/

L'abattage à la ferme

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 877 (2017-2018) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 14/03/2018
    • de MOUYARD Gilles
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings

    Quelles sont les possibilités de concrétisation de l’abattage à la ferme en Wallonie ? Cette question a fait l’objet de l’après-midi du colloque du projet « Échangeons sur notre agriculture » de Nature & Progrès. 

    Cette réflexion part en partie du constat qu’en Wallonie le nombre d’abattoirs a fortement diminué au cours des trente dernières années. De plus, de nombreux abattoirs se sont spécialisés dans certaines catégories d’animaux ou dans l’abattage à grande échelle, fermant leurs portes aux petits abattages pour le circuit court.

    Éleveurs et consommateurs se demandent donc s’il ne serait pas plus opportun de pratiquer l’abattage des animaux directement à la ferme. Les porteurs de cette vision de l’abattage mettent en avant le fait qu’une telle pratique permettrait d’optimiser le bien-être animal en évitant aux bêtes le stress du trajet, l’attente dans un lien méconnu.

    Pour ce faire, deux possibilités existent : le tir des animaux en prairie ou l’abattage dans un camion mobile.

    Afin de poursuivre les discussions avec l’AFSCA et d’autres organismes décideurs, un groupe de travail multi-acteurs se met en place. Ils sont déjà plus de vingt, citoyens, éleveurs, représentants de structures, à travailler à la concrétisation de l’abattage à la ferme.

    En mars 2017, Monsieur le Ministre déclarait vouloir s'inspirer d'une méthode allemande qui consiste à permettre à l'agriculteur, accompagné d'un vétérinaire, d'abattre les animaux directement dans leur ferme, notamment pour éviter les transports vers l'abattoir. 

    Quelle est son analyse de la situation? Qu’en est-il de sa réflexion portant sur ce sujet ? Serait-il favorable à l’abattage des animaux à la ferme ? Dans l’affirmative ou la négative pourrait-il justifier sa réponse ? A-t-il été contacté en vue de participer au groupe de travail composé de multi-acteurs ? Travaille-t-il de concert sur ce dossier avec son collègue en charge de l’Agriculture ?

    Qu’en est-il des normes et des éventuels risques sanitaires ?
  • Réponse du 04/04/2018
    • de DI ANTONIO Carlo

    Les avis s’accordent pour dire que la mise à mort des bovins par la technique du tir au pré augmente le bien-être des animaux abattus, par rapport à l’abattage classique au sein d’un abattoir. Cela évite d’abord le transport de l’animal, qui induit souvent un grand stress, et leur permet de rester sur le site de la ferme, dans un endroit connu où l’éleveur peut accompagner son animal jusqu’à la fin de son parcours. Cela réduit également le risque de blessure qui pourrait être occasionnée par le transport.

    Le respect des normes sanitaires impose des contraintes dans le but de garantir la sécurité des consommateurs. La présence d’un vétérinaire qui assure l’expertise ante-mortem est indispensable et une fois le bovin tué, il faut prendre en charge la suite des opérations dans des conditions sanitaires irréprochables pour la viande. Une attention doit aussi être apportée à la gestion des déchets tel le matériel à risque spécifique dans la cadre de la lutte contre la Boviene Spongiforme Encephalopathie (BSE).

    Une concertation entre le secteur et l’AFSCA est donc nécessaire pour permettre l’abattage des bovins à la ferme en Wallonie tout en garantissant le respect des exigences sanitaires et la traçabilité des produits.

    Il existerait deux possibilités :
    - soit la carcasse est transportée vers un abattoir fixe ce qui demande une réelle coordination avec l’abattoir ;
    - soit elle est prise en charge par une unité d’abattage mobile, ce qui nécessite de disposer de ce type d’unité mobile agréé par l’AFSCA. Cela n’existe pas encore en Wallonie.

    La réflexion sur ce type d’abattage est pour l’instant menée par Nature & Progrès, via la mission « Echangeons sur notre agriculture ». Cette mission vise à impliquer les agriculteurs et les consommateurs dans les perspectives d’avenir de l’agriculture wallonne.

    La constitution du groupe de travail multi-acteurs permettra de mettre en évidence les obstacles éventuels que l’on peut rencontrer sur le terrain. Il est prévu que ce groupe communique ses conclusions au Ministre de l’Agriculture et au Ministre du Bien-être animal.

    Les résultats de cette réflexion permettront d’avoir une vue globale du sujet pour initier les actions adéquates. En tout état de cause, le projet de Code wallon du Bien-être animal prévoit d’ores et déjà une habilitation spécifique pour que le Gouvernement puisse autoriser et encadrer cette pratique.