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Les projets de lutte contre la fracture numérique.

  • Session : 2005-2006
  • Année : 2005
  • N° : 3 (2005-2006) 1

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  • Question écrite du 27/10/2005
    • de LEBRUN Michel
    • à ARENA Marie, Ministre de la Formation

    On a beaucoup parlé, lors des dernières semaines, de la fracture numérique qui séparerait les Wallons en deux groupes dont l'un serait aussi défavorisé par l'absence d'accès à l'Internet que le sont les 400.000 personnes qui ne savent pas lire en Communauté française. Le Ministre fédéral Christian Dupont soulignait que 80 % des ménages d'un niveau financier et culturel élevé ont accès à Internet contre 30 % seulement parmi les plus défavorisés. Et il ajoutait : « les femmes, les personnes âgées, les chômeurs, sont en train de louper la révolution informatique ».

    Il en profitait pour présenter sa vision des choses : l'accès au monde de l'informatique et de l'Internet est devenu un service public et, peut-être, même un droit, tant ceux qui disposent de cet accès sont avantagés par la recherche d'un emploi ou d'un logement. Et il présentait sa solution, ou plutôt ses solutions : d'une part, un pack avec un ordinateur dernier cri à prix plancher et un an d'abonnement ADSL gratuit et, d'autre part, un plan collectif de développement des espaces publics numériques.

    Quelques semaines plus tard, son collègue de la Communauté française, Claude Eerdekens, voulait lui aussi lutter contre la fracture numérique en lançant un projet qui lui est propre, centré sur les écoles et les maisons de jeunes.

    Madame la Ministre connaît tout mon intérêt pour la question et je me réjouis qu'on se préoccupe de donner à nos concitoyens toutes les chances pour réussir dans la société de demain. Je me pose néanmoins quelques questions et je ne résiste pas à l'envie de les partager avec elle :

    - quelle est l'articulation de ces mesures prises aux différents niveaux de pouvoir avec ses compétences en Région wallonne ;

    - comment le plan de M. Eerdekens visant manifestement à équiper les écoles s'inscrit-il dans le projet des cyber-classes et cyber-écoles ;

    - a-t-elle eu des contacts avec ses deux collègues pour définir une stratégie commune d'implantation, visant à couvrir un maximum de population ?

    Enfin, Madame la Ministre me permettra une réflexion sur le sujet. Si les projets de cyber-classes et de cyber-écoles étaient développés, financés et entretenus suffisamment, une partie du problème se résoudrait naturellement puisque tous les enfants en âge de scolarité seraient sensibilisés à ces nouvelles technologies.

    J'aurais voulu savoir ce que Madame la Ministre a pris comme mesures, depuis son entrée en fonction dans ce domaine, notamment en termes d'entretien et de mise à niveau des machines ?
  • Réponse du 10/11/2005
    • de ARENA Marie

    La question de l'honorable Membre mérite tout d'abord de préciser le contexte de réalisation du Plan national d'inclusion numérique.

    Le problème de la fracture numérique dans notre pays concerne bien entendu tous les niveaux de pouvoir, aussi bien fédéral que régional et communautaire. Il n'est donc pas étonnant de trouver des initiatives aux différents niveaux de pouvoir.

    Les enquêtes réalisées chaque année par l'AWT montrent que si le niveau de pénétration des TIC en Wallonie progresse régulièrement, les disparités continuent d'exister en matière d'accès à ces technologies. L'honorable Membre a cité dans sa question les principales causes de disparité : le niveau d'études, l'âge, le niveau de revenus, le sexe et la catégorie socioprofessionnelle.

    Le Plan national d'inclusion numérique fait suite à une décision du Conseil des Ministres (fédéraux) d'Ostende du 21 mars 2004.

    A cette occasion, le Ministre Dupont, en collaboration avec le Secrétaire d'Etat à l'Informatisation, a été chargé de coordonner la rédaction du Plan national en associant les entités fédérées. Ce Plan sera présenté par la Belgique au prochain Sommet mondial sur la société de l'information qui se tiendra à Tunis du 16 au 18 novembre de cette année.

    Bien que la formation soit un outil fondamental en matière de lutte contre la fracture numérique, d'autres initiatives seront indispensables pour réussir face à ce défit majeur.

    Ainsi, le projet « pack ordinateur et ADSL » du Ministre Dupont vise l'équipement des particuliers, mais il ne sera véritablement efficace qu'accompagné d'une offre de formation suffisante et accessible. J'ai eu l'occasion de détailler ces offres de formations dans la réponse à la question du Député Mathen posée en Commission le 25 octobre dernier.

    Le développement des espaces publics numériques se gère également avec le Ministre Dupont et le Ministre Courard. Des contacts ont d'ailleurs été pris pour encourager les synergies entre les centres « cyber-classes » et les Espaces publics numériques en Région wallonne. Une école pourrait, si elle le désire, faire connaître son centre « cyber » comme Espace public numérique et ainsi bénéficier de moyens supplémentaires pour en élargir l'accès en dehors des périodes habituelles de cours.

    Quant au plan du Ministre Eerdekens, il ne vise pas à doter en équipement les écoles. Il s'agit d'un projet pilote de filtrage centralisé de l'accès à Internet. Ce système devrait permettre à une personne désignée par école de gérer à distance le paramétrage de l'accès à Internet pour son établissement scolaire. Si la partie « équipement informatique » des écoles reste exclusivement prévue dans le projet « cyber-classe », la gestion et la fourniture d'accès à Internet sont de la responsabilité de la Communauté française.

    Je suis bien entendu d'accord avec l'honorable Membre lorsqu'il cite les projets « cyber » dans les écoles comme un moyen de lutter efficacement contre la fracture numérique.

    Je mets d'ailleurs tout en œuvre pour que les moyens adéquats soient réservés à ce projet. J'ai déjà eu l'occasion de signaler à l'honorable Membre que la maintenance du matériel est assurée pour les ordinateurs jusqu'à leur septième année d'utilisation. Au-delà de cette durée d'utilisation, la maintenance et même la mise à niveau du matériel sont inefficaces, c'est pourquoi le projet actuel vise le remplacement du matériel installé par du matériel neuf.

    Après le renouvellement de l'accord de coopération entre la Région wallonne et les Communautés française et germanophone, le premier cahier des charges, à savoir celui concernant le choix de l'opérateur financier du projet, a été lancé au mois de septembre. Suivront avant la fin de l'année les autres cahiers des charges du projet, à savoir les équipements et le câblage. La phase d'implantation du nouveau matériel pourra donc commencer avant la fin de l'année scolaire.