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La sensibilisation au dépistage du cancer colorectal

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 286 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 15/03/2018
    • de ONKELINX Alain
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative

    Alors que le cancer colorectal est une maladie guérissable dans 90 % des cas si elle est diagnostiquée à un stade précoce, elle est encore souvent diagnostiquée trop tard en Wallonie.

    C'est en effet ce que révèlent les derniers chiffres communiqués par la fédération liégeoise de cancérologie digestive. Ainsi, en Wallonie et à Bruxelles, seuls 14,6 % de la population à risque ont participé au dépistage gratuit qui leur est proposé par courrier. Et, parmi ceux-ci, seuls 60 % des personnes dont les résultats se sont révélés positifs ont poursuivi les examens avec une coloscopie.

    Or en Flandre 54,5 % de la population ciblée a participé au dépistage.

    Le cancer colorectal est le deuxième cancer le plus fréquent chez la femme et le troisième chez l'homme et on dénombre encore un taux de mortalité de 50 % dans notre pays, alors que, rappelons-le, la maladie se soigne dans 9 cas sur 10 si elle est prise à temps : la sensibilisation est primordiale.

    Madame la Ministre dispose-t-elle des mêmes chiffres ?

    Comment expliquer qu'une plus grande partie de la population participe au dépistage en Flandre ?

    Comment améliorer la campagne chez nous pour que les Wallons se fassent dépister ? Est-il par exemple envisagé d'envoyer directement le premier test chez l'ensemble des Wallons faisant partie de la population à risque ?
  • Réponse du 04/04/2018
    • de GREOLI Alda

    En Belgique, en 2015, 8 727 nouveaux cas de cancer colorectal ont été diagnostiqués.
    C’est le 2e type de cancer le plus diagnostiqué en Belgique après celui du poumon. Il représente le cancer digestif le plus fréquent et 13 % de tous les cancers en Belgique.
    Il est souvent diagnostiqué à un stade avancé et il est donc associé à une mortalité élevée. Avec plus de 10 %, c’est la deuxième cause de décès par cancer chez les hommes, après le cancer du poumon et la troisième cause de décès par cancer chez les femmes (12 %)

    L’incidence de ce cancer augmente nettement à partir de 50 ans et environ ¾ des cancers colorectaux se manifestent dans la population asymptomatique sans antécédents personnels ou familiaux.
    Environ la moitié des cancers colorectaux détectés en Belgique le sont à un stage avancé. O r, détecté à un stade précoce, le cancer colorectal se guérit dans 9 cas sur 10.

    Les experts du Conseil de l’Union européenne et du Centre Fédéral d’Expertise (KCE) ont recommandé d’offrir un dépistage du cancer colorectal aux personnes asymptomatiques et sans antécédents personnels ou familiaux entre 50 et 74 ans. En Wallonie, nous suivons cette recommandation. La population cible inclut donc les femmes et les hommes de 50 à 74 ans domiciliés en Région wallonne. Tandis qu’en Flandre, le dépistage vise la population entre 56 et 74 ans.

    En Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), le programme de dépistage du cancer colorectal a été mis en place début 2009. À l’époque, le seul test validé était un test au gaïac (test Hemoccult®). De plus, la FWB avait choisi de mettre le médecin généraliste au centre du processus. Force a été de constater que ces deux éléments n’ont pas permis d’atteindre rapidement un taux de participation optimal. Depuis 2016, la Région wallonne a généralisé l’utilisation d’un test immunologique et a ouvert progressivement l’accessibilité au kit de dépistage pour toute sa population, sans nécessairement devoir attendre un courrier d’invitation et/ou devoir se rendre chez le médecin généraliste. Depuis lors, le taux de participation augmente régulièrement tout en fonctionnant dans un budget serré. Au vu de ses qualités, la généralisation de l’utilisation du test immunologique est un élément décisif pour accroître l'efficacité du Programme, améliorer la participation et la fidélisation à ce dépistage.

    Chaque personne de cette population cible est invitée personnellement par courrier postal tous les 2 ans à participer au dépistage en réalisant le prélèvement de selles à domicile au moyen d’un kit de dépistage. Celui-ci peut être obtenu gratuitement via le site du Centre Communautaire de Référence pour le dépistage des cancers (CCR) ou à retirer auprès du médecin généraliste. Une partie de la population cible est déjà prise en charge en dehors du dépistage organisé (ex : coloscopie réalisée récemment, test de dépistage réalisé en laboratoire privé…). Ces personnes ne sont donc pas invitées temporairement. Cela représente entre 17 % et 20 % de la population cible.

    Les personnes ayant déjà participé au dépistage organisé reçoivent directement un nouveau kit de dépistage à leur domicile 2 ans après leur dernier dépistage si celui-ci était négatif. Cette procédure garantit une plus grande fidélisation au programme de dépistage du cancer colorectal, un plus grand respect de la périodicité entre deux dépistages et décharge le médecin généraliste de ce rappel. La participation à ce dépistage de rappel est encourageante puisqu’elle avoisine 48 %.

    Enfin, le CCR fait le suivi des dossiers des patients ayant eu un test FOBT positif : d’une part, pour s’assurer que le patient est bien pris en charge et, d’autre part, pour connaitre le taux de détection du dépistage.

    En 2017, en moyenne, 14,6 % de la population cible a participé au dépistage organisé. En tenant compte des 17 % à 20 % de la population suivie en dehors de ce dépistage organisé, c’est globalement plus de 30 % de la population cible qui était suivie en 2017 (et non pas uniquement 14,6 %).

    Plus de 75 % des patients ayant eu un test FOBT positif font une coloscopie dont le résultat est connu au CCR (pourcentage sous-évalué par manque d’exhaustivité).

    Enfin, concernant la question relative à l’envoi direct du test iFOBT à toute la population cible (qui concerne environs 360.000 personnes annuellement, après exclusion des personnes déjà suivies par coloscopie ou pour un traitement d’un cancer colorectal), il est à noter que suivant l’expérience de la Flandre qui applique cette méthode depuis fin 2013, 50 % des tests envoyés à la population cible reviennent pour analyse, dont +- 38 % directement et +- 12 % après un rappel. 50 % des tests ne sont donc pas utilisés.

    Tenant compte du coût d’achat du test iFOBT et de son « packaging », du coût de l’envoi postal des tests au domicile des personnes, du coût postal de 50 % des tests qui reviendront pour analyse, d’un renforcement de l’équipe administrative et du laboratoire, du coût postal pour l’envoi des résultats aux médecins et aux patients… un budget annuel supplémentaire estimé à environ 1.550.000 euros devrait être dégagé pour permettre de mettre en œuvre l’envoi direct du test iFOBT à toute la population cible sans passer par le médecin généraliste.
    Une analyse coûts-bénéfices plus approfondie est dès lors indispensable préalablement à toute décision de changement de procédure.

    Toutefois, depuis juin 2017, il est possible pour toute personne de la population cible de commander le kit de dépistage directement via le site Internet sans devoir attendre la lettre d’invitation. Ceci a permis d’augmenter rapidement la participation au dépistage, pour atteindre jusqu’à 24 % de participation fin 2017 dans certaines régions.

    En complément, une nouvelle campagne médiatique relative à ce dépistage est à l’étude actuellement.