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La monnaie wallonne

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 81 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 06/03/2018
    • de MOTTARD Maurice
    • à BORSUS Willy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    Afin de soutenir le secteur wallon de la construction et de la rénovation, l’administration wallonne recommandait, à un certain moment, la mise en place d’une monnaie wallonne.

    Choisir sa monnaie se fait déjà dans certains commerces, boulangerie, librairie, boucherie, etc. Cette pratique favorise l’économie locale et donc le circuit court, acheter au petit commerce du coin plutôt que dans une grande surface.

    Les différentes monnaies locales progressent en Wallonie et il semble même que cet enthousiasme arrive au SPW qui prévoit d’étudier cette pratique à l’échelle régionale pour les secteurs de la construction dans les bâtiments et surtout de la rénovation des bâtiments.

    Est-ce, selon Monsieur le Ministre-Président, une idée à prendre au sérieux ? Est-ce une idée qui permettrait de protéger un peu la construction wallonne contre une concurrence parfois déloyale venant d’ailleurs ?
  • Réponse du 27/03/2018
    • de BORSUS Willy

    La question du développement des monnaies locales est une question importante qui doit bien entendu être prise au sérieux. Les initiatives se sont multipliées ces dernières années en Belgique et à l’étranger et il en existerait plus de 5 000 à travers le monde.

    Étant donné le caractère récent de ces initiatives locales, nous manquons à l’heure actuelle du recul nécessaire pour être en mesure d’évaluer l’impact réel du développement de ces monnaies sur l’économie locale et la croissance de certains secteurs. Les hypothèses selon lesquelles l’argent circule beaucoup plus vite avec l’utilisation d’une monnaie locale pourraient s’avérer correctes, mais aucune analyse scientifique n’a à l’heure actuelle permis de le démontrer.

    Il faut également tenir compte des risques que peut présenter ce type de monnaie, en particulier pour des systèmes qui utiliseraient un effet de levier. Il s’agit de monnaies basées uniquement sur la confiance mutuelle pour lesquelles aucune garantie n’existe. En ce qui concerne l’implication des pouvoirs publics dans une initiative de monnaie locale, il convient d’examiner cette option avec une grande prudence.

    À cet égard, l’initiative en la matière qui avait été prise par le Gouvernement bruxellois illustre que ce genre de projet n’a pas toujours le succès escompté. Selon mes informations, le projet Eco Iris a été stoppé par le Gouvernement bruxellois actuel et a eu un impact budgétaire non négligeable.

    Concernant le soutien à nos secteurs économiques, il me semble que les réalités varient fortement selon le secteur et les difficultés particulières ne sont pas toujours les mêmes. Comme le mentionne l'honorable membre, je prends par exemple le secteur de la construction qui est actuellement soumis à une concurrence déloyale. Pour lutte contre celle-ci, des initiatives réglementaires comme celle que viennent d’approuver les instances européennes vont dans le bon sens. De même, le plan wallon d’investissements a la volonté de créer de la valeur ajoutée dans notre secteur de la construction tout en respectant la réglementation des marchés publics.

    Pour conclure, les initiatives de monnaies locales ne doivent pas être négligées. Cependant, la pertinence d’une implication du pouvoir public doit certainement être évaluée davantage afin d’éviter des dépenses inutiles. Il serait préférable dans un premier temps de soutenir les initiatives citoyennes en réalisant une étude d’impact sérieuse pour évaluer la pertinence de ce type de monnaie sur notre économie locale. En outre, nous pourrions également réfléchir à la fixation d’un cadre légal plus clair pour l’utilisation et la circulation des monnaies complémentaires dans notre pays afin d’assurer une plus grande sécurité juridique dans le domaine.