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La favorisation des lieux d'abattage de proximité

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 364 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 27/03/2018
    • de MORREALE Christie
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    Depuis plusieurs mois, l’ASBL Nature et Progrès se penche sur la question de l’abattage à la ferme. Cette réflexion prend aujourd’hui un écho particulier suite au scandale Veviba.

    La fraude découverte au sein de cette entreprise, géant de l’agroalimentaire, soulève de nombreuses questions sur le secteur de la viande. En effet, le groupe Verbist, propriétaire de Veviba, représente 30 % du marché belge de la viande. La fraude a donc des retombées sur une part importante des éleveurs et des consommateurs du pays.

    Les structures actives dans la filière viande ont eu tendance, ces dernières années, à se concentrer. En une trentaine d’années, la Wallonie a perdu la moitié de ses abattoirs. Il en reste actuellement une trentaine, dont certains sont spécialisés dans une ou deux espèces animales. Le manque de lieux d’abattage est criant, notamment pour les volailles, les porcs et les ovins. Un phénomène similaire s’observe pour les ateliers de transformation de la viande (actuellement une trentaine en Wallonie) et les boucheries (actuellement 1 000, environ, en Wallonie).

    Or, si la concentration permet des économies d’échelle, elle entraine d’autres contraintes. En effet, les grandes structures sont également plus difficiles à contrôler. Dans ce cadre, l'ASBL Nature et Progrès défend l’idée de développer des petits abattoirs de proximité et d’autoriser, de nouveau, l’abattage à la ferme. Ils défendent également la scission de l’AFSCA en deux branches : une consacrée à l’industrie agroalimentaire avec des normes spécifiques et une de production artisanale. Plusieurs recommandations ont donc été formulées par le mouvement.

    Ces pistes de solution sont-elles à l’analyse actuellement ?

    Devant ce nouveau scandale alimentaire qui va frapper les producteurs en premier plan, comment la Wallonie entend-elle apporter des réponses adaptées ?
  • Réponse du 19/04/2018
    • de COLLIN René

    Je suis favorable à la diversité dans la taille et une répartition géographique des abattoirs dès lors que cela permet de répondre aux attentes des éleveurs. Dans ce contexte, la mise en place de conditions favorisant l’abattage à la ferme et le développement de petits abattoirs de proximité peut représenter une contribution positive.

    La réflexion sur ce type d’abattage est en effet menée par Nature & Progrès dans le cadre d’une subvention que je lui ai attribuée dans sa mission « Échangeons sur notre agriculture ». La constitution d’un groupe de travail multiacteurs est en cours et permettra de mettre en évidence les obstacles éventuels que l’on peut rencontrer sur le terrain. Il est prévu que ce groupe me communique ses conclusions ainsi qu’à mon Collègue en charge du Bien-être animal. Les propositions de ce groupe de travail pourront ensuite mener à des réponses adaptées de la Wallonie aux problèmes rencontrés par les opérateurs du secteur de la viande.

    Nous savons déjà que le respect des règles sanitaires, qui est un impératif, représente certainement un obstacle à surmonter pour mettre en place l’abattage à la ferme dans de bonnes conditions. Les normes sanitaires fédérales imposent certaines contraintes dans le but de garantir la sécurité des consommateurs. Une concertation avec l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne alimentaire (AFSCA) devra donc avoir lieu le cas échéant une fois que le projet aura été validé.

    À côté du respect des règles sanitaires qui sont essentielles dans un souci de santé publique, les contraintes sont nombreuses autour de l’abattage des animaux. On peut citer les contraintes liées au transport des animaux et à la logistique autour des abattoirs ; ou encore la gestion des déchets et des eaux entraînant la construction d’une station d’épuration ; il faut également prévoir le refroidissement et le stockage des carcasses qui sont des opérations gourmandes en énergie ; enfin, la disponibilité et la formation de la main-d’œuvre sont cruciales dans un secteur où les métiers de boucherie sont en pénurie. Ces contraintes pèsent lourdement sur la rentabilité des opérations et il faut tenir compte d’une baisse constante de la consommation de viande qui ne favorise pas cette filière.

    Pour soutenir un réseau de petits abattoirs accessibles à un grand nombre de producteurs ou à des particuliers, nous disposons de deux mesures :
    - l’aide régionale aux abattoirs publics ;
    - l’aide régionale aux halls-relais agricoles, qui a permis la mise en place de deux salles de découpe jusqu’à présent (AgricoVert et Poulet de Gibecq) et pour laquelle deux autres projets devraient prochainement voir le jour (AgriNew et un abattoir de volailles dans la région namuroise).