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Les taux élevés de mortalité en Wallonie et l’adaptation des politiques publiques

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 306 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 28/03/2018
    • de DURENNE Véronique
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative

    Le Vif s’est dernièrement fait porteur de la nouvelle publication de l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) concernant les taux de mortalité en Belgique : "Le Wallon est, en moyenne, bien plus menacé que le Flamand et le Bruxellois." C’est ainsi que le Vif entame son article, pas de quoi rassurer nos concitoyens.

    L’analyse tend à montrer que la surmortalité wallonne est structurelle depuis l’après-guerre et peut s’expliquer via la situation socio-économique des individus. C’est ainsi que le Hainaut, le sud de la Province de Namur ont ainsi des taux plus élevés encore.

    On remarque que des éléments comme "la fréquence des visites médicales, la qualité du logement, du cadre de vie et de l’alimentation d’un ménage qui sont largement liées à ses moyens financiers et au niveau d’éducation" jouent un rôle important dans le cas qui nous préoccupe.

    Le Vif, dans son enquête, avance également l’élément culturel  : " Seuls 32,8 % des Bruxellois et 38,5 % des Wallons disposent par exemple d’un dossier médical global, contre 64,3 % en Flandre.". Est aussi pointée "une approche davantage axée sur la santé publique et la prévention de la part du corps médical au nord du pays". Nous ne pouvons que regretter cette vérité et c’est là-dessus qu’il faut travailler.

    L’une des solutions réside dans l’augmentation de l’investissement - au sens large - dans des politiques de préventions et de promotion de la santé.

    Je pense qu’il faut être davantage englobant et ambitieux sur la question, ainsi que je le signifiais déjà à votre prédécesseur.

    Madame la Ministre peut-elle me dire dans quelle mesure les 350 actions seront de nature à diminuer ce taux de mortalité structurelle  ?

    Car c’est bien de cela qu’il s’agit : briser un cercle vicieux qui fait que les mauvaises conditions de santé se répercutent sur les générations suivantes et ainsi de suite.

    Ce Plan sera-t-il "détaché" ou a-t-il vocation a été intégré dans des politiques aussi vastes que l’éducation, la politique du logement, etc.  ?
  • Réponse du 17/04/2018
    • de GREOLI Alda

    La surmortalité en Wallonie n'est pas un phénomène nouveau, comme le sait sans doute l'honorable, cela fait des années que les observatoires provinciaux et l'Observatoire wallon nous fournissent ces chiffres. L’étude de l’IWEPS et son impact médiatique sont l’occasion de refaire le point sur l’importance du contexte socio-économique sur la santé des Wallons. Lorsque l’on regarde les chiffres en Flandre, même si le taux de mortalité est plus faible, il y a aussi des écarts très significatifs entre des sous-régions. Autrement, on a l’impression que l’on oppose les Wallons aux Flamands. Or, c’est une question de déterminants économiques et sociaux. Les problèmes soulevés relèvent essentiellement de la situation générale dans laquelle vivent les Wallons, et cela se marque plus particulièrement dans certaines provinces, dont le Hainaut.

    Les maladies cardiovasculaires, les cancers et les maladies respiratoires chroniques sont partout responsables de trois quarts des décès environ. Les principaux déterminants sont communs à ces trois types de pathologies. Ils sont bien connus et sont modifiables. Il s’agit du tabac, de l’alimentation et de l’activité physique. L’opérationnalisation de la promotion de la santé en Wallonie fait la part belle aux actions dans ce domaine.

    Toutefois, pour que les actions sur ces principaux déterminants soient efficaces, il faut comprendre que l’effet des inégalités sociales se marque très tôt et continue d’hypothéquer la santé des populations défavorisées, tout au long de leur vie. Ces populations coexistent dans un environnement matériel et dans un contexte financier et socioculturel qui rendent difficile le maintien d’une bonne santé.

    Il est, par conséquent, nécessaire évidemment, d’agir sur l’ensemble des déterminants de
    Santé et d’accorder une attention particulière aux mécanismes qui sont en œuvre au-delà de la simple recommandation 0-5-30 (0 cigarette, 5 fruits et légumes et 30 minutes d’activité physique par jour). Les mesures qui doivent être prises dépassent largement le domaine de la santé stricto sensu. Elles dépendent de divers facteurs qui se renforcent mutuellement : les conditions socio-économiques, le taux et la qualité de l’emploi, la qualité de l’habitat et de l’environnement en général, le niveau d’éducation, les aptitudes individuelles, les ressources sociales…

    À lui seul, le secteur de la promotion de la santé ne pourra infléchir les inégalités de mortalité constatée par les chiffres. Au-delà de l’action sur les principaux déterminants (tabac, alimentation, activité physique), une des voies à privilégier réside sans nul doute dans la notion de « La santé dans toutes les politiques – Health in All Policies - HIaP ».

    La santé dans toutes les politiques est une approche intersectorielle des politiques publiques qui tient compte systématiquement des conséquences sanitaires des décisions, qui recherche des synergies et qui évite les conséquences néfastes pour la santé afin d’améliorer la santé de la population et l’équitéé́ en santé. Ce principe est un des principes transversaux repris dans la première partie du plan de promotion proposé l’année dernière par mon prédécesseur et validée par le gouvernement. Ce plan comprend d’ailleurs aussi un objectif transversal de réduction des inégalités sociales de santé.

    L’opérationnalisation du plan et le décret qui stabilisera les acteurs de ce secteur sont donc basés sur ces principes, notamment.

    Concernant l’intégration du plan de promotion de la santé avec les autres politiqu, non seulement des contacts sont pris entre mon équipe et le cabinet de mon collègue en charge de l’environnement pour que les actions qui relèvent à la fois de la santé et de l’environnement puissent converger, mais par ailleurs, la Fédération Wallonie Bruxelles est associée depuis le début dans l’opérationnalisation de ce plan.