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Les fongicides tueurs de bourdons

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 228 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 22/12/2017
    • de STOFFELS Edmund
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    Cela fait bien longtemps que l’on sait que les pesticides font partie de la liste des nuisibles pour les bourdons et autres insectes pollinisateurs. Mais aujourd’hui les fongicides se rajoutent à la liste.

    C’est en tout cas ce que disent des chercheurs de l’Université Cornell (États-Unis). D’après leurs recherches, il y a un lien entre l’utilisation d’un fongicide et le déclin d’au moins quatre espèces de bourdons.

    Ce fongicide rendrait les bourdons vulnérables au pathogène responsable de la Nosema (infection qui peut leur être fatale).

    Les insectes pollinisateurs ont un rôle important à jouer au niveau de la biodiversité et au niveau de l’horticulture/fruiticulture. Cela peut-il être chiffré en euros ?

    On dit que 35 % de ce que l’on mange dépend desdits insectes. Quel pourcentage cela représente-t-il sur le plan du PIB au niveau wallon ?
  • Réponse du 17/01/2018
    • de COLLIN René

    Une récente étude, menée par des entomologistes de l’Université Cornell, a en effet montré le rôle négatif et non négligeable d’un fongicide sur la survie de 4 espèces de bourdons nord-américains. Le fongicide en question rend les bourdons plus sensibles à un de leurs parasites (un champignon microscopique dénommé Nosema). Une telle étude n’a pas encore été conduite en Europe et les résultats américains ne peuvent pas y être généralisés. Par contre, des chercheurs du Centre wallon de Recherches Agronomiques (CRA-W) et du CARI ont récemment révélé une corrélation entre la présence de résidus de fongicides retrouvés dans les ruches et la probabilité d’effondrement des colonies d’abeilles domestiques.

    Les fongicides viennent s’ajouter à d’autres facteurs déjà connus pour leur effet négatif sur les populations d’abeilles sauvages ou d’insectes en général comme les modifications de l’habitat naturel, l’usage de certains insecticides, l’enrichissement excessif des milieux en azote ou le changement climatique.

    Les bourdons et les abeilles sauvages en général sont pourtant des éléments-clés des écosystèmes et de précieux auxiliaires de notre agriculture et en particulier de l’arboriculture puisque ce groupe d’insectes assure le service de pollinisation indispensable à la formation des graines et des fruits de nombreuses plantes sauvages ou cultivées (en particulier, pour la Wallonie, le colza, certaines légumineuses, les fraises et autres petits fruits). On estime que 80 % des plantes à fleurs dépendent des pollinisateurs. Des études récentes ont évalué mondialement le service de pollinisation rendu aux cultures entomophiles utilisées directement pour l’alimentation humaine à près de 153 milliards d’euros par an. Dernièrement, une étude menée dans le cadre du projet BELBEES, a permis d’estimer ce service pour la Belgique à plus de 251 millions d’euros pour l’année 2010. Cela représente plus de 11 % de la valeur totale de la production de plantes en Belgique et confirme donc l’importance économique de la pollinisation. Ces chiffres ne sont pas disponibles pour la Wallonie, mais on peut estimer que l’importance des pollinisateurs y est aussi grande.