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La coopération de la Wallonie avec la République démocratique du Congo

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 70 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 21/02/2018
    • de LAMBELIN Anne
    • à BORSUS Willy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    On apprenait récemment que le Ministre congolais des Affaires étrangères, She Okitundu, demandait à la Belgique de mettre fin aux activités de la nouvelle agence belge de développement (Enabel) qui a remplacé la coopération technique belge (CTB).

    Le document demande aussi le démantèlement du dispositif consulaire appelé «Maison Schengen ». Installée à Kinshasa à côté de l’école belge, elle traite pour le compte de plusieurs pays européens les dossiers des Congolais en demande de visa.

    Au-delà de la décision de réaffecter 25 millions d’euros, Kinshasa reproche à la Belgique d’avoir pris sa décision et de l’avoir rendue publique sans concertation préalable.

    Plus largement, Kinshasa estime que la Belgique joue de son influence et de la présence de ses diplomates à des postes clés pour tenter d’influencer la position de l’Union européenne à l’égard de la RDC et estime que Bruxelles est une « caisse de résonance » de l’opposition congolaise.

    Dans une précédente question sur le sujet, Monsieur le Ministre-Président indiquait qu’un atelier stratégique consacré à la RDC serait organisé par WBI en janvier. Cet atelier a-t-il déjà eu lieu ? Si oui, quelles conclusions pouvons-nous en tirer ?

    Les événements récents en RDC pourraient-ils influencer le partenariat entre la Wallonie et la RDC ? De manière générale, Monsieur le Ministre-Président peut-il nous en dire plus sur la façon dont il envisage la collaboration future avec la RDC ?
  • Réponse du 14/03/2018
    • de BORSUS Willy

    La situation en République démocratique du Congo reste très préoccupante. Les évènements qui se sont déroulés durant les manifestations le 31 décembre 2017 ainsi que ses dernières semaines témoignent de la tension qui règne dans ce pays. L’ONU a fait état de plusieurs personnes tuées et de nombreux blessés.

    La Wallonie se joint à l’appel de ce 22 janvier exprimé au niveau fédéral et du Ministre des Affaires étrangères Didier Reynders demandant à l’Union européenne de se saisir de la question au vu de la répression des manifestations par les forces de l’ordre congolaises et de la situation humanitaire dans le pays.

    Par ailleurs, j’ai pris note du fait que les Ministres fédéraux des Affaires étrangères et de la Coopération au développement ont annoncé le 10 janvier 2018 une révision de la coopération avec les autorités congolaises et la réorientation d’un budget de 25 millions d’euros prévu pour la coopération gouvernementale vers l’aide humanitaire ou d’autres initiatives répondant aux besoins de la population congolaise. Cette annonce marque une prise de distance du Gouvernement fédéral vis-à-vis des autorités de Kinshasa. Les autorités congolaises ont demandé dans la foulée la fin des activités en RDC de l’agence belge de coopération Enabel. Cependant, le dialogue politique entre Bruxelles et Kinshasa est maintenu à ce stade.

    La Wallonie continuera d’agir de manière cohérente et concertée avec la Belgique et l’Union européenne dans ce dossier, car c’est uniquement une position coordonnée à ce niveau qui permettra de délivrer un message clair. Dans le même esprit, je souhaite également avancer en dialoguant avec les autres Entités fédérées. La priorité reste l’organisation d’élections crédibles et transparentes en RDC en 2018. Je regrette en particulier le non-respect de la feuille de route pour une transition politique que représente l’accord de la Saint-Sylvestre 2016, un non-respect qui est une des causes principales de la situation actuelle.

    Afin de mener une réflexion globale sur la coopération de la Wallonie avec des États en crise, un atelier stratégique a, en effet, été organisé par WBI ce 16 janvier 2018 en prenant comme cas de figure deux de nos pays prioritaires d’Afrique centrale : la RDC et le Burundi. Outre les services de Wallonie-Bruxelles et de l’APEFE, trois experts de l’Afrique centrale ont pris part à ce séminaire : Hans Hoebeke de l’ « International Crisis Group », Franck De Coninck, ancien Ambassadeur belge à Kigali et à Kinshasa et Emmanuel Klimis, chercheur à l’Université Saint-Louis de Bruxelles.

    En ce qui concerne la coopération de la Wallonie avec la RDC, les participants à cet atelier ont proposé de continuer à assurer la présence de notre région dans ce pays tout en maintenant un dialogue ferme et respectueux avec l’ensemble des parties en présence. Ils ont recommandé, par ailleurs, de poursuivre le travail de coopération pragmatique et de proximité avec les partenaires locaux fiables de Wallonie-Bruxelles en attendant une sortie de crise. Il a été suggéré également de ne pas envisager la tenue d’une Commission mixte avec les autorités congolaises concernant le renouvellement de notre programme de travail bilatéral direct de coopération qui s’est achevé en 2017. Durant les années 2018 et 2019, il a été proposé que les Entités fédérées restent vigilantes quant aux développements du processus politique et électoral et entretiennent une activité de coopération au plus proche de nos préoccupations de soutien à l’émergence d’un État de droit.

    Les conclusions de cet atelier stratégique rejoignent donc la politique que je souhaite mener suite à l’évolution du contexte en RDC. En effet, concernant la coopération de la Wallonie avec la RDC, l’élaboration du prochain programme de travail bilatéral direct qui était censé débuter en 2018 avec les autorités congolaises sera postposée jusqu’à ce que les conditions en RDC se soient substantiellement améliorées. Je souhaite rappeler, à ce titre, que si la Wallonie y mène une coopération de proximité depuis des années, celle-ci n’apporte aucune aide financière directe au Gouvernement congolais.

    En 2018 et sans doute aussi pour une partie de l’année 2019, la coopération s’opéra donc essentiellement via les programmes de coopération indirecte avec le concours notamment des ONG. Fin de l’année 2017, la Wallonie a d’ailleurs approuvé pas moins de 16 nouveaux projets de coopération indirecte en RDC pour les années 2018 et 2019 présentés par les acteurs de la coopération indirecte de Wallonie-Bruxelles, dont les ONG. Mais la Wallonie prolongera aussi, au cas par cas, des projets de la programmation de coopération directe 2015-2017 lorsque ces projets bénéficient directement aux populations. La Wallonie continuera d’une part, à être vigilante quant aux développements du processus politique et électoral et d’autre part, à entretenir une activité de coopération au plus proche de nos préoccupations de soutien des populations congolaises sans lien direct avec les autorités congolaises et soutenant l’émergence d’un État de droit.

    Je souhaite donc réaffirmer que la Wallonie continuera d’être au plus proche des populations congolaises pour les soutenir au travers de différents projets dont l’impact leur est directement bénéfique.