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Les maisons de repos (MR) et maisons de repos et de soins (MRS)

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 243 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 20/02/2018
    • de MOTTARD Maurice
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative

    Quelle solution y a-t-il pour la Wallonie face au manque de places dans les MR et les MRS ?

    En 2016, l’Observatoire wallon de la santé avait essayé de dresser un état des lieux exhaustif. Cela est resté à l’état d’essai puisque moins de 50 % des gestionnaires (585) avaient répondu. Y a-t-il eu une nouvelle tentative depuis lors pour dresser l’état de la question ?

    On compte aujourd’hui ± 634 places en MR pour 10.000 personnes de 60 ans et plus vivant en Wallonie. Vu que d’ici 2040, le nombre de seniors (en état de dépendance) va augmenter rapidement et significativement, Madame la Ministre pense-t-elle que même en maintenant le quota de 634 par rapport à 10.000, le nombre de places MR et MRS sera suffisant ?

    En effet, les pronostics démographiques partent d’une situation où actuellement les seniors représentent quelque 16 % de la population et que d’ici 2040 on estime qu’ils seront 25 %.
  • Réponse du 26/02/2018
    • de GREOLI Alda

    L’Observatoire wallon de la santé a, en effet, réalisé une étude sur les listes d’attente en 2016. Les résultats de cette dernière se sont révélés inutilisables, non pas parce que le taux de réponse était de 31 %, ce qui est tout à fait raisonnable et aurait permis de faire des estimations valides, mais parce que ces listes d’attentes ne reflètent pas la réalité, et ce pour trois raisons :
    - de nombreuses personnes s’inscrivent dans plusieurs maisons de repos ;
    - les personnes inscrites ou les familles n’avertissent pas toujours (voire pas souvent) les maisons de repos dans lesquelles elles sont inscrites du fait qu’elles ont trouvé une place dans une autre maison de repos ou que la personne est décédée ;
    - de nombreuses personnes s’inscrivent « par précaution », mais ne sont pas forcément prêtes à entrer en maison de repos quand on leur annonce qu’une place s’est libérée.

    Le nombre de seniors va en effet augmenter d’ici 2040 : selon le Bureau fédéral du plan, la proportion de personnes âgées de 67 ans et plus passera de 15,5 % en 2016 à 21,8 % en 2040.

    Beaucoup de paramètres doivent entrer en compte pour évaluer les besoins futurs en lits de maison de repos. Citons par exemple l’impact potentiel de facteurs en lien étroit avec deux initiatives prises récemment par la Wallonie :
    * L’augmentation annoncée de la prévalence des maladies chroniques, mais probablement contrebalancée par une amélioration des traitements de ces maladies (aujourd’hui on guérit 1 cancer sur 2) ou espérons-le une stabilisation du nombre de personnes qui sont en perte d’autonomie à cause de ces maladies chroniques grâce aux programmes de prévention et de promotion de la santé.
    * Une amélioration des services qui permettent le maintien à domicile et la mise en place de politique favorisant celui-ci (assurance autonomie, services d’aide aux familles et aux ainés, support social contre l’isolement, Wallonie amie des ainés, etc.). Le dernier rapport bisannuel des établissements pour ainés a montré que selon les arrondissements entre 22 et 40 % des personnes actuellement en maison de repos sont très peu dépendantes voire pas du tout (échelle de Katz O ou A). Si toutes ces personnes faisaient le choix de rester chez elles, plus de 20 % de lits seraient disponibles pour les personnes qui en ont le plus besoin.

    Les quotas devront être revus, mais en s’appuyant sur des données valides concernant non seulement l’état de santé futur des seniors, mais également sur les perspectives de changements sociétaux et de changements des politiques favorisant le maintien à domicile. Sans nier le souhait exprimé par de nombreuses personnes (cf Rapport du Panel citoyen sur les enjeux du vieillissement du Parlement de Wallonie) de pouvoir continuer à habiter le plus longtemps possible chez elles. Il est dès lors important de poursuivre à investir dans les services de soutien à domicile et de continuer à développer les diverses alternatives existantes tant dans les soins institutionnels à court terme que dans les accueils semi-institutionnels.

    J’aimerais ainsi souligner mon souhait au niveau de la Wallonie de pouvoir concilier :
    - besoins et souhaits des aînés,
    - vie en autonomie le plus longtemps possible,
    - qualité de vie,
    - accès aux soins quelle que soit la formule d’hébergement choisie,
    - réserver prioritairement les maisons de repos et les maisons de repos et de soins aux personnes les plus dépendantes et concentrer son action à l’avenir sur l’amélioration de la prise en charge à domicile et des formules intermédiaires telles que les centres de court séjour et les centres de soins de jour afin de favoriser les services de proximité.

    Les besoins futurs en lits devraient également tenir compte des disparités en matière de vieillissement entre communes.

    Voici, par exemple, les conclusions faites par des chercheurs et publiées dans le document de recherche de l’IWEPS « La gestion du vieillissement en Wallonie aux horizons 2025-2045 : enjeux et prospective ».

    « Les communes ardennaises, ainsi que celles situées dans le Tournaisis ou dans l’Entre-Sambre-et-Meuse sont sans doute les plus particulières de ces points de vue. Elles concentrent de larges parts de populations âgées, souvent résidentes dans des ménages isolés et déclarant, pour la plupart, être en mauvais état de santé. Pour autant, ces localités n’offrent pas nécessairement un large panel d’aides aux bénéfices de ces populations vulnérables. Si l’offre de places en institutions, rapportées aux potentiels bénéficiaires, n’y apparaît pas forcément plus sous-développée qu’ailleurs, l’offre d’aides et de services fournis par des proches ou des professionnels du secteur médico-social s’avère toutefois bien insuffisante.

    Les communes situées en Brabant wallon ou dans le sud de la province du Luxembourg présentent actuellement l’avantage d’être relativement épargnées des difficultés engendrées par le vieillissement démographique. Bien sûr, la part de personnes âgées et très âgées y croît, comme partout, mais selon des ampleurs moins fortes. Encore aujourd’hui, elles présentent des populations aux structures par âge très jeune, résultat d’une périurbanisation récente et intense. Par ailleurs, les populations résidant dans ces quelques communes bénéficient d’avantages socioéconomiques qui les laissent partiellement à l’abri d’une précarité prononcée, y compris chez les populations plus âgées. Inévitablement, le processus de vieillissement s’y propagera (peut-être même selon un rythme bien plus effréné qu’ailleurs). Mais l’expérience des autres communes wallonnes leur laisse l’opportunité de pouvoir mieux en appréhender les défis. »