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Le soutien aux producteurs d'orge brassicole en Wallonie

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 253 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 24/01/2018
    • de MOUYARD Gilles
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    En juin dernier, en réponse à l’une de mes questions écrites, Monsieur le Ministre m’indiquait que la réflexion sur le développement d’une filière brassicole courte en Wallonie était plus qu’amorcée. Preuve du travail réalisé, il a présenté dernièrement son Plan stratégique de développement de l’orge brassicole 2017-2027.

    Le souhait de Monsieur le Ministre est donc relancer une filière qui existait, mais qui a disparu. Pour ce faire, il a débloqué une enveloppe budgétaire de 2.560.000 euros sur 10 ans qui permettra le développement de 8 actions concrètes comme :

    - rendre disponibles plus de données pour piloter le développement de la filière;
    - démarrer le développement au travers d’un noyau pilote d’acteurs de la filière intéressés par le local et le prix juste;
    - assurer la disponibilité d’un encadrement technique des producteurs;
    - assurer la disponibilité de services neutres de « facilitation filière »;
    - donner une reconnaissance officielle aux filières qui le demandent (local, QD, prix juste);
    - canaliser la demande au travers de promotions ciblées;
    - soutenir la croissance de l’offre au travers d’un groupement de producteurs et de capacités de stockage;
    - soutenir l’adéquation de la qualité de l’offre avec les attentes de l’industrie.

    Pour 2019 Monsieur le Ministre souhaiterait que la production de houblon soit réalisée sur 400 hectares. Et que d’ici 2027 toutes les brasseries artisanales wallonnes se fournissent en houblon wallon.

    Quelle est son analyse de la situation ?

    Hormis le faible rendement et le coût de production élevé, quels sont les autres facteurs identifiés expliquant une diminution de l’orge brassicole en Wallonie ?

    Monsieur le Ministre pourrait-il faire le point sur la rédaction du cahier des charges de reconnaissance d’un malt de qualité différenciée ? Envisage-t-il de créer un label officiel « houblon wallon » ? Qu’en est-il du recensement des projets de houblonniers ? Envisage-t-il de travailler sur cette thématique avec nos différentes écoles agronomiques ? Pourrait-il justifier sa réponse ?
  • Réponse du 08/02/2018
    • de COLLIN René

    La question posée mélange deux problématiques importantes pour la filière de la bière : la production de houblon et la production d’orge brassicole.

    Seuls cinq producteurs/préparateurs de houblon, pour environ 18 hectares, sont actuellement recensés officiellement par la Direction de la Qualité dans le cadre de la certification réglementaire. Deux présentent une taille économique significative : le premier est implanté depuis des décennies à Warneton sur 10 hectares, le second a démarré plus récemment, en 2013, et exploite actuellement 7 hectares sur la commune de Doische. Les 3 autres (Malonne, Mazy, Comblain-au-Pont) sont des projets de quelques ares. Mais d’autres projets existent.

    DiversiFerm et l’Agence pour l’Entreprise et l’Innovation organisent la mise en réseau des projets et encadrent leurs démarches, notamment en mettant les candidats en contact avec des personnes ressources.

    Le Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W) est actuellement le référent « agronomique » wallon pour cette culture, de par l’expertise acquise depuis les années 80 en matière de propagation du houblon.

    Nos écoles supérieures et universités d’agronomie ne consacrent qu’une ou deux heures à la culture du houblon dans le cursus des futurs agronomes. C’est évidemment très peu pour cette culture très spécifique. Dans les écoles d’agriculture, cette culture n’est pas ou peu abordée. Or, le houblon pourrait être une diversification intéressante pour nos agriculteurs. Il est à noter que, en relation avec la mise en réseau mentionnée ci-avant, DiversiFerm organise prochainement un voyage de formation en Alsace accessible à toute personne intéressée.

    La rédaction d’un cahier des charges pour un houblon de qualité différenciée est à l’étude au sein d’AgriLabel. Après la prise de connaissance des spécificités phytotechniques, des conditions actuelles de production et de commercialisation et des désidératas des utilisateurs potentiels, les brasseurs wallons, la prochaine étape consistera à rencontrer les principaux producteurs afin de savoir ce qu’ils sont prêts à respecter comme exigences supplémentaires par rapport à leur production « standard » actuelle, déjà d’un bon niveau de qualité.

    Pour ce qui est de l’objectif de 400 hectares à l’horizon 2019, il ne s’agit en fait pas des objectifs liés au houblon, mais à l’orge brassicole. Outre les freins évoqués par l'honorable membre, il s’agit d’une spéculation nécessitant pour l’agriculteur un peu plus de technicité que pour l’escourgeon. C’est la raison pour laquelle, le plan que j’ai présenté intègre l’engagement d’une personne destinée à encadrer les candidats producteurs d’orge brassicole.

    En réalité, le défi majeur dans le redéploiement de cette spéculation réside dans le développement de contrats entre les acteurs de la filière permettant un revenu garanti aux agriculteurs. L’ASBL Cépicop, Le Collège des Producteurs, AgriLabel et la Direction de la Qualité sont en train de finaliser un cahier des charges pour une orge de qualité différenciée, basée sur le concept Terrabrew. Ce futur cahier des charges est en fait un contrat quadripartite. La différenciation sera essentiellement basée sur l’origine locale de l’orge. Une rémunération juste des différents maillons, à commencer par l’agriculteur, constituera le pilier du cahier des charges. Le cahier des charges est en cours de relecture en interne. Celui-ci, accompagné d’un argumentaire économique et marketing, sera alors présenté aux opérateurs de la filière, en commençant par les brasseurs, pour remonter la filière jusqu’à l’agriculteur.