Conséquences de la facture énergétique sur l'économie.

• Session : 2005-2006
• Année : 2005
• N° : 10 (2005-2006) 1

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• Question écrite du 27/10/2005

  • de BERTOUILLE Chantal
  • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi et du Commerce extérieur
  
  De très nombreux articles ont été publiés ces derniers temps dans la presse au sujet du déficit du commerce extérieur des pays fondateurs de l'Europe d'aujourd'hui et la question a été posée de savoir, en matière de commerce extérieur, pourquoi certains pays décrochent.
  
  C'est aussi, me semble-t-il, la situation de la Région wallonne puisque, d'après les critères du World Economic Forum en ce qui concerne la compétitivité, la Belgique tombe de la 25ème à la 31ème place.
  
  Monsieur le Ministre peut-il me fournir quelques précisions en ce qui concerne la détérioration du commerce extérieur wallon depuis un an liée à cette grave perte de compétitivité ?
  
  Nul ne peut aujourd'hui sombrer dans la sinistrose, mais ne doit-on pas constater, en ce qui concerne la Région wallonne, que nos clients sont surtout des pays à faible croissance, ce qui a une conséquence sur notre commerce extérieur. Doit-on en conclure que le déficit de notre commerce extérieur signifie une situation économique dégradée ?
  
  D'autre part, certains économistes prétendent que le décrochage de notre commerce extérieur tient à l'euro et qu'il est urgent que la devise européenne se déprécie à nouveau vis-à-vis du dollar. Monsieur le Ministre partage-t-il ce point de vue ? N'estime-t-il pas qu'il convient très rapidement de prendre, en concertation avec le Gouvernement fédéral, un certain nombre de mesures destinées à doper les exportations?

• Réponse du 21/11/2005

  • de MARCOURT Jean-Claude
  
  La question de l'honorable Membre me permet de faire le point sur l'état général de notre commerce extérieur, lequel démontrera que les exportations wallonnes ne souffrent aucunement d'une détérioration de leur compétitivité, mais sont plutôt caractérisées par des tendances très positives à la fois à court et à long terme.
  
  L'évolution générale du commerce extérieur wallon
  
  En effet, selon les dernières statistiques publiées par la Banque nationale, les exportations wallonnes ont atteine 17,4 milliards d'euros au cours du premier semestre 2005, ce qui constitue, pour le commerce extérieur wallon, un record absolu en termes de valeur semestrielle exportée. Par rapport aux six premiers mois de 2004, cela représente une hausse sensible de 14,8 %, soit le taux de croissance le plus élevé depuis le premier semestre 2000 (+ 21,9 %). Le rythme d'accroissement de nos échanges extérieurs est d'ailleurs en constante accélération depuis une année, passant de 7,4 % au deuxième trimestre 2004 à 14,8 % au second trimestre 2005. Force est de constater qu'en dépit de la flambée des prix pétroliers et l'appréciation persistante de l'euro, les exportations wallonnes poursuivent avec vigueur leur redressement amorcé depuis le printemps 2004.
  
  La très bonne tenue de notre commerce extérieur permet à la Wallonie d'afficher de loin la meilleure performance à l'exportation parmi tous les pays de l'UE des 15 au premier semestre 2005. De janvier à juin, la croissance de nos exportations se situe nettement au-dessus de la moyenne de l'UE des 15 (+ 5,2 %) et est plus rapide que celle des régions qui constituent notre panier habituel de comparaison, soit la Flandre (+ 9,9 %), les Pays-Bas (+ 9,9 %) l'Allemagne (+ 5,5 %) et la France (+ 3,4 %).
  
  La comparaison est toujours à l'avantage de la Wallonie sur une plus longue période de temps, soit de janvier 1997 à juin 2005, ce qui permet de dégager des tendances fondamentales quant à la compétitivité des produits wallons sur les marchés étrangers. Sur cette période, la progression moyenne des ventes extérieures wallonnes est de 9,0 %, ce qui positionne la Wallonie bien devant les résultats à l'exportation de la Flandre (+ 8,2 %), de l'Allemagne (+ 7,8 %), des Pays-Bas (+ 7,1 %), de l'UE des 15 (+ 6,3 %) et de la France (+ 5,4 %). Il faut donc en conclure que, malgré l'impact de plusieurs éléments négatifs ces dernières années sur notre commerce extérieur, telles que l'appréciation de l'euro, la hausse des cours pétroliers, la guerre en Irak et les attentats terroristes, le benchmarking avec nos principaux référents de l'UE des 15 dans son ensemble indique une évolution plus que satisfaisante des exportations wallonnes depuis presque dix ans. Par conséquent, cela signifie, en d'autres termes, que les entreprises wallonnes augmentent de façon progressive leurs parts de marché vis-à-vis de leurs concurrents européens à travers le monde. Le poids de la Wallonie dans les exportations totales de la zone UE des 15 se situe à 1,20 % au premier semestre 2005 comparativement à 0,95 % en 1996, ce qui constitue une augmentation de près de 30 % de notre part de marché.
  
