de logements adaptables et évolutifs, la mise en place de mécanismes tels que les Community Land Trust, les partenariats public privés qui permette l’accès à la propriété dans les zones à fortes pressions foncières (Objectif AM. 1)

    L’enjeu est également de mettre à disposition des habitants des espaces publics de qualité qui permettent de « compenser » la densification en logement et la diminution de l’espace privé. Il s’agira d’aménager des espaces de vies plutôt que des cités-dortoirs. Ces espaces inviteront la nature au cœur de l’espace urbanisé (espaces verts de proximité, jardins partagés, potagers collectifs, etc.) et devront mettre le piéton et les modes doux au centre des préoccupations pour l’aménagement des espaces publics. Plus concrètement, la création d’un espace vert public représentant minimum 10 % de la superficie pourrait être imposée à tout projet d’urbanisation de plus de 2 hectares.

    La CPDT a été chargée de mener une recherche dans le cadre de son programme de travail 2018 visant à obtenir un état des lieux détaillé de la consommation des terres non artificialisées. Cette recherche devra aboutir à un inventaire de mesures et d’outils à actionner afin de concrétiser les objectifs en matière d’artificialisation des terres aux horizons 2025 et 2050.