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Le dépérissement des hêtres.

  • Session : 2005-2006
  • Année : 2005
  • N° : 25 (2005-2006) 1

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  • Question écrite du 25/10/2005
    • de BORSUS Willy
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Depuis quelques années, on assiste à un phénomène de dépérissement des hêtres, principalement dans les forêts des provinces de Namur et de Luxembourg.

    Après les dégâts causés par les scolytes, un phénomène de dessèchement des hêtres est apparu, engendrant lui aussi une baisse de la valeur du bois et, partant des revenus des communes forestières.

    Différentes hypothèses sont émises pour tenter d'expliquer ce dessèchement des hêtres: sécheresse, mise en lumière trop brutale, pollution, … mais aucune d'entre elles ne semble expliquer clairement le phénomène.

    Je souhaiterais dès lors connaître les moyens mis en œuvre pour déterminer les causes de ce dépérissement. Des études sont-elles en cours ? Le cas échéant, un budget est-il prévu pour financer des recherches dans ce secteur ? Quelle est l'étendue exacte du phénomène ? Quelles sont les communes les plus touchées ?
  • Réponse du 15/11/2005
    • de LUTGEN Benoît

    Un phénomène de dépérissement (et non de dessèchement) persiste effectivement chez le hêtre depuis les attaques de scolytes.

    Ainsi, selon les observations de l'inventaire effectué annuellement en Wallonie, dans le cadre d'un inventaire paneuropéen de la santé des forêts, on a observé les progressions suivantes :

    - le taux moyen de défoliation observé sur près de 300 hêtres est passé de 17% en 2002 à 21,1% en 2003, 23,2 % en 2004 et 24,6% en 2005 ;
    - le nombre de hêtres présentant plus de 25% de défoliation, seuil considéré comme inquiétant par les scientifiques, est en 2005 de 33% des hêtres observés, contre 20% en 2002.

    Il faut remarquer que des tendances tout à fait similaires se marquent pour la hêtraie des pays voisins au cours de la même période, et que le facteur déclenchant évoqué par les spécialistes est effectivement la sécheresse de l'été 2003.

    Les causes de ce dépérissement peuvent en effet être recherchées dans la succession des évènements défavorables suivants, combinés avec une pauvreté naturelle des sols ardennais et des situations locales qui peuvent atténuer ou accentuer le phénomène :

    - le développement des populations de scolytes, initié par un événement climatique ponctuel, a touché principalement l'Ardenne (y compris dans les pays voisins) à partir d'une certaine altitude ;
    - l'ouverture des peuplements, nécessitée par la vidange des arbres scolytés, constitue effectivement un facteur de « stress » pour une essence sciaphile (essence sciaphile = essence d'ombre) comme le hêtre ;
    - la chaleur et la sécheresse de l'été 2003 (moins marquée que dans certaines régions voisines) ;
    - les fructifications massives en 2004 ; celles-ci ont été initiées en réaction à l'été 2003, et contribuent à épuiser les réserves des arbres car elles consomment beaucoup plus de réserves qu'une feuillaison normale ;
    - cet épuisement des réserves a eu pour conséquence un déficit foliaire en 2005, car une proportion importante de rameaux n'a pas développé de feuilles, spécialement dans la partie haute de la cime ; de ce fait, les réserves reconstituées par l'arbre risquent d'être également déficitaires et il faut s'attendre à un rétablissement très lent en 2006.

    Le fonctionnement des écosystèmes forestiers est extrêmement complexe et un phénomène de dépérissement est généralement la conséquence d'interactions entre de nombreux facteurs (y compris les polluants générés par les activités humaines).

    L'accord-cadre de recherche forestière, conclu entre la Région et les deux facultés universitaires forestières wallonnes, consacre 50% de son programme à l'étude de ce fonctionnement et aux conséquences possibles du changement climatique pour la forêt ; les résultats de ces recherches nous permettront d'orienter la gestion de manière à accroître la capacité de résistance des forêts aux différents « stress ».

    Il en est de même des études menées dans les placettes de surveillance intensive et continue des écosystèmes, menées dans huit sites wallons, dans le cadre d'un suivi européen.

    Les budgets annuels respectifs de ces actions sont de 600.000 euros pour l'accord-cadre et de 123.000 euros (auxquels s'ajoutent 110.000 euros sur le compte de la Commission européenne) pour le suivi intensif.