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Les alternatives à la castration des porcelets

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 833 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 06/03/2018
    • de DESQUESNES François
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings

    Une entreprise de nutrition animale a lancé, il y a un peu plus d’un an, un concept alimentaire breveté (basé sur un meilleur fonctionnement de l’intestin), lors de l’exposition agricole Agriflanders.

    « TAINTSTOP » permettrait de réduire l’odeur de verrat dans la viande de porc, et veut donc se profiler comme une réelle alternative à la castration.

    Jusqu’à présent, la castration (physique ou chimique) est la méthode utilisée pour réduire les risques d’odeur de verrat dans la viande de porc.

    Cette odeur n’apparaitrait que chez une petite partie des porcs mâles ayant atteint la maturité sexuelle. Monsieur le Ministre peut-il me dire quelle proportion de porcs mâles est concernée par le problème ? Peut-il me confirmer le chiffre dont je dispose, à savoir 5 %  seulement des porcs mâles ?

    Le nouveau composé alimentaire évoqué plus avant a été testé avec la collaboration de l’abattoir Lovenfosse d’Aubel et de l’institut de recherche ILVO.

    Monsieur le Ministre peut-il me dire si une analyse de cette innovation a déjà pu être réalisée, notamment au niveau de son administration ? Dans l’affirmative, quels sont selon lui les avantages et inconvénients de cette option ? Dispose-t-il de chiffres sur le coût pour les éleveurs, voire le surcoût, que pourrait engendrer l’application de cette méthode ?

    Les différents partenaires de la chaîne de production porcine européenne ont conclu un accord de principe dans lequel ils s’engagent à abolir la castration sans anesthésie des jeunes verrats dès le 1er janvier 2018. Cette option « TAINTSTOP » pourrait-elle être dès lors une réponse parmi d’autres à cela ? Cette méthode est-elle compatible avec les pratiques de la filière porcine bio ?
  • Réponse du 27/03/2018
    • de DI ANTONIO Carlo

    Des études évaluent effectivement le pourcentage de viande odorante chez les mâles entiers à plus ou moins 5 %. Cela signifie que la castration systématique des porcelets semble être disproportionnée, et incompatible avec nos nouveaux standards en matière de bien-être animal.

    Le contrôle de l’odeur au niveau de l’abattoir ne peut se faire actuellement que par le nez humain et certaines études remettent en cause la fiabilité de cette technique. On peut malgré tout juger que les cas de viandes odorantes se retrouvant sur le marché seraient faibles si la pratique se généralisait. Cette technique du nez humain est par ailleurs déjà utilisée partiellement par nos abattoirs. Mais elle est contraignante. Un nez humain ne peut exercer continuellement. À défaut, il perd en efficacité.

    Pour ce qui concerne l’utilisation de ce composé alimentaire en vue de diminuer l’odeur de verrat, c’est une voie de recherche très intéressante. Les premiers résultats semblent prometteurs, mais à confirmer sur un plus grand nombre d’animaux. Mais à l’analyse, il apparait que cet aliment ne résoudra pas complètement et à lui seul la problématique.

    En effet, l’odeur de verrat est due à deux molécules qui apparaissent dans l’organisme du porc mâle à la puberté, le scatol et l’androsténone. L’utilisation de la voie alimentaire agit uniquement sur le scatol qui trouve son origine dans la desquamation des cellules de l’épithélium intestinal alors que l’androsténone vient elle directement des testicules. Il y a donc toujours un risque d’odeur bien que l’androsténone ne soit perçue que par une partie des consommateurs.

    Les perspectives actuelles restent donc de combiner cette alimentation spécifique avec d’autres avancées, telles que la vérification de l’odeur des carcasses à l’abattoir.

    Le Taintstop pourrait être compatible avec la filière biologique à condition que la composition précise de cet aliment soit vérifiée au regard de la réglementation relative à la production biologique. Dans ce cas, la mention « utilisable en agriculture biologique » délivrée et contrôlée par un organisme agréé permettra son utilisation.

    Pour le secteur bio, l'immunothérapie, alternative à la castration chirurgicale, semble poser une difficulté majeure. Cette substance pourrait déclasser la viande qui n'est donc plus reconnue comme viande bio. On ne peut concevoir qu'un secteur promu par ailleurs par la Région wallonne, celui du porc bio, se trouverait directement pénalisé par une interdiction pure et simple de la technique de castration chirurgicale.

    Une autre alternative qui doit encore être développée est la sélection génétique de lignées moins odorantes.

    Concernant les coûts, pour les éleveurs, de ces différentes alternatives, les chiffres ne sont pas à la disposition du Ministre du Bien-être animal. Cela relève du Ministre René COLLIN en charge de l’agriculture.