/

La spécificité du projet de l'ASBL Genres Pluriels

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 222 (2017-2018) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 29/01/2018
    • de DAELE Matthieu
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative

    Dans sa réponse à ma question écrite n° 89 sur la demande de subvention de l'association Genres pluriels pour son projet "Trans*j'avance pour une diversité des genres", Madame la Ministre m'indique qu'elle invite cette ASBL "à s’intégrer dans ce nouveau dispositif, soit en étant à l’initiative d’une Maison Arc-en-Ciel en partenariat avec d’autres ASBL, soit en s’associant aux maisons arc-en-ciel en cours de création".

    Concernant sa demande de subsides de 15.000 euros pour l'année 2017, elle indique qu'elle a retenu toute son attention et qu'elle aurait espéré que l’ASBL s’intègre davantage, dès cette année, au processus des Maisons Arc-en-Ciel.

    Elle m'a également précisé : "Comme ce n’est pas le cas et devant ses difficultés, nous sommes en train d’étudier une nouvelle réponse transitoire, similaire à celle de l’année dernière, avec l’association. Je me permets d’insister sur le fait qu’il est toutefois nécessaire que l’association s’intègre dans le processus des Maisons Arc-en-Ciel si elle souhaite obtenir des moyens pérennes à l’avenir dans le cadre de la thématique LGBT".

    Le décret du 14 avril 2014 qui crée ces Maisons Arc-en-Ciel, indique que "les Maisons Arc-en-Ciel ont pour objectif l’émancipation et le bien-être des personnes LGBT, et ce, dans leur ressort territorial.

    Ce décret a donc été créé sur une logique territoriale.  Celui-ci ne s'oppose cependant pas à ce que des projets ayant une spécificité particulière puisse se mener à destination d'un public plus précis puissent être réalisés. Le public trans est un public vivant des réalités spécifiques, méritant donc une attention spécifique.

    Pour mener ses missions, Madame la Ministre demande à une association spécialisée dans la question "trans" de :
    - soit créer une Maison Arc-en-Ciel elle même. C'est-à-dire à se spécialiser non pas sur un public, ce qui est son objet social, mais sur une zone géographique, ce qui n'est pas son objet social;
    - soit demander des subsides auprès de 7 Maisons Arc-en-Ciel différentes pour pouvoir mener ses missions en Wallonie.  Elle leur demandz donc d'obtenir 7 fois 2143 euros pour mener sa mission.

    Je m'étonne que Madame la Ministre considère qu'un projet tel que celui mené par Genres Pluriels ne puisse être soutenu que dans le cadre d'une logique territoriale alors que sa raison d'être est de s'adresser à un public spécifique et qui ne cadre pas totalement avec cette logique.

    Je lui demande de sortir de l'unique logique territoriale pour le soutien au public trans en Wallonie. A-t-elle envisagé cette option?

    Genres Pluriels avait déjà envoyé, en 2016, un dossier de demande de subsides à chaque Maison Arc-en-Ciel ou future Maison Arc-en-Ciel et toutes leur avaient répondu qu'elles n'avaient pas de budget pour subventionner des emplois des associations, car après leur frais de fonctionnement.

    Ce subventionnement est vraiment une plus-value mais doit être compris comme un "socle de base" permettant à toutes les autres associations d'avoir des structures préexistantes leur facilitant le travail (lieux identifiés, facilités de locaux, services logistiques organisés, ...). Cependant, ce décret ne couvre absolument pas tous les besoins des associations thématiques (non territoriales) comme Genres Pluriels.

    De plus, Genres Pluriels fournit ses brochures d'informations à toutes les personnes wallonnes sans aucun subside/aide/soutien de la Région wallonne.
  • Réponse du 01/02/2018
    • de GREOLI Alda

    Le projet Trans*j’avance mené par l’ASBL Genre Pluriels a pour objectif d’accueillir et de soutenir les personnes transgenres et leur entourage ainsi que de former, informer et sensibiliser les différents publics.
    Les activités développées par l’ASBL Genre Pluriels (permanences, soutien individuel, formations et sensibilisations) rentrent donc tout à fait dans le cadre des missions octroyées aux maisons arc-en-ciel, le public transgenre spécifiquement ciblé par cette ASBL faisant également partie du public soutenu par les maisons arc-en-ciel.

    Pour rappel, les missions dévolues aux maisons arc-en-ciel par le Livre VII du Code wallon de l’action sociale relatif à l’aide aux personnes LGBT sont les suivantes :
    1° fournir une aide sociale, juridique, un accompagnement psychologique pour les personnes qui rencontrent des difficultés à vivre leur orientation ou leur identité sexuelle ;
    2° organiser, soutenir et coordonner des actions visant à lutter contre les discriminations sur la base de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre et la promotion de l'égalité des chances ;
    3° accompagner les initiatives locales publiques ou privées visant à fournir une aide aux personnes LGBT ;
    4° soutenir l'émergence d'un réseau local d'organisations LGBT ;
    5° créer un espace d'accueil à destination des associations LGBT actives localement ;
    6° informer les personnes LGBT et le public.

    C’est donc pour cette raison et non pour une question de logique territoriale, que l’ASBL Genre Pluriels pourrait s’intégrer idéalement dans le dispositif des maisons arc-en-ciel comme le font progressivement l’ensemble des ASBL actives en matière d’aide aux personnes LGBT. Le décret du 14 avril 2014 ne relève d’ailleurs pas tant d’une « logique territoriale », comme le répète l'honorable membre, mais d’un souci de proximité : chaque personne LGBT a droit à recevoir une information et un accompagnement à une distance raisonnable de son domicile, ce qui n’était pas du tout le cas en début de législature et ne l’est pas encore suffisamment.

    Le territoire d’action de Genre pluriels étant étendu à toute la Wallonie, la voie la plus adéquate serait de développer un partenariat avec l’ensemble des maisons arc-en-ciel plutôt qu’avec une maison en particulier, notamment, en créant une antenne pour une consultation décentralisée, piste évoquée par mes services lors du dernier contact avec Genres pluriels.

    Ce partenariat devra faire l’objet d’une concertation pour établir les modalités de collaboration en ce compris la question du financement de l’ASBL pour les activités qu’elle fournit dans le cadre de ce partenariat. Mes services pourraient jouer les intermédiaires si la situation devait être bloquée.

    Par ailleurs, il n’est pas exclu pour l’ASBL Genre pluriels d’obtenir un financement facultatif pour des projets spécifiques qui ne rentreraient pas dans les missions des maisons arc-en-ciel, puisque celles-ci ne peuvent être financées que dans le cadre décrétal, si ces projets relèvent de la compétence régionale.

    L’ASBL reçoit d’ailleurs actuellement, contrairement à ce qu'affirme l'honorable membre, une subvention facultative de la Wallonie, certes modeste, mais correspondant à une action spécifique. Puis-je aussi attirer son attention sur le fait que le secteur des personnes LGBT est un des rares à bénéficier d’une augmentation substantielle de ses moyens, raison pour laquelle nous insistons sur l’importance des synergies, en soi enrichissantes par ailleurs ? Grâce aux maisons arc-en-ciel, pour rappel, la Wallonie dispose désormais d’un dispositif de lutte contre les discriminations envers les personnes LGBT, dont le budget annuel pourrait atteindre, à terme, 374.000 euros, soit pratiquement le double du budget alloué en début de législature.