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La surexploitation des parcelles de résineux

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 252 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 24/01/2018
    • de MOUYARD Gilles
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    Le constat est toujours le même : il apparait que l’on coupe beaucoup plus de résineux que la forêt n’en produit, et ce au contraire des feuillus. Le taux de prélèvement est compris entre 135 et 150 % pour les seuls épicéas. Si on tient compte de la forêt privée, ce chiffre monte à 164 %.

    Cette surexploitation est de surcroît complétée par du non-reboisement pour un certain nombre de parcelles. À l’horizon 2040, si rien ne change, les volumes annuels disponibles vont fondre de 20%, passant de 2,5 millions de m³ à 2 millions.

    Conséquence, la matière première résineuse deviendra plus rare, pour des dizaines d’années, avec le risque de surcoût et de fragilisation de toute la filière.

    Pour endiguer cette problématique, divers programmes ont été mis en place pour contrer cette situation, sous la houlette de l’Europe, de la Région wallonne et de la Province de Luxembourg

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre de la situation ? Pour les 10 dernières années pourrait-il me communiquer les chiffres de l’évolution des surfaces de résineux et de feuillus en Wallonie ? Pourrait-il me dresser un premier bilan des premières actions menées en vue de lutter contre la surexploitation des parcelles de résineux ? Quelles sont les actions concrètes mises en place en vue de replanter nos forêts ?
  • Réponse du 15/02/2018
    • de COLLIN René


    Les chiffres les plus récents de l’Inventaire permanent des Ressources forestières de Wallonie indiquent qu’entre 2001 et 2011, les surfaces couvertes par les zones forestières sont restées globalement stables à 556 200 hectares.

    Cependant les peuplements feuillus progressent au détriment des peuplements résineux. Ainsi, sur ces dix années, les étendues de feuillus se sont accrues de 10 800 hectares (soit + 4,1 %) tandis que les surfaces de résineux diminuaient de 16 700 hectares soit 7,6 %. Le recul est particulièrement marqué pour les pessières (épicéas) qui, en dix ans, ont perdu 28 200 hectares (17,4 %).

    Les surfaces évoluent de façon plus modérée dans les forêts publiques que dans les forêts privées.

    En forêt publique, la récolte de nombreuses pessières ayant atteint, voire dépassé l’âge d’exploitabilité suivie du reboisement avec d’autres essences (diversification de la forêt, respect de l’adaptation de l’essence à la station) ainsi que la réalisation de projets Life contribuent à cette régression.

    En forêt privée, la progression des feuillus peut être partiellement imputée à la recolonisation naturelle en essences feuillues pionnières après mises à blanc d’épicéas. On peut considérer que la contraction des surfaces dédiées aux pessières serait ainsi la résultante de trois facteurs : d’abord, la récolte de vastes surfaces issues des vagues de plantation des années 1950 à 1970 ayant atteint l’âge et les dimensions d’exploitabilité, ensuite la coupe prématurée de pessières en réponse à une demande importante et soutenue des entreprises utilisant cette essence, enfin le non-reboisement de certaines coupes et la diversification des essences pour les nouvelles plantations.

    Pour inciter les propriétaires privés à reboiser, différentes mesures ont été prises :

    - la Cellule d’appui à la petite forêt privée a été mise en place en 2012. En matière de reboisement, elle accompagne le propriétaire en lui proposant notamment de participer à des travaux groupés ;
    - une prime au reboisement d’un montant forfaitaire de 750 euros/hectare est disponible pour les propriétaires qui souhaitent replanter. Actuellement cette prime ne peut être sollicitée que pour les propriétaires de parcelles situées en Province de Luxembourg, puisque les autres provinces n’ont pas encore saisi cette opportunité, étant entendu que la Wallonie verse un euro pour chaque euro provincial investi. Depuis 2014, 417 dossiers de demande ont abouti pour un total d’un peu plus de 700 hectares ;
    - enfin, il faut mentionner que deux projets Interreg (Wallonie-France-Flandre et Grande Région) sont en cours. Ils visent à sensibiliser les propriétaires au reboisement et à les accompagner par des documents de gestion durable.

    Pour renforcer l’action de la Cellule d’appui, j’ai décidé à l’automne 2016 d’octroyer des moyens supplémentaires qui ont permis l’engagement de deux techniciens forestiers pendant une durée de 3 ans.

    Au printemps 2017, 30 hectares ont déjà été reboisés. Depuis lors, 9 communes ont été sensibilisées à cette action en faveur des petits propriétaires forestiers possédant des parcelles à replanter sur le territoire communal. Au total, environ 4 200 propriétaires ont été sensibilisés à la gestion forestière et plus de 200 d’entre eux ont bénéficié d’une visite personnalisée de leurs parcelles.

    Pour ce printemps 2018, plus de 50 propriétaires représentant autant d’hectares vont participer à ces travaux groupés coordonnés par la Cellule d’appui.