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La lutte contre les conducteurs fantômes

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 627 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 22/01/2018
    • de TROTTA Graziana
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings

    Selon des chiffres fournis par le précédent Ministre en charge de la Sécurité routière, les conducteurs fantômes sont responsables d'environ 1 % de l'ensemble des victimes de la route, tous réseaux confondus, et d'environ 4 % des victimes sur autoroutes. Cela représente environ 3 accidents mortels par an en Wallonie, et entre 10 et 15 pour l'ensemble du pays.

    Si ce phénomène représente une part minime des accidents mortels comptabilisés dans notre pays (en 2016, les accidents de la circulation ont causé la mort de 637 personnes sur les routes belges), il n'en demeure pas moins dramatique quand on sait qu'un accident à contresens est 10 fois plus mortel que les autres collisions.

    Interrogé sur cette problématique en commission parlementaire le 13 novembre dernier, Monsieur le Ministre indiquait que « différents dispositifs sont à l'étude » pour lutter contre ce phénomène. Et de préciser que « les résultats des dispositifs présentés ne permettent pas à ce jour de décider d'implémenter un dispositif en particulier et la période d'analyse a été étendue ».

    Peut-il détailler les différents dispositifs étudiés ainsi que leurs avantages, inconvénients et coûts estimés ? Qu'en est-il aujourd'hui de l'analyse et de ses résultats ?
  • Réponse du 07/02/2018
    • de DI ANTONIO Carlo

    Comme évoqué dans ma réponse à la question de Mme MOINNET en Commission du 13 novembre dernier, les conducteurs fantômes constituent un enjeu qui fait l’objet d’une attention soutenue.

    L'administration des routes et des acteurs techniques du terrain tels que la Police, le Centre belge de recherche routière (CRR) se concertent régulièrement sur le sujet et les dispositifs qui se présentent.

    Le groupe de travail Sécurité routière de la Conférence Européenne des Directeurs des Routes (CEDR) s'est également penché sur le sujet et a permis d'échanger les idées et les évaluations entre administrations des routes européennes.

    L’ASECAP (Association européenne des Concessionnaires d’Autoroutes et d’Ouvrages à Péage) a édité en février 2017 un rapport d'expérience des concessionnaires d'autoroutes sans toutefois apporter d'élément neuf.

    On peut classifier les dispositifs en 4 groupes : le renforcement de la signalisation, les systèmes de détection et de signaux d'alarme, les systèmes visant à stopper les véhicules à contresens et les démarches structurées de vérification de la configuration et de la signalisation de chaque échangeur.

    Concernant le renforcement de la signalisation, il y a le panneau bien connu de la « main-stop » sur un fond jaune fluo rappelant le sens interdit. C'est une mesure simple appliquée par la plupart des pays européens. Cette signalisation est présente à chaque sortie autoroutière et semble particulièrement efficace.

    Les systèmes de détection et de signaux d'alarme sont tous très couteux, trop délicats à l'emploi et à l'entretien et de faible efficacité. À part l'un ou l'autre site expérimental, on ne trouvera pas ces systèmes en Europe.

    Parmi les systèmes visant à stopper les véhicules à contresens, le système de la « herse » est régulièrement cité. Ce dispositif qui laisse passer les véhicules lorsqu’ils circulent dans le bon sens et qui crève les pneus pour ceux circulant en sens inverse, pose des problèmes de fonctionnement sur le long terme (les véhicules dans le bon sens peuvent se voir endommagés en cas de blocage du système). De plus, ils empêchent l'accès des services de secours qui sont amenés dans leur intervention à prendre contresens l'une ou l'autre bretelle d'autoroute.

    Il n'y a donc pas de solution miracle.

    Il s'agit aussi de tenir compte des origines bien différentes des prises à contresens. On pense régulièrement aux accès d'autoroutes sur les voiries ordinaires, mais beaucoup de contresens ne commencent pas à ce lieu précis : fins de bretelles, demi-tour sur l'autoroute, aires de repos, zones de chantier, contresens intentionnels

    En Wallonie, un ensemble de mesures s'inscrivant dans une démarche structurée est mis en œuvre par l’administration et la SOFICO. Cela passe par la géométrie des carrefours et des accès au réseau autoroutier, la séparation des entrées des sorties, une configuration claire en cas de chantier, la signalisation dont le signal « main-stop », etc.
    Il s'agit bien d'actions préventives efficaces sur le long terme qui se font en correspondance avec les règles de bonnes pratiques discutées notamment en groupe de travail à la CEDR.

    Outre les règles générales de circulation, la sensibilisation rappelle les consignes à tout un chacun confronté à cette situation critique en la formulant comme suit :
    « En cas de conducteur fantôme annoncé dans votre direction, modérez votre vitesse et serrez à votre droite en évitant d'effectuer un dépassement. Arrivé à sa hauteur, vous pouvez donner un coup de klaxon ou un appel de phare. Après l’avoir croisé, arrêtez-vous sur la bande d’arrêt d’urgence et signalez-le à la police à l’aide des bornes téléphoniques ou à l'aide de votre GSM en localisant précisément le lieu où vous vous trouvez. Si vous avez emprunté les voies de circulation en sens contraire, roulez lentement, allumez vos feux de croisement et vos feux de détresse, Et, surtout, serrez votre droite ! Il s'agit ensuite de s’arrêter de préférence dans un raccordement transversal sur votre droite ou, à défaut, le plus à droite possible, abandonner le véhicule pour vous mettre en sécurité derrière les barrières de sécurité et y appeler les secours. La police vous aidera à manœuvrer afin de vous remettre dans le bon sens de circulation. »

    Le centre de gestion du trafic PEREX se charge du traitement et de la diffusion de l'information par radio et sur les panneaux à message variable en cas de détection d'un conducteur fantôme, ainsi que via les autres systèmes d’information existants, comme COYOTE avec qui un développement spécifique a été développé en concertation avec la Police. Ce sujet est aussi intégré aux améliorations étudiées dans le cadre du projet « PEREX 4.0 ».