La diversification agricole

• Session : 2017-2018
• Année : 2018
• N° : 310 (2017-2018) 1

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• Question écrite du 05/03/2018

  • de STOFFELS Edmund
  • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
  
  Il est bizarre de constater que nos agriculteurs produisent peu d’orge brassicole et également peu de houblon qui sont pourtant deux des principaux ingrédients dans la fabrication de la bière avec l’eau et la levure.
  
  La Belgique est pourtant le premier exportateur mondial de malt, mais est un petit producteur de sa matière première. S’il fallait fournir l’orge nécessaire, il faudrait 1.000 hectares de terres soit 97 % supplémentaires. Est-ce envisageable que le Monsieur le Ministre incite le secteur en faveur d’une diversification de sa production dans le sens indiqué ?
  
  Concernant le houblon, le problème est tout autre. En effet, par le passé, les Belges ont produit beaucoup plus de houblon. Alors qu’aujourd’hui ils ne sont plus que 33 producteurs sur 159 hectares à travailler le houblon, en 1980, ils étaient 219 producteurs sur 795 hectares. Est-il envisageable qu’on revienne à la situation de 1980, voire même qu’on la dépasse ?
  
  Bref, saisit-on avec suffisance les potentiels que nous offre la diversification de la production agricole ?

• Réponse du 23/03/2018

  • de COLLIN René
  
  Je partage les constats de l'honorable membre et je suis bien conscient du potentiel de développement que présentent l’orge brassicole et le houblon en Wallonie.
  
  Pour ce qui est de l’orge brassicole, j’ai approuvé il y a peu un plan stratégique de développement décennal élaboré à ma demande par le Collège des Producteurs. J’ai chargé ce dernier d’assurer la coordination de sa mise en œuvre, en partenariat avec tous les acteurs identifiés. Le budget nécessaire sur dix ans a été estimé à 2.560.000 euros. Si ce n’est déjà fait, je l'invite à prendre connaissance des huit mesures concrètes de ce plan.
  
  Les objectifs globaux sont les suivants : 400 hectares d’orge brassicole wallonne en 2019 et, à l’horizon 2027, utilisation d’orge brassicole régionale dans toutes les brasseries wallonnes.
  
  En exécution du plan précité, le Collège des Producteurs, AgriLabel et mon administration viennent de finaliser un projet de cahier des charges pour une orge brassicole de qualité différenciée. Ce futur cahier des charges est basé sur le modèle d’un contrat impliquant les quatre acteurs de la filière. Une rémunération juste des différents maillons, à commencer par l’agriculteur, constituera le pilier du cahier des charges. La différenciation sera essentiellement basée sur l’origine locale de l’orge, réduisant l’impact écologique du transport. Le projet de cahier des charges sera présenté prochainement à l’ASBL Promotion Orge de Brasserie qui devrait idéalement être le porteur du cahier des charges. Celui-ci, accompagné d’un argumentaire économique et marketing, sera alors présenté aux opérateurs de la filière, en commençant par les brasseurs, pour remonter la filière jusqu’à l’agriculteur.
  
  Concernant le houblon, il représentait encore une trentaine d’hectares en Wallonie en 1980, pour 4-5 producteurs. En 2012, la production wallonne n’était plus le fait que d’un seul producteur situé à Warneton, pour une superficie de 10 hectares. Un deuxième producteur/préparateur est venu le rejoindre en 2013. Il exploite actuellement 7 hectares sur la commune de Doische. Trois autres opérateurs plus confidentiels sont actuellement recensés pour une superficie globale d’environ un hectare. Bien d’autres projets existent encore au stade d’ébauche. La plupart de ces projets sont portés par des non-agriculteurs. DiversiFerm et l’Agence pour l’Entreprise et l’Innovation ont organisé la mise en réseau des projets et encadrent leurs démarches, notamment en mettant les candidats en contact avec des personnes ressources.
  
  Comme pour l’orge brassicole, j’ai chargé le Collège des Producteurs d’élaborer un plan stratégique « houblon ». Une première réunion exploratoire s’est déroulée ce 13 mars à Gembloux. Elle a rassemblé des acteurs institutionnels ou académiques afin d’identifier les pistes d’actions à inclure dans un plan stratégique et les prioriser.
  
  Le Collège des Producteurs va poursuivre son travail afin d’aboutir à un plan que j’aurai le plaisir de présenter.