  La réussite du commerce extérieur wallon s'exprime également en termes de balance commerciale, laquelle est fortement excédentaire au cours des dernières années. Le surplus commercial engrangé par la Wallonie s'élève à 8,1 milliards d'euros en 2004, ce qui représente environ 12 % de son PIB. C'est une performance tout à fait remarquable qui n'est surpassée que par l'Irlande dans les pays de l'UE des 15, laquelle réalise un excédent commercial équivalent à 25 % de son PIB. Le surplus commercial wallon surpasse même celui réalisé par la Flandre en 2004, lequel atteint 7,0 milliards d'euros (4,5 % du PIB flamand). Quant à la Région bruxelloise, elle présente un déficit d'échange avec le reste du monde s'élevant à 7,0 milliards d'euros (- 12,5 % du PIB bruxellois). L'amplitude du surplus réalisé par nos entreprises représente une source considérable de croissance pour l'activité économique en Wallonie.
  
  La diversification géographique de nos exportations
  
  Une analyse plus détaillée de la performance de nos exportations autorise un autre constat d'importance : les entreprises wallonnes osent de plus en plus le pari de prospecter au-delà de leurs sphères commerciales traditionnelles que sont nos pays limitrophes européens. En effet, les exportations des firmes wallonnes sur les marchés extérieurs à l'UE des 15, dits à la grande exportation, progressent depuis cinq ans à une cadence presque deux fois plus rapide (+ 12,3 %) que celle de nos ventes au sein de l'UE des 15 (+ 6,9 %). De 2000 à 2004, les exportateurs wallons affichent de très bons scores dans l'ensemble des régions hors UE des 15, surtout au Proche et Moyen-Orient (+ 19,2 %), en Europe centrale et orientale (+ 18,0 %), en Amérique du Nord (+ 12,9 %), en Amérique latine (+ 13,1 %) et en Extrême-Orient (+ 12,6 %). Le poids des régions situées à l'extérieur de l'UE des 15 dans la contribution à la croissance du commerce extérieur wallon est substantiel depuis cinq années : les marchés hors zone UE des 15 ont assuré presque le quart de la croissance des exportations wallonnes de 2000 à 2004. Les régions situées en dehors de l'UE des 15 représentent maintenant 20,0 % du total des exportations wallonnes, comparativement à 17,0 % voilà cinq ans.
  
  Par pays, la progression des ventes wallonnes est tout particulièrement impressionnante dans les géants de l'économie mondiale que sont les Etats-Unis (+ 13,2 %), la Chine (+ 16,4 %), l'Inde (+ 21,1 %), le Brésil (+ 24,6 %) et la Russie (+ 39,4 %), ce qui tend à prouver que le dynamisme de la demande dans ces pays a largement fait contrepoids à la forte appréciation de l'euro. Certes, les exportateurs wallons ont subi comme leurs concurrents européens l'impact négatif de la vigueur de l'euro, mais ces excellents résultats à la grande exportation démontrent qu'ils ont su préserver leur positionnement concurrentiel à l'étranger, en misant sur des critères autres que le prix, tels que la qualité et les propriétés technologiques de leurs produits et la fidélisation des clients.
  
  Il apparaît donc évident que ce ne sont pas les pays à faible croissance (principalement les pays limitrophes européens) qui tirent notre commerce extérieur depuis quelques années, mais plutôt les marchés à fort potentiel de croissance d'Europe centrale et oriental, d'Amérique et d'Extrême Orient. En conclusion sur l'état de notre commerce extérieur, nous pouvons affirmer que la Wallonie compte ainsi parmi les régions d'Europe qui ont le plus largement tiré parti de l'ouverture accrue des marchés internationaux et que les échanges réalisés par nos entreprises à la grande exportation représentent une source considérable de croissance pour notre activité économique.
  
  Les mesures contenues dans les « actions prioritaires pour l'avenir wallon »
  
  Afin de soutenir le succès de nos entreprises exportatrices et les efforts d'adaptation du tissu productif wallon aux exigences de l'environnement international, les « actions prioritaires pour l'avenir wallon » du Gouvernement wallon laissent une place prépondérante à la promotion des démarches internationales des firmes wallonnes. Dans ce cadre, l'AWEx se voit accorder des responsabilités et de moyens supplémentaires. Les mesures mises en œuvre par l'AWEx dans le contexte du Plan Marshall sont principalement les suivantes sur la période 2006-2009 :
  
  - l'organisation à partir de 2007, de missions et d'actions de promotion et de prospection à l'étranger ciblées sur les stratégies internationales des cinq pôles de compétitivité sélectionnés par le Gouvernement wallon. Pour 2006, l'AWEx prendra en considération au niveau des incitants financiers un plan d'action ambitieux pour les pôles de compétitivité ;
  
  - le renforcement (via un apport de 20 millions d'euros) des produits de la Sofinex, filiale commune avec la Sowalfin et la SRIW, qui est le guichet unique en Wallonie consacré au développement d'instruments financiers pour le développement des opérations internationales des firmes wallonnes ;
  
  - l'intensification et le développement des programmes de l'AWEx de formation pratique et stages d'immersion économique et linguistique à l'étranger, pour former 800 jeunes supplémentaires d'ici à la fin 2008. Le but étant de renforcer les capacités linguistiques en Wallonie et de mettre les jeunes à la disposition des entreprises wallonnes.
  
  En conclusion, conscient des enjeux cruciaux associés à la promotion du commerce extérieur, le Gouvernement wallon poursuivra sans relâche, avec l'AWEx, l'objectif primordial de contribuer à aider nos entreprises à s'adapter et à se démarquer dans un contexte mondial en constante mutation.