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Le mal-être des Wallons

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 274 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 14/03/2018
    • de LAMBELIN Anne
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative

    Solidaris a récemment mené une enquête sur la santé mentale et physique des Wallons. Et le premier résultat n’est pas très réjouissant: l’indice de bien-être a baissé l’année dernière, désormais seuls 54,5 % des Wallons se sentiraient bien. La cause de cette baisse semble être liée aux soins de santé, 66 % des Wallons craignant pour la qualité des soins qu’ils reçoivent. Le report des soins pour des raisons budgétaires n’est pas étranger à ce sentiment.

    Au niveau de leur santé mentale, les Wallons seraient de plus en plus nombreux à craindre le burn-out et à se sentir épuisés sur leur lieu de travail. Malheureusement les résultats sont bien différents en fonction des réalités économiques et les inégalités ne font que se renforcer. On arrive donc à des résultats et des indices de bien-être très différents en fonction de la situation économique. 10 % des Wallon interrogés semblent toucher le comble du bien-être, mais de l’autre côté, la même proportion semble être plongée dans un réel mal-être. De plus, les inégalités entre les hommes et les femmes semblent aussi s’aggraver au niveau de l’indice du bien-être: les hommes se disent, en moyenne, plus heureux que les femmes.

    Si les Wallons semblent plutôt heureux en amour et au travail et que 65,5 % d’entre eux estiment avoir réussi leur vie, 30,8 % disent, malgré tout, avoir déjà été touchés par une dépression légère au cours des deux dernières années et 2,6 par une dépression vraiment sévère.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance de l’étude ? Cette lecture lui inspire-t-elle de nouvelles pistes d’action afin d’améliorer le sentiment de bien-être chez les Wallons ? Comment expliquer que les hommes soient généralement plus heureux que les femmes ? Dans le cas des Wallons ayant subi une dépression, quelles sont les solutions développées avec le soutien de la Wallonie afin de les accompagner et les soutenir ?
  • Réponse du 20/04/2018
    • de GREOLI Alda
    L'enquête citée ne représente pas tous les Wallons, mais uniquement les affiliés de Solidaris qui ont répondu à l'enquête. Les résultats seraient sans doute légèrement différents si on prenait les affiliés d'un autre organisme assureur.

    Plutôt que de prendre connaissance de cette étude, je préfère dès lors me baser sur les sources validées pour leur représentativité qui ont été reprises dans le plan de prévention et de promotion de la santé, tel que l'enquête de santé par interview de l'Institut scientifique de santé publique. Je ne citerai ci-dessous que les chiffres pour la Wallonie.

    Ainsi, selon l’enquête de santé par interview de 2013, 35 % de la population wallonne éprouveraient des difficultés psychologiques et 20 % souffriraient d’un trouble plus sévère. Les femmes sont en effet significativement plus nombreuses à éprouver des difficultés psychologiques. La prévalence est encore supérieure dans les populations les moins scolarisées. Ces chiffres sont plus élevés de 10 % par rapport à la moyenne européenne.

    La même source constate que 13 % des hommes et 20 % des femmes rapportent un trouble dépressif, ce qui représente une hausse importante par rapport aux chiffres de 2008, respectivement 7 % et 13 %. De même, l’ISP constate une progression des troubles anxieux, dépressifs et du sommeil entre les enquêtes de 2008 et de 2013, alors que les indicateurs étaient stables jusqu'en 2008.

    D’une manière générale, les troubles en santé mentale sont donc en effet plus fréquents chez les femmes et chez les personnes ayant un faible niveau d’éducation.

    Par contre, selon l’Enquête de Santé publique de 2013, en matière de décès par suicide, les hommes sont nettement plus représentés que les femmes.

    Pour expliquer l'apparente contradiction entre la prévalence plus élevée de troubles en santé mentale chez les femmes et la prévalence plus élevée de suicides chez les hommes, une hypothèse qui est parfois proposée est la plus grande propension des femmes, dans notre société actuelle en tout cas, par rapport aux hommes, à exprimer des souffrances psychologiques. Si cette hypothèse est vraie, cela signifierait que les troubles en santé mentale sont sous-estimés chez les hommes parce qu'ils sont moins souvent exprimés dans les enquêtes et auprès des professionnels de la santé.

    Parmi les autres explications sur la différence entre les hommes et les femmes en matière de bien-être, certains citent la plus grande charge de travail ménager assumée par les femmes ou encore leur besoin plus important en matière de sommeil.

    Ces quelques facteurs conjugués pourraient contribuer à expliquer le taux plus élevé de problèmes psychologiques rapportés par les femmes. Mais ce ne sont que des hypothèses.

    Pour répondre à ces problèmes de santé mentale et, particulièrement, de dépression, la Wallonie subventionne 65 services de santé qui totalisent 128 sièges ou antennes répartis sur tout le territoire wallon. Je prépare actuellement une réforme du décret sur les services de santé mentale pour renforcer leur action en soutenant le travail en réseau avec d'autres professionnels de la santé, depuis les médecins généralistes jusqu'aux institutions résidentielles en santé mentale. Les services ont en effet des difficultés pour rencontrer toutes les demandes. Pour mieux y répondre, ils doivent augmenter encore leur collaboration avec d'autres professionnels.

    Je rappelle également que le plan wallon de prévention et de promotion de la santé met également l'accent sur la promotion d'une bonne santé mentale pour travailler en amont et éviter l'aggravation des situations.