Les tâches ménagères, obstacles à l’égalité entre les sexes
Session : 2017-2018
Année : 2018
N° : 275 (2017-2018) 1
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Question écrite du 14/03/2018
de STOMMEN Isabelle
à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
Depuis 10 ans, on observe une légère progression de l’index européen de l’égalité de genre.
L'écart entre les hommes et les femmes se réduit dans les domaines de l’emploi, de l’éducation, des ressources financières, dans la représentation dans les structures du pouvoir. Mais il y a un indicateur qui n’évolue pas dans le bon sens, celui du « temps », (« activités de soins » et activités sociales).
Sur ce point, l’égalité régresserait, selon l’index européen 2017 de l’égalité de genre. L’égalité a régressé dans notre pays. C’est particulièrement entre 2012 et 2015, soit entre les deux derniers index, que l’égalité aurait régressé chez nous. Notre pays a perdu deux places par rapport aux index 2010 et 2012, passant de la cinquième à la septième place.
Les hommes consacrent plus de temps à leurs loisirs que les femmes. La régression belge est constatée à cause des tâches ménagères. En 2005, 48% des hommes belges consacraient une heure par jour pour ces tâches. Ils ne sont plus que 32,5% en 2015.
Comment pareille régression s’explique-t-elle, malgré les politiques publiques pourtant mises en place ces dernières années pour plus d’égalité entre les genres ?
Toutes les études concordent sur ce point. Le deuxième cahier de l’IWEPS d’octobre 2017, posait ce même constat : les femmes assument 2/3 du travail domestique et familial, et ce ratio n’a pas évolué entre 1999 et 2013. Certains experts parlent « d’échec de la révolution ménagère ».
Ces inégalités, qui s’exercent au sein des foyers, sont certes difficiles à appréhender par les politiques publiques, mais elles contribuent à toujours maintenir les femmes dans des emplois plus précaires, car à temps partiels, moins bien rémunérés et donc moins bien reconnus aussi en termes de niveau de pension.
De quels moyens dispose notre Région pour, d’une part, reconnaître ce déséquilibre et, d’autre part, pour s’attaquer à ce problème qui semble de plus en plus être et demeurer le véritable « nœud du problème » ?
Réponse du 22/03/2018
de GREOLI Alda
La Région wallonne a adopté le 11 avril 2014 le décret visant à la mise en œuvre des résolutions de la Conférence des Nations unies sur les femmes à Pékin de septembre 1995 et intégrant la dimension du genre dans l’ensemble des politiques régionales. L’article 2 de ce décret prévoit que « le Gouvernement wallon présente au Parlement wallon, pour l’ensemble des politiques menées, les objectifs stratégiques qu’il entend réaliser au cours de la législature, conformément aux objectifs de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes tenue à Pékin en septembre 1995 ».
Le choix de ces mesures, qui constituent le « Plan gender », s’était basé sur les propositions faites par les associations de terrain via le CWEHF. Pour chaque ministre, deux mesures visant à intégrer la dimension de genre ont été retenues. Le premier plan wallon de « gender mainstreaming » contient donc un ensemble de seize mesures concrètes.
Les ministres ont décidé de repartir des deux mesures choisies par leurs prédécesseurs, et ce malgré le changement de majorité et la mise en place d’un nouveau gouvernement. Le Plan genre reste donc d’actualité et fera bien l’objet d’une évaluation dans le cadre du rapport final qui sera remis en fin de législature.
Bien que le partage des responsabilités familiales n’ait pas été proposé par les associations en tant que mesure spécifique du plan genre, je me permets tout de même d’attirer l'attention sur certaines mesures adoptées par les Ministres wallons dans le cadre de la mise en œuvre du décret gender mainstreaming, à savoir : - l’encouragement de la participation des femmes et/ou des hommes au sein de secteurs d’activités professionnelles où elles/ils sont sous-représentés, - la promotion de l’entreprenariat féminin et masculin, - le soutien des formations des travailleurs (euses) titres-services, - ou encore, en matière de santé, la favorisation du maintien à domicile des personnes âgées et/ou handicapées par une prise en charge adéquate.
Nous pouvons également citer la mesure du Ministre Collin qui vise à valoriser le statut des agricultrices. Enfin, je terminerai par l’initiative « Girls day boys day » financé par Pierre-Yves Jeholet dans le cadre des coordinations provinciales égalité. Le Girls day, Boys day vise à sensibiliser les élèves et les enseignant-e-s aux stéréotypes de genre dans les choix d’orientation scolaire et professionnelle.
J'invite l'honorable membre à demander directement à mes collègues en charge de ces différentes matières ce qui a été mis en place dans le cadre de leurs mesures. Toutes ces mesures favorisent l’intégration des femmes sur le marché de l’emploi et leur présence accrue dans la sphère publique. Par ce biais, nous espérons favoriser indirectement l’égalité entre les hommes et les femmes dans la sphère privée.
Comme mentionné à juste titre, malgré les nombreuses avancées en la matière, il subsiste encore et toujours des différences de traitement entre les hommes et les femmes. C’est pour cette raison que mes collègues et moi-même devons en permanence nous unir afin de lutter contre l’ensemble des discriminations qui subsistent entre les hommes et les femmes, en mettant notamment en œuvre les mesures destinées à établir l’égalité entre les sexes.
Enfin le Décret du 6 novembre 2008 relatif à la lutte contre certaines formes de discrimination établit un cadre légal très précis et donne à la Région wallonne un outil permettant de lutter contre toutes les discriminations (race, convictions religieuses et philosophiques, handicap, âge, orientation sexuelle…) et notamment celles liées au genre. Ce décret interdit les discriminations dans tous les domaines de compétence de la Wallonie.