/

L'exposition des Wallons aux pesticides

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 544 (2017-2018) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 22/12/2017
    • de TROTTA Graziana
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings

    Selon des propos rapportés par la presse du 15 décembre dernier, « l'exposition aux pesticides pourrait être plus conséquente et généralisée que suspectée ».

    Il semble que cette déclaration soit liée à l'étude du professeur Schiffers (professeur à Gembloux en Agro-Bio Tech - Ulg) portant sur des prélèvements réalisés à proximité de l'école de Cortil-Wodon (Fernelmont).

    En octobre dernier, Monsieur le Ministre indiquait que cette étude n'était pas finalisée et que « la situation à Fernelmont n’est pas forcément représentative de l’exposition de l’ensemble de la population wallonne : il peut y avoir d’autres endroits où cela se passe beaucoup mieux ou bien pire ».

    Les résultats finaux sont-ils connus et, si oui, quels sont-ils ? Sur quelles autres données scientifiques repose son affirmation selon laquelle « l'exposition (ndls : des Wallons) aux pesticides pourrait être plus conséquente et généralisée que suspectée » ?

    Monsieur le Ministre estime qu'« un nombre croissant d'accidents et d'études semblent indiquer que l'exposition des populations riveraines de parcelles agricoles est sous-estimée ». Outre le cas susmentionné de Fernelmont, quels sont les accidents et études scientifiques auxquels il fait référence ?

    Il a confié une étude à l'échelle de la Wallonie à l'ISSeP, en collaboration avec le Centre wallon de recherches agronomiques et la faculté universitaire Gembloux Agro-Bio Tech. Quels sont précisément ses objectifs, sa méthodologie, son calendrier et le budget y consacré par son département ?

    Monsieur le Ministre a indiqué avoir l'intention, sans attendre le résultat de cette étude, « de prendre une série de dispositions pour faire en sorte que l'on réglemente mieux l'usage, par les professionnels, des produits phyto, avec des distances de recul, avec des conditions météorologiques à respecter pour les pulvérisations ». Quelles sont les dispositions envisagées ? Quelles seront les nouvelles modalités d'utilisation de pesticides à proximité de zones d'habitations et notamment des lieux fréquentés par des publics sensibles comme les crèches, les écoles, les maisons de repos, etc. ?

    Enfin, on apprend également que le Gouvernement a décidé de relever les seuils autorisés pour cinq molécules polluantes pour les eaux souterraines destinées à la consommation humaine. Qu'en est-il précisément ? Leurs niveaux actuels présentent-ils un risque pour la santé ?
  • Réponse du 15/01/2018
    • de DI ANTONIO Carlo

    L’étude EXPOPESTEN réalisée par l’ISSeP visait à évaluer l’exposition moyenne des Wallons aux pesticides présents dans l’environnement, et plus particulièrement dans l’air.

    Lors de la première phase de cette étude, une campagne de mesure dans l’air de 46 substances actives a été réalisée dans 12 communes de typologie variée au niveau usage des pesticides sélectionnées de manière à fournir une image représentative de l’exposition des Wallons. Les mesures dans l’air ont été réalisées pour des périodes de deux semaines de mai 2015 à mai 2016.

    Les résultats montrent que des pesticides sont retrouvés partout en Wallonie, même dans des zones éloignées de tout usage, attestant que les pesticides peuvent être transportés sur de longues distances par voie aérienne. Le nombre de pesticides différents et la concentration moyenne annuelle dans l’air sont plus élevés dans les communes de typologie agricole. En moyenne, les Wallons résidant dans un village ou une ville entourée de zones agricoles seraient donc plus exposés aux pesticides que les Wallons vivant dans des zones plus éloignées des cultures. Les concentrations en pesticides mesurées dans l’air sont cependant très faibles (de l’ordre du nanogramme).

    Le projet EXPOPESTEN ne visait pas à fournir une estimation de l’exposition pour les populations théoriquement plus exposées que sont les utilisateurs de pesticides et les riverains des champs lors des pulvérisations.

    Dans les zones agricoles, les phénomènes de dérive durant la pulvérisation ou les phénomènes de volatilisation à partir du sol ou de la végétation peuvent être une source d’exposition aux pesticides non négligeable pour les personnes résidant dans le voisinage des cultures traitées.

    Concernant la législation actuelle, les mesures de l’arrêté du Gouvernement wallon du 11 juillet 2013 relatif à une application des pesticides compatible avec le développement durable doivent être corrigées, avant son entrée en vigueur en juin 2018, pour sa partie relative à la protection du public, car le texte préparé lors de la législature passée n'offre aucune protection par rapport aux pulvérisations agricoles. Les discussions sur les modifications de ces mesures sont en cours.

    L’étude PROPULPPP qui vient d’être validée par le Gouvenrnement wallon a pour objet de réaliser un plan d’expérience qui vise à collecter des données de mesures permettant d’objectiver des recommandations pour réduire l’exposition des populations en bordure des champs : bande tampon, barrière physique, conditions d’épandage… Pour y parvenir, le programme de travail vise quatre objectifs spécifiques :
    évaluer l’exposition aux pesticides des populations riveraines de champs cultivés en fonction de la durée écoulée depuis l’épandage ;
    évaluer la manière dont l’exposition varie en fonction de l’éloignement par rapport à la source ;
    évaluer l’influence réelle de paramètres agronomiques et d’une barrière physique sur la contamination des zones en bordure de champs ;
    vérifier par des mesures si le modèle prédictif de l’exposition des résidents, employé lors de l’approbation des substances, permet de couvrir raisonnablement le risque « riverains ».

    Plusieurs plans d’expérience seront mis en œuvre. Des mesures quantitatives et qualitatives des pesticides qui se déposent et qui se retrouvent dans l’air à différentes distances en bordure de champs expérimentaux traités et au cours du temps seront relevées. Des mesures de pesticides émis à plus longue distance de l’application seront également effectuées afin d’estimer la distance à laquelle les pesticides sont retrouvés dans les 24 h qui suivent l’application. Un certain nombre de mesures seront réalisées en situation réelle considéré comme « à risque ». Ces essais in situ seront répétés pour des situations où une barrière physique peut intercepter les émissions du champ. Les agriculteurs voisins seront contactés et leur collaboration sera sollicitée. Des collecteurs et des échantillonneurs seront installés en bordure et à l’intérieur des limites de la zone adjacente à la culture. Les pesticides seront recherchés dans les brumes de pulvérisation en bordure des parcelles, les dépôts au sol, dans l’air, sur les jeux de plein air, dans les poussières à l’intérieur de l’école et dans les urines de volontaires.

    Le budget du projet est de 805.000 euros, avec des résultats attendus dans un an.

    En décembre, le Gouvernement wallon a adopté en première lecture un avant-projet d’arrêté dont l’objet est de compléter les mesures à prendre en matière de protection des ressources en eau souterraine concernant cinq molécules polluantes, dont les métabolites majeurs de quatre substances actives de pesticides (Chlorothalonil, Métazachlore, S-Métolachlore et Chloridazone) ainsi qu’un insecticide (Chlorpyriphos), en renforçant la procédure en cas de dépassement de la norme. L’objectif est donc d’assurer un monitoring de pesticides ou métabolites problématiques pour la production d’eau potable, avec une action le plus en amont possible lorsque l’on s’approche des seuils.