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La prolifération du raton laveur en Wallonie

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 357 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 23/03/2018
    • de PREVOT Patrick
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    Les ratons laveurs sont en très forte expansion en Région wallonne. Si aucun chiffre officiel n’est communiqué, M. Etienne Branquart, expert des espèces invasives à l’administration wallonne, estime qu’ils pourraient être des centaines de milliers d’individus sur le territoire wallon.

    Ces espèces sont agiles, gourmandes et se reproduisent très vite, ce qui peut devenir problématique puisque ces animaux s’attaquent aux poules des citoyens ainsi qu’à certaines espèces que l’on tente de protéger tel que les œufs de cigognes noires.

    Monsieur le Ministre peut-il quantifier précisément le nombre de rongeurs masqués sur notre territoire ?

    Peut-il chiffrer le montant des dégâts causés par les ratons laveurs en Wallonie ?

    Des mesures sont-elles envisagées afin de réduire la population de ratons laveurs en Wallonie ? Dans l’affirmative, quelles sont-elles ?

    En parallèle, des mesures sont-elles prises afin de tenter de préserver les espèces protégées ainsi que les poules des citoyens menacées par les ratons laveurs ? Si oui, quelles sont-elles ?
  • Réponse du 19/04/2018
    • de COLLIN René

    Depuis les premières observations en 1986, le raton laveur - mammifère carnivore appartement à la famille des Procyonidés - a fortement étendu sa population sur le territoire wallon, à partir de son foyer allemand et est aujourd’hui bien représenté partout au sud du sillon Sambro-Mosan. Un front de colonisation progresse actuellement le long de la frontière française et est en passe de rejoindre prochainement la population issue d’Allemagne. Le Département de l’Étude du Milieu naturel et agricole de mon administration estime que le nombre de ratons laveurs vivant aujourd’hui en Wallonie se situe dans une fourchette comprise entre 30 000 et 80 000 individus.

    Comme déjà mentionné lors d’autres interventions, le raton laveur, surtout lorsqu’il est présent en forte densité, est source de nuisances pour l’homme : intrusion et dégâts dans les maisons ou granges, dommages aux poubelles, consommation de maïs, dégâts aux fruitiers, aux poulaillers… Au niveau de la biodiversité, il représente une menace potentielle pour certaines populations d’espèces indigènes, comme la moule perlière, la mulette épaisse, l’écrevisse à pieds rouges, l’alyte accoucheur, le sonneur à ventre jaune, la gélinotte des bois ou le tétras-lyre, dont les populations sont déjà menacées par ailleurs.

    Les dégâts socio-économiques imputés au raton laveur sont aujourd’hui limités à des nuisances ponctuelles et n’impactent pas significativement les secteurs économiques. Les impacts sur la biodiversité sont quant à eux difficilement chiffrables, mais, le coût des programmes de préservation d’espèces indigènes vulnérables pouvant atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros, il convient de prendre les mesures nécessaires pour que ces efforts financiers ne soient pas hypothéqués par la prédation des ratons laveurs.

    Deux grands types de mesures peuvent être mises en place pour diminuer l’impact du raton laveur. D’une part, il est important d’adopter des mesures de prévention visant à réduire la capacité d’accueil des milieux urbains pour cette espèce : éviter le nourrissage, utiliser des poubelles adaptées, colmater l’entrée des caves et greniers, utiliser des chatières autobloquantes, protéger les poulaillers, etc. Mon administration travaille actuellement à l’élaboration d’outils de communication en ce sens.

    D’autre part, les densités peuvent être réduites localement, via du piégeage intensif, pour limiter son impact sur les espèces vulnérables. Le Département de la Nature et des Forêts, en concertation avec le Département de l’Étude du Milieux naturel et agricole et le Département de la Ruralité et des Cours d’eau, prépare actuellement un projet ciblant les principales zones d’action. Les associations de chasseurs, ainsi que les conseils cynégétiques, seront associées à cette démarche, les chasseurs et les gardes particuliers étant en première ligne pour intervenir vis-à-vis de ce prédateur opportuniste.