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La pénurie de chênes en Wallonie

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 362 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 27/03/2018
    • de LEGASSE Dimitri
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    Le chêne wallon est une matière noble et précieuse, mais son prix est devenu un réel frein pour les scieries de feuillus wallonnes. Le prix du chêne a augmenté drastiquement en raison de la demande et plus de la moitié est exportée, notamment en Chine.

    Au risque de voir nos scieries fermer et le savoir-faire perdu, avec paradoxalement un carnet de commandes rempli. Je partage évidemment la vision d’une Wallonie prospère capable d’exporter à l’étranger, mais pas au détriment des producteurs locaux.

    Un décret wallon prévoit de leur réserver une partie des chênes abattus, mais cette quantité ne serait pas suffisante pour garantir leur survie.

    Monsieur le Ministre peut-il dresser un bilan de la situation du chêne wallon et des scieries de feuillus wallonnes ?

    Que répond-il à leur appel et à leur détresse face à la pénurie de chênes ?
  • Réponse du 19/04/2018
    • de COLLIN René

    Les scieries feuillues ne sont plus qu’une vingtaine en Région wallonne et celles-ci ont besoin d’environ 50.000 m³ de chênes par an. Les forêts publiques en vendent environ 100.000 m³ par an. Le problème n’est donc pas un manque de matière première, mais provient plutôt des prix actuels élevés qui empêchent certaines scieries d’acheter des bois. En effet, les exportateurs sont capables de proposer des prix beaucoup plus élevés (jusqu’à 100 %). En conséquence, ils remportent la plupart des lots.

    Le Département de la Nature et des Forêts (DNF), administration en charge de cette matière, a régulièrement l’occasion de discuter avec les scieurs locaux et les exploitants lors de différents groupes de travail. Ces échanges sont actuellement constructifs et ils s’orientent vers la recherche de solutions concrètes sur le long terme. Les principales pistes de réflexion évoquent l’amélioration de la confection des lots pour faciliter leur travail et pour s’assurer que les lots leur conviennent, la manière d’améliorer les ventes de bois à l’avenir, etc.

    La marque « Bois Local », mise en place par l’Office économique wallon du Bois (OEWB), vise également à encourager l’utilisation de bois wallon.

    Un Groupe de Travail « Chênes » a été mis en place par le DNF afin de réfléchir à la meilleure manière de mobiliser le chêne. Les discussions sont toujours en cours.

    À l’heure actuelle, il faut constater que nous sommes dans un contexte où les ventes de bois doivent s’organiser en majorité par adjudication publique. Les procédures de ventes de bois sont donc très codifiées.

    L’arrêté du Gouvernement wallon du 15 mai 2014 permet en effet aux propriétaires publics de forêts de vendre leur bois feuillu dans le cadre de contrats de gré à gré, en dérogation à l’obligation de passer par une adjudication publique. Plus de 4.000 m³ de chêne sont vendus de telle sorte chaque année en Wallonie. Ce n’est malheureusement pas encore assez, mais c’est une solution à laquelle mon administration travaille. Le 12 mars, j’ai donné instruction à mon administration de mettre en vente de gré à gré au profit des scieries wallonnes, pour l’exercice 2019, vente en 2018, la totalité des chênes de plus de 120 centimètres de qualité de sciage des forêts domaniales prévus à la vente. L’exemple doit bien sûr venir des forêts domaniales.

    En outre, les communes ont été approchées par le Département de la Nature et des Forêts et sensibilisées par l’Office économique wallon du bois. Mais il sera demandé aux chefs de cantonnement d’aller vers les communes pour leur demander d’orienter une partie de leurs bois vers le gré à gré.

    L’implication des villes et communes, qui possèdent plus de 70 % des forêts publiques, est absolument indispensable pour atteindre l’objectif visé et conserver une activité et une main d’œuvre locales.

    J’ai également demandé à mon administration de se concerter avec l’OEWB pour dégager des mesures sur le long terme, ceci afin d’aider les scieries feuillues wallonnes.