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L'application du gender mainstreaming dans la politique agricole

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 268 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 01/02/2018
    • de MORREALE Christie
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    Le décret du 11 avril 2014 visant la mise en œuvre des résolutions de la Conférence des Nations unies sur les femmes à Pékin de septembre 1995, prévoit l'intégration structurelle de la dimension de genre dans les politiques régionales, à savoir, le gender mainstreaming.

    Dans ce cadre, il est demandé aux différents ministres du Gouvernement wallon d’intégrer cette dimension de genre dans, au minimum, deux mesures les concernant, à savoir, pour Monsieur le Ministre, valoriser le statut des agricultrices notamment.

    Pour chaque politique concernée, cette intégration devait se dérouler en trois phases:

    1. Analyser la composition sexuée des groupes ciblés par les politiques et identifier des différences qui existent entre les situations respectives des femmes et des hommes.
    2. Déterminer dans quelle mesure ces différences sont problématiques (en terme d’égalité, d’accès des femmes et des hommes à l’exercice de leurs droits fondamentaux).
    3. Établir des politiques qui tiennent compte des résultats de l'analyse de genre réalisée et évitent ou corrigent les éventuelles inégalités.

    Après plus de 3 années d’application, Monsieur le Ministre peut-il m’indiquer ce qu'il en est concernant le statut des agricultrices ? Combien de femmes exercent actuellement cette profession ? Cette proportion a-t-elle augmenté au cours de ces trois dernières années ? Identifie-t-il des freins à l’exercice de cette profession par des femmes ? Comment encourage-t-il les femmes à se lancer dans un projet agricole ?
  • Réponse du 22/02/2018
    • de COLLIN René

    Les résultats de l’enquête sur les structures agricoles (EUROSTAT) menée en 2016 dans les États membres de l’Union européenne ne sont, à ce jour, pas encore disponibles. Cela étant, selon l’enquête menée en 2003, 29 650 personnes travaillaient dans l’agriculture wallonne, dont 9 400 femmes, soit 31,7 % du total. Dix ans plus tard, la même enquête révélait que 22 850 personnes étaient occupées dans l’agriculture wallonne, dont 6 820 femmes, soit 29,8 % du total.
    Dans les enquêtes de cette nature, on distingue aussi l’exploitant principal d’une ferme des autres forces de travail de l’exploitation. Dans ce cas également, une légère baisse est observée entre les chiffres de 2003 et 2013. Considérant ce qui précède, on observe, sur la période de dix ans considérée, une diminution relative de la présence féminine dans l’agriculture wallonne.

    La femme plus que l’homme et de manière croissante a une activité rémunérée en dehors de l’exploitation. Diverses raisons peuvent expliquer ce phénomène. Un revenu extérieur « fixe et garanti » vient parfois bien à point pour assurer la couverture de charges récurrentes liées tant au ménage qu’à l’outil de production. Le désir de réalisation personnelle, le souhait de valorisation de diplôme, le besoin d’ouverture à d’autres horizons participent également à la diminution relative de la présence féminine dans l’agriculture wallonne.

    Depuis la nuit des temps, les femmes participent plus qu’activement au travail dans les exploitations agricoles, mais jusqu’il y a relativement peu de temps, cette activité était en quelque sorte transparente par défaut de reconnaissance officielle. Depuis 1990 (mini-statut) avec l’avènement du statut de conjoint(e)-aidant(e) et son renforcement à partir de 2005 (maxi-statut), la Femme dispose de droits équivalents à l’Homme et son activité est pleinement reconnue. De plus, la co-titularité des droits a été mise en place en 2007 par le Gouvernement wallon sur proposition de mon prédécesseur le Ministre Benoit Lutgen.

    À part le manque de vision d’avenir et de revenu dans le secteur (sans distinction de sexe), l’Union des Agricultrices wallonnes (UAW) ne distingue pas de réels freins quant à l’exercice du métier d’agricultrice. Aujourd’hui, nous voyons de jeunes femmes s’installer seules dans une exploitation ou se créer leur activité propre au sein de l’exploitation familiale. On constate dans le secteur que contrairement aux autres professions libérales, les femmes arrivent à bénéficier de la même façon que les hommes de l’accès aux aides bancaires, à l’investissement et à l’installation. À projet identique et dossier égal, ceux-ci sont traités de manière égalitaire. Dans d’autres secteurs, les femmes-chefs d’entreprises, par exemple, se plaignent d’avoir un accès aux services bancaires plus compliqué…