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La possible sortie des Etats-Unis de l’accord nucléaire iranien et son impact sur les relations économiques entre la Wallonie et l’Iran

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 384 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 28/03/2018
    • de LAMBELIN Anne
    • à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l'Economie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation

    Le 14 juillet 2015, l'accord nucléaire était conclu entre l'Iran et le Groupe des six (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie). Cet accord encadre et restreint les activités nucléaires de Téhéran en échange d'une levée des sanctions économiques mises en place jusque-là envers le pays. Il prévoit, entre autres, l'ouverture de différents sites nucléaires aux inspections internationales. Cet accord représente une victoire historique pour les pays de l'UE dans le cadre de la non-prolifération nucléaire, et de l'instauration de relations pacifiques mondiales.

    Depuis la signature de cet accord, la Région wallonne, au travers de l'AWEx, a participé à plusieurs missions économiques en Iran et y a développé des relations commerciales et financières intéressantes.

    Cependant, cet accord est actuellement en danger. En effet, Donald Trump a pris la décision de limoger son Secrétaire d'État, Rex Tillerson, favorable au maintien de cet accord historique, le remplaçant par Mike Pompeo, connu pour ses positions beaucoup plus fermes quant aux relations américaines envers la République islamique.

    De plus, le président américain souhaite une modification du texte, prônant l'augmentation du nombre d'inspections internationales, et la fin des limitations dans le temps des restrictions. Il doit annoncer le 12 mai si les États-Unis sortiront de l'accord et rétabliront le régime des sanctions. L'Iran ne souhaite pas la modification de cet accord et prévient que le pays pourrait reprendre ses activités d'enrichissement d'uranium si l'accord était abandonné.

    Comment évoluera la stratégie commerciale wallonne (et donc de l'AWEx) en cas de sortie des États-Unis de l'accord ?

    Des missions économiques étaient-elles prévues en Iran dans les mois à venir ?
    Si oui, seront-elles maintenues ?

    Quelle est la vision du Gouvernement sur l'avenir des relations économiques entre la Wallonie et l'Iran dans ce contexte politique ?
  • Réponse du 18/04/2018
    • de JEHOLET Pierre-Yves

    La stratégie mise en œuvre par la Wallonie dans le dossier iranien a été dictée par notre volonté de soutenir au mieux nos entreprises et opérateurs économiques tout en étant en parfaite adéquation avec la position politique de la Belgique et de la Communauté internationale.

    C’est ainsi que l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (AWEx) a adopté une attitude particulièrement prudente pendant toute la période de sanctions économiques, puis a, au travers de ses contacts informels, tenté d’anticiper au mieux la levée de celles-ci.

    De cette manière, dès la levée officielle des sanctions internationales, la Wallonie a pu organiser très rapidement plusieurs activités économiques au profit des entreprises : participation à des foires et salons à Téhéran et organisation de deux missions économiques en Iran. Toutes ces activités ont permis à de très nombreuses sociétés wallonnes de découvrir ou de redécouvrir le marché iranien, un marché offrant indiscutablement un potentiel important.

    Cette stratégie de redéploiement a, en outre, été renforcée par l’entrée en poste, en novembre dernier, d’un attaché économique et commercial à Téhéran.

    En termes d’échanges, les exportations wallonnes ont sensiblement augmenté en 2016 (+ 53,5 % par rapport à 2015), faisant passer l’Iran de la 75e à la 68e place dans le classement de nos principaux clients.

    Néanmoins, on ne peut nier que l’Iran demeure un marché complexe et qu’il subsiste encore des difficultés, notamment bancaires, qu’il convient d’appréhender au mieux si l’on veut réussir sa prospection commerciale.

    C’est pourquoi, après avoir organisé deux missions économiques multisectorielles, des missions auxquelles ont participé de nombreuses entreprises wallonnes (38 en 2016 et 15 en 2017), l’AWEx a privilégié une approche plus sectorielle.

    Concrètement, elle a notamment soutenu et encadré une mission d’entreprises conduite par l’Union wallonne des entreprises et focalisée sur le verre et la sidérurgie. Elle a, en outre, très récemment permis à plusieurs entreprises wallonnes de rencontrer le Ministre iranien de la Santé dans le but d’envisager la mise en place de nouveaux partenariats économiques. Ces activités ont rencontré un réel succès.

    En considérant le nombre élevé de missions déjà réalisées, l’AWEx n’a pas prévu d’organiser de nouvelles missions en Iran dans un avenir immédiat.

    Cette attitude nous permet en outre de suivre au mieux l’évolution du dossier iranien. À cet égard, il va de soi que la Wallonie va continuer à rester en phase avec la position de la Belgique et à s’inscrire dans le cadre de la politique qui sera définie par l’Union européenne.

    Dans l’hypothèse où les États-Unis devraient effectivement adopter une attitude particulièrement stricte à l’égard de l’Iran, l’AWEx sera particulièrement attentive aux éventuelles répercussions pour les entreprises wallonnes ayant un lien direct avec les États-Unis et/ou commercialisant des produits ou composants d’origine nord-américaine. Le cas échéant, elle veillera à informer au mieux les entreprises wallonnes au sujet de ce que l’on appelle communément le risque de sanctions américaines.

    Enfin, si l’Union européenne devait décider de modifier sa position à l’égard de l’Iran, il va de soi que la Wallonie s’inscrirait totalement dans la nouvelle politique qui serait définie par l’Union européenne.