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La sensibilisation au dépistage du cancer de la peau

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 319 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 04/04/2018
    • de ONKELINX Alain
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative

    Du 14 au 18 mai prochain, une campagne de prévention du cancer de la peau permettra au public de se rendre chez un des 150 dermatologues participants pour un dépistage gratuit.

    Le cancer de la peau est non seulement le cancer le plus répandu en Europe, mais également celui qui affiche la progression la plus rapide. Toutefois, il est aussi le plus facile à soigner pour autant qu'il soit diagnostiqué et traité suffisamment tôt.

    En Belgique, il y aurait 37 000 nouveaux cas par an, chiffre considérable par rapport aux 67 000 autres cancers diagnostiqués chaque année.

    Les dermatologues n'hésitent d'ailleurs pas à utiliser le terme d'épidémie en parlant du cancer de la peau.

    Dans ce contexte, Madame la Ministre dispose-t-elle d'éléments nous permettant de connaître le taux de dépistage du cancer de la peau en Wallonie ? D'autres initiatives sont-elles mises en place afin d'augmenter ce taux ? Enfin, dispose-t-elle de chiffres concernant cette maladie et son évolution en Wallonie ?
  • Réponse du 19/04/2018
    • de GREOLI Alda

    L’augmentation des cas de cancer de la peau est une réelle préoccupation de santé publique, certainement en Belgique. Il convient, d’abord, de rappeler quelques définitions relatives aux différents cancers de la peau et à ses principaux facteurs de risque, ensuite, de répondre quant aux données relevées en Région Wallonne et aux mesures de préventions nécessaires.

    Comme nous l’explique la Fondation contre le Cancer, on distingue généralement trois types de cancer de la peau. Le carcinome basocellulaire est le cancer de la peau le plus fréquent, mais le moins agressif. La maladie se développe au départ des cellules basales de l'épiderme. Environ 75 % des cancers de la peau sont des carcinomes basocellulaires. Le carcinome basocellulaire se développe uniquement localement. Avec un traitement adéquat, les chances de guérison sont voisines de 100 %. Au moment du diagnostic, 95 % de tous les patients présentant un carcinome basocellulaire ont dépassé l'âge de 40 ans. L'âge moyen au moment du diagnostic est actuellement de 60 ans. Ensuite, le carcinome épithélial (spinocellulaire) se développe aussi au départ de l'épiderme. Contrairement au précédent, le carcinome épithélial peut envahir d'autres parties du corps (métastases). Avec un traitement adéquat, le pourcentage de guérison se situe aux environs de 90 %. Le carcinome spinocellulaire représente environ 15 % des cancers de la peau. Et enfin, le mélanome est le cancer de la peau le plus dangereux. Il se développe à partir des cellules pigmentées de l'épiderme et peut envahir très rapidement d'autres organes (métastases). Chaque année, en Belgique, environ 300 personnes décèdent suite à un mélanome. Un diagnostic et un traitement précoces augmentent les chances de guérison. Le mélanome est de plus en plus fréquent. Sa fréquence augmente également chez les jeunes. Il peut atteindre les gens à n'importe quel âge, contrairement aux autres types de cancers de la peau qui touchent plutôt les personnes plus âgées.

    Les causes du cancer de la peau peuvent être héréditaires, liées à la présence de naevi dysplasiques, mais aussi et surtout liées une exposition excessive aux ultraviolets (UV). L’incidence élevée du mélanome ces dernières années peut d’ailleurs être mis en corrélation avec la mode du bronzage. On sait depuis longtemps qu'une exposition excessive aux rayons ultraviolets (UV) du soleil ou des lampes à ultraviolets constitue une des causes principales du cancer de la peau.

    En ce qui concerne les données chiffrées, voici celles qui sont extraites de la Fondation Registre du Cancer. Le nombre de cancers de la peau dépistés en Belgique, en 2015, est de 34 558 pour les cancers non mélanomes et de 2 828 pour les mélanomes. En Wallonie, en 2015, ce sont 8 225 cancers de la peau non mélanomes et 886 mélanomes qui ont été diagnostiqués. Les taux de survie de ces cancers sont proches des 100 %. En 2014, en Wallonie, 94 décès ont été causés par un cancer de la peau, par mélanome. Ce qui représente 0,24 % des décès en Wallonie cette année-là.

    Les chiffres montrent donc que si l’incidence du mélanome est importante en Wallonie, le nombre de décès n’est toutefois pas alarmant. Ceci s’explique bien sûr principalement par les méthodes de traitement du cancer de plus en plus efficaces, mais aussi par la sensibilisation du grand public à l’importance d’une détection précoce. La prise de conscience du grand public semble en effet être augmentée si on en croit le témoignage des dermatologues : « Alors qu’il y a 15 ans, environ 1 patient sur 25 me demandait de contrôler des taches suspectes sur sa peau, nous en sommes aujourd’hui à 1 patient sur 3. »

    Néanmoins, si les campagnes et les semaines de sensibilisations existent depuis plusieurs années en Wallonie, on ne constate pas de véritable changement dans les comportements de la population en termes de limitation aux expositions à risque. La prévention primaire voudrait en effet que le développement du cancer cutané soit limité et cela passerait principalement par un changement de comportements face à l’exposition aux UV.

    La Wallonie ne mène pas actuellement de campagne relative à cette prévention primaire, mais le prochain Plan de Prévention et de Promotion de la santé contient des propositions qui visent, notamment, à limiter l’exposition aux facteurs cancérigènes environnementaux, dont l’exposition aux rayonnements UV.

    Par ailleurs, le Conseil Supérieur de la Santé recommande dans son avis du 26 juin 2017 la suppression progressive des bancs solaires. Cela contribuerait très concrètement à la diminution du nombre de cancers de la peau, d’autant plus qu’en comparaison avec d’autres pays européens, le banc solaire est très largement utilisé en Belgique. En 2015, 14 % de la population belge a eu recours au banc solaire.

    Cette mesure clé de santé publique appartient au fédéral, via le SPF Économie (sécurité des produits et des services) qui gère les conditions d’exploitations de centres de bronzage et la législation qui l’accompagne, comme l’interdiction de bancs solaires pour les moins de 18 ans. Ce même SPF a édité une brochure « Pour un bronzage sage » qui émet quelques recommandations pour un usage raisonné de l’utilisation des solariums.