/

Le chauffage résidentiel bois-énergie

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 142 (2017-2018) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 23/01/2018
    • de STOFFELS Edmund
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports

    En 2015, les estimations faisaient état d'une consommation résidentielle de bois de chauffage pour un total de 2.669 GWh. La consommation de biomasse solide uniquement pour le chauffage des entreprises atteignait 430 GWh, dont 394 GWh (91,6%) de bois-énergie. Principalement dans le secteur de l'industrie du bois (60 %) et de l'alimentation (21 %). 

    Monsieur le Ministre peut-il nous confirmer ces chiffres ? Ceux-ci sont-ils établis sur base d'un recensement scientifique et systématique ?

    La consommation directe de chaleur renouvelable (par l'usager final et hors chaleur issue de cogénération) est dominée par le chauffage résidentiel.

    Est-il possible de chiffrer précisément cette consommation puisqu'il n'existe aucun cadastre des utilisateurs d'appareil de chauffage domestique au bois-énergie ? Est-il envisageable de constituer un tel cadastre ?

    Sans chiffres précis, on est peut-être en train de gaspiller une matière première précieuse sans le savoir. Il y a chauffage et chauffage, les uns performants, les autres vétustes.
    A-t-on une idée de la performance des unités de chauffage résidentiels et de la nécessité de les remplacer par des appareils plus performants ? Qu'est-ce que cela représenterait au niveau de l'investissement et des aides à accorder ?

    Concernant les sources d'approvisionnement, c'est tout aussi difficile à évaluer, soit dans le cas du bois des bûches par la faible traçabilité intrinsèque à la filière, soit du fait que la consommation interne régionale peut varier selon les années, ce ne sont donc que des estimations. Est-on certain que le bois destiné à être brûlé est un bois de moindre valeur, voire un déchet de bois ? A l'inverse, est-on certain de ne pas brûler du bois noble – matière première qui peut être réservée à d'autres fins industrielles qu'à la filière bois-énergie ?
  • Réponse du 15/02/2018
    • de CRUCKE Jean-Luc

    Suite à la question de l’honorable membre sur «Le chauffage résidentiel bois énergie », voici certaines informations susceptibles de préciser la situation.

    Les chiffres repris dans la question correspondent bien à ceux du bilan renouvelable wallon 2015, tant pour le secteur résidentiel que pour l’industrie. Ces deux secteurs procèdent d’une méthodologie et d’une collecte de données propres qui sont détaillées séparément.

    Pour le chauffage résidentiel, la consommation de bois en 2015 comptabilise en effet 2.669 GWh dont 74 % de bois bûche, 24 % de pellets et 2 % de déchets de bois. Au total, cette consommation représente 633. 468 tonnes de biomasse solide issue du bois.

    La consommation résidentielle de bois (bûches, pellets, plaquettes…) est calculée à partir de l’enquête Eurostat ECS-BH (Energy Consumption Survey – Belgian Households, réalisée en 2011, consolidée à partir des données socio-économiques de 2001 de la DGSIE. L’enquête ECS-BH estimait à 38 290 le nombre de logements wallons chauffés principalement au bois en 2010, ainsi que 330 000 chauffages d’appoint au bois (dont le chauffage principal est assuré par une autre énergie).

    L’évolution du parc est corrigée par les données de primes régionales annuelles octroyées aux chaudières à bois et par l’état du marché de ventes des appareils au bois réalisé par le facilitateur bois particulier. Compte tenu de ces données concernant les chaudières, les poêles chaudières et les poêles, on estime en 2015 que le nombre de logements chauffés principalement au bois est à 45 720 logements. De même, on estime le parc des chauffages d’appoint au bois à 386 000 logements.

    En Belgique, depuis 2011, les données nécessaires à l’établissement d’un cadastre des utilisateurs d’appareil de chauffage domestique au bois ne sont plus collectées par enquête, comme c’était le cas pour les recensements décennaux, mais sont produites via le Census, c'est-à-dire le croisement de bases de données administratives, comme le Cadastre ou le Registre national.

    Le premier Census s’est tenu en 2011, et il est apparu en effet que certaines données manquaient parfois pour déterminer précisément le portrait de la consommation énergétique du logement wallon. Pour le prochain Census de 2021, le Centre d’études en habitat durable, en collaboration avec l’IWEPS et la DGO4 a créé un groupe de travail dont l’objectif est d’améliorer les questions, la base de données et le traitement des données.

    Par ailleurs, l’Agence wallonne de l’air et du climat, en collaboration avec la DGO4 va lancer en 2018 une enquête sur les consommations de combustibles solides dans les logements wallons. Cette étude permettra d’estimer de façon plus précise la consommation de bois et les émissions qui y sont liées, ainsi que la connaissance du parc, du type de bois brûlé et du rendement des appareils de combustion.

    Pour le chauffage des entreprises, la consommation de bois en 2015 comptabilise bien 430 GWh dont 17 % de bois bûche, 3 % de pellets, 72 % de copeaux et 8% de végétaux (dont céréales). Au total, cette consommation représente 116.957 tonnes de biomasse solide issue du bois.

    En 2015, le facilitateur bois a répertorié 190 entreprises qui valorisent la biomasse solide, dont des sous-produits du bois, dans des chaudières pour la production de chaleur exclusivement.

    Les autres sources de données sont constituées des données individuelles qui sont recueillies par enquêtes. L’enquête intégrée environnementale Regine collecte une fois par an, pour les 300 entreprises les plus énergivores toutes les informations sur leur consommation d’énergie et les différentes sources utilisées.

    Pour les entreprises non concernées par le projet Regine, une autre enquête est réalisée annuellement, auprès de 800 sièges d’exploitation. Le questionnaire demande de renseigner les quantités d’énergie consommées durant l’année par vecteur énergétique, ainsi que pour les autoproducteurs, les entrées et sorties en transformation.

    Des aides sont accordées pour améliorer le rendement des appareils de combustion. Pour les ménages à bas revenus, le projet MEBAR accorde un subside via le CPAS pour le remplacement d’appareils à faible rendement. Pour le secteur industriel, les investissements qui permettent l’amélioration de l’efficacité énergétique ou le recours aux énergies renouvelables sont soutenus via le projet AMURE. L’objectif recherché en stimulant l’achat de nouvelles chaudières plus performantes est double : augmenter la qualité de l’air (meilleure combustion) et améliorer les rendements et ainsi maximiser la valorisation d’une ressource limitée. Remplacer le parc existant permettra de produire plus d’énergie avec la même quantité de biomasse. C’est un élément fondamental dans les mesures que nous mettrons en place dans le cadre de la feuille de route à 2030. Bien entendu cela devra être chiffré. Mais le point de départ est que la performance des installations actuellement en service est très faible (en résidentiel spécifiquement).

    L’exercice devient délicat lorsque la dimension culturelle s’insère dans cette politique énergétique. Nous ne pourrons pas remplacer tous les poêles sous prétexte qu’ils ne sont pas performants. Le wallon est encore attaché à sa « petite flambée des longues soirées d’hiver ».

    Les sources d’approvisionnement sont effectivement particulièrement difficiles à maîtriser pour la filière bois, qui par définition ne permet pas de traçabilité. Les bilans énergétiques sont élaborés en collaboration avec l’Office économique wallon du bois, qui analyse la production, la valorisation, le commerce et l’usage du bois en Wallonie.

    En conclusion, il est confirmé que le bois reste la filière énergétique la plus difficile à quantifier. La méthodologie de comptage utilisée est statistique et robuste, mais reste une estimation, contrairement à la comptabilisation de l’électricité, du gaz ou des carburants. Des projets sont en cours pour tenter de connaître au mieux la filière bois en Wallonie et en améliorer les données tant en terme de volume que de qualité de l’air.