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La rentabilité des fermes biologiques wallonnes

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 254 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 24/01/2018
    • de DOCK Magali
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    L’agriculture biologique affiche une meilleure rentabilité que l’agriculture conventionnelle, démontre le rapport annuel rendu le 5 décembre par l’Insee, qui est consacré aux acteurs économiques et à l’environnement.

    Les exploitations biologiques spécialisées en viticulture, en maraîchage ou dans la production de lait de vache ont enregistré, en moyenne, en 2013, une meilleure rentabilité que les exploitations conventionnelles par unité physique de production et par capitaux engagés.

    Ce résultat est tiré de l’analyse de plus de 30 000 exploitations (dont 1 800 bio) dont le chiffre d’affaires dépasse 76 500 euros.

    Pour les fermes biologiques, l’Insee s’est focalisé sur la viticulture, le maraîchage et la production de lait de vache. Ces gains sont à mettre sur le compte de plusieurs facteurs, à commencer par une meilleure valorisation des productions, du fait de prix plus élevés compensant une productivité plus faible.

    L’apport de certaines subventions (même si elles régressent), un recours plus systématique à la commercialisation des produits en circuit court, sans oublier des économies dues à une moindre utilisation des intrants de synthèse et à des frais vétérinaires réduits seraient également des facteurs importants.

    Une enquête similaire existe-t-elle pour la Wallonie ? À quel point les fermes wallonnes sont-elles rentables par spécialisation ?

    Bien que la France et la Wallonie aient leurs spécificités sur les différents facteurs évoqués dans cette enquête, lesquels sont particulièrement importants dans les gains des fermes biologiques wallonnes et lesquels sont ceux sur lesquels nous devons encore travailler ?
  • Réponse du 08/02/2018
    • de COLLIN René

    Il n’y a, à proprement parler, pas d’enquête similaire à celle évoquée. Néanmoins, l’enquête relative aux structures agricoles (EUROSTAT 2013), à laquelle se réfère le document de l’Insee, a également été réalisée en Belgique par la Direction générale de la Statistique (SPF économie). Il ressort de celle-ci, pour la Wallonie, que 75 % des exploitations « bio » sont spécialisées en herbivores, 6 % en grandes cultures, +/- 5 % en horticulture-fruiticulture et un peu plus de 2 % en granivores (porcs, volailles). Dans le mode conventionnel, nous observons pour les quatre spécialisations précitées, respectivement 55 %, 25 % et moins de 2 % tant pour l’horticulture-fruiticulture que pour les granivores.

    En termes de répartition de la superficie agricole utile, étant donné ce qui précède, il n’est pas étonnant d’observer, que plus de 85 % de celle-ci conduite en bio sont consacrés à des productions fourragères destinées à l’alimentation des herbivores et plus particulièrement des bovins. Si l’on considère les années allant de 2013 à 2016, on observe un accroissement considérable, supérieur à plus de 75 %, des surfaces consacrées aux légumes ou aux grandes cultures tandis que les surfaces fourragères augmentent de manière plus tempérée, d’environ 20 %.

    L’enquête de 2013 a aussi permis d’observer que l’exploitant « bio » est, en moyenne, près de 4 ans plus jeune que l’exploitant « conventionnel ». D’une manière générale, les exploitants « bio » pratiquent dans une plus grande proportion que leurs confrères « conventionnels » la transformation de produits à la ferme ainsi que différentes formes de commercialisation en circuit court.

    En ce qui concerne les performances, on ne dispose de suffisamment de données sur plusieurs années que pour les exploitations bovines laitières et bovines viandeuses. En production laitière, les exploitations « bio » sont de taille plus restreinte en termes de surface et du nombre d’animaux et produisent moitié moins de lait par unité de superficie fourragère que les exploitations conventionnelles. Les charges sont plus élevées, mais ceci est plus que compensé par un prix du lait « bio » supérieur. Il ressort donc que la production de lait est a priori plus rentable en mode « bio » et qu’actuellement, les revenus y sont plus stables dans le temps. En production bovine viandeuse, les exploitations « bio » ont des surfaces plus grandes, mais avec un troupeau de plus petite taille. S’il y a un différentiel positif en terme de rentabilité à l’avantage des exploitations « bio », il n’en reste pas moins vrai que sans les primes et autres aides au revenu, la rentabilité des exploitations est aléatoire dans les deux modes de production. Les exploitants « bio » ne parviennent pas toujours à commercialiser leur production à un prix suffisamment rémunérateur. Raison pour laquelle, dans le Plan stratégique bio adopté le 22 décembre 2017 par le Gouvernement wallon, j’ai veillé à la bonne intégration d’actions spécifiques au développement de filières rémunératrices pour nos producteurs bio